Un « fer de lance » à pointe émoussée ?

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La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN qui vient de se tenir à Bruxelles est devenue, selon certains commentateurs, un « brainstorming » pour élaborer les mesures à opposer à la prétendue menace venant de l’Est sur fond de crise ukrainienne.

Les journalistes citent un fonctionnaire de l’alliance qui a requis l’anonymat : « La Russie nous a donné matière à travailler énergiquement ».

Sur cette toile de fond, l’adoption par les participants à la réunion ministérielle d'un plan d’action « réactivité », plan approuvé pendant le sommet de l’OTAN au pays de Galles en septembre 2014, paraît tout à fait prévisible. Comme l’a annoncé le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, ce plan prévoit notamment de créer une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) sur la base de la Force de réaction de l’OTAN. Cette formation constitue « une réponse efficace à l’intensification des activités militaires de la Russie », lit-on dans le communiqué final de la réunion. Quant à l’intensification des activités militaires de l’alliance elle-même le long des frontières russes, les auteurs du communiqué ne considèrent pas ce fait comme digne de discussion.

On sait déjà que le rôle principal dans la future VJTF est réservé à l’Allemagne. La nouvelle force sera mise en place à partir du corps d’armée germano-néerlandais stationné à Münster. Certains experts doutent quand même de l’efficacité de la future formation. « La nouvelle structure n’est pas viable sur le plan politique ni sur le plan militaire », a notamment fait ressortir le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung. Premièrement, l’Allemagne a toujours été réservée sur sa participation aux coalitions militaires, et elle peut à tout moment y renoncer. Deuxièmement, l’utilisation de l’armée allemande dans des missions à l’étranger nécessite le consentement du Bundestag mais les députés ne pourront vraisemblablement pas adopter un document dans ce sens durant les trois à cinq jours qui suffisent pour déployer la VJTF.

Alexandre Khramtchikhine, directeur adjoint de l’Institut d’analyse politique et militare, est lui aussi sceptique.

« L’Allemagne était considérée comme ayant l’armée la plus puissante en Europe sans compter les armes nucléaires de la Grande-Bretagne et de la France. Toutefois, il est évident que ces derniers temps la situation a changé. L’essentiel, ce n’est même pas la quantité de matériel qui a fortement diminué, c’est le fait que le pays n’est pas prêt à combattre. Le pacifisme a frappé l’Allemagne plus que tout autre pays européen. C’est pourquoi, il lui faut tout simplement rehausser son prestige. »

Ironisant sur le nom « Fer de lance » donné à la future force à très haut niveau de préparation, le Neue Zürcher Zeitung a publié un commentaire intitulé « Fer de lance émoussé » . Quoi qu’il en soit, selon le représentant permanent de la Russie auprès de l’OTAN Alexandre Grouchko, l’allliance se sert activement de la crise ukrainienne en tant que base idéologique de sa propre réanimation, de son utilité dans les nouvelles conditions et de l’augmentation de ses dépenses militares. La Russie prendra évidemment des contre-mesures adéquates, a averti le diplomate. En effet, un fer de lance émoussé pourrait être aiguisé si nécessaire.

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