Résolution adoptée par l’Assemblée nationale: un premier pas vers la reconnaissance de la Palestine?

Résolution adoptée par l’Assemblée nationale: un premier pas vers la reconnaissance de la Palestine?
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La résolution invitant le gouvernement français à reconnaître l’Etat palestinien a été largement approuvée par l’Assemblée nationale mardi, à 339 votes pour et 151 contre. Un vote non contraignant mais symbolique, il représente un message clair : les Français jugent nécessaire de mettre fin au conflit israélo-palestinien ce qui ne serait possible à ce stade que par l’entremise de la communauté internationale.

Peu avant le vote à l’Assemblée nationale, ministre des Affaires étrangères et du Développement international Laurent Fabius, a indiqué la nécessité de l’organisation d’une conférence internationale avec la participation à la fois de l'Union européenne, de la Ligue arabe, des membres permanents du Conseil de Sécurité, dont les Etats-Unis, afin de faire un apport dans le règlement définitif du conflit, alors qu’il n’y a visiblement aucune chance que la Palestine et l’Israël y parviennent seuls. Dans cette démarche, la France, aux yeux de L. Fabius, « est disposée à prendre l’initiative ». Par ailleurs, la France est déjà le quatrième pays européen après la Suède, la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Espagne à réfléchir sérieusement ces derniers temps sur la nécessité de la reconnaissance de l’Etat palestinien. La Suède est la première parmi eux à le reconnaitre officiellement.

Pour le moment, la Palestine est reconnue par 134 pays dont la Russie. La plupart des pays de l’UE ainsi que les Etats-Unis ne l’ont pas fait, ce qui empêche la Palestine, entre autres, de devenir membre à part entière de l’ONU. Les négociations entre la Palestine et l’Israël sont au point mort depuis l'échec de la médiation américaine au printemps dernier.

Richard Labévière, journaliste et essayiste français, rédacteur en chef de la revue de l'Institut des hautes études de défense nationale «Défense», a aimablement consenti à commenter sur le résultat du vote à l’Assemblée Nationale, le vote qui a relancé en Europe le débat sur la nécessité de la reconnaissance de la Palestine et du règlement tant souhaité dans le monde du conflit.

Richard Labévière. « Cette posture du parlement français n’est pas négative et ne peut pas nuire à une revendication qui date depuis 1948. En soi, c’est plutôt une bonne nouvelle, sauf qu’elle est tardive. Elle reste, dans le cas français, un simple signal de bonne volonté mais en aucun cas elle n’est reconnue comme une position officielle du pouvoir exécutif et de la diplomatie française. Pour éviter d’avoir à reconnaître officiellement l’Etat palestinien, la diplomatie française actuelle renvoie cette reconnaissance officielle aux calendes grecques en proposant une énième conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien qui perdure, qui est traité par la médiation américaine d’une façon très déséquilibrée sinon lamentable depuis des décennies. Cette position du parlement français est plutôt positive mais elle n’est pas conclusive. Ce qui peut être conclusif, c’est une situation à laquelle nous n’arriverons jamais, c’est une reconnaissance des 28 membres de l’UE et surtout une nouvelle prise de position compacte de l’ONU. Je vous rappelle que depuis la fondation d’Israël plus de 450 résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale, de la Commission des droits de l’homme de l’ONU ont été votées et adoptées, et que pas une de ces résolutions concernant l’occupation militaire israélienne, la colonisation israélienne n’a été mise en application.

Maintenant le problème est que cette décision du parlement français n’indique pas une position ferme du pouvoir exécutif de la République.

LVdlR. Il y a quelques jours L. Fabius a déclaré que la France voulait créer les conditions d’un effort collectif international en faveur de la paix. La France souhaite-elle se charger de guider le processus d’instauration de la paix au Proche-Orient ?

R.L. Vous savez, ce discours de créer des conditions positives pour relancer un processus de paix, c’est toujours le même blabla diplomatique. On est toujours à la recherche des conditions dont on connait très bien les données techniques qui sont sur la table depuis juillet 2000, depuis la conférence de Camp David II, c’est l’évacuation israélienne de Cisjordanie, le partage de Jérusalem comme capitale des deux Etats. Rien de nouveau. On va relancer l’examen de conditions pour la énième fois. Il faudrait que les USA et les pays européens arrivent à tordre le bras à la partie israélienne pour reconnaitre enfin la nécessité de la création d’un Etat palestinien. Or chaque jour, la partie israélienne ne cesse de construire des colonies, des logements vides sur les lignes des collines de Cisjordanie, des territoires palestiniens occupés, pour rendre à terme la création de cet Etat impossible. Le discours de Laurent Fabius on l’a entendu des centaines de fois. A la longue, ce blabla diplomatique cautionne la politique meurtrière de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qu’Israël commet depuis des décennies contre la Palestine. Franchement, on attendrait de la part des exécutifs européens sinon français et de leurs diplomaties un peu plus de courage et de détermination.

LVdlR. Il y a quand même beaucoup de sceptiques quant à l’utilité d’une telle résolution. Les députés eux n’ont pas été unanimes sur la nécessité de la reconnaissance de la Palestine. Sarkozy a appelé l’UMP à voter contre la résolution. Pourriez-vous commenter sur la position du parti d’opposition ?

R.L. Il y a des partisans d’un Etat palestinien aussi bien dans l’UMP que dans le parti socialiste. Le clivage est transversal et il divise à la fois la droite et la gauche. On ne peut pas dire aujourd’hui que la gauche française serait en faveur d’un Etat palestinien comme l’opposition de droite serait contre. Il faudrait un minimum de courage et de rationalité. La communauté internationale a fait l’analyse et l’examen de la situation depuis très longtemps pour aujourd’hui entrer dans le vif du sujet et certainement réorganiser une conférence régionale globale qui mette l’Israël au pied du mur. Il s’agit encore une fois d’avoir un peu plus de courage et de rigueur politique. »

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