L'Irlande accuse l'armée britannique de tortures

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Le fantôme des émeutes sanglantes d'Ulster ressurgit en Europe: la République d'Irlande a demandé à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de reconnaître Londres coupable de torture sur les membres du groupe rebelle Armée républicaine irlandaise (IRA) au début des années 1970, écrit vendredi 5 décembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le fantôme des émeutes sanglantes d'Ulster ressurgit en Europe: la République d'Irlande a demandé à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de reconnaître Londres coupable de torture sur les membres du groupe rebelle Armée républicaine irlandaise (IRA) au début des années 1970, écrit vendredi 5 décembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

En 1978, la justice avait déjà examiné les témoignages de 14 détenus, soulignant qu'ils avaient été humiliés. Mais de nouvelles informations tirées des archives révèlent qu'il s'agissait bien de tortures. L'Angleterre et l'Irlande vont sûrement engager un véritable duel verbal lors des audiences.

La situation actuelle en Irlande du Nord est tout sauf paisible mais, au moins, les affrontements sanglants et les attentats sont devenus très rares après l'accord de paix signé par le gouvernement britannique de Tony Blair avec l'IRA et son aile politique à la fin des années 1990.

De manière inattendue, les troubles dans cette région du Royaume-Uni refont tout de même parler d'eux: le gouvernement de l'Irlande, qui comme la Grande-Bretagne fait partie de l'Union européenne, a demandé à la CEDH de réexaminer l'affaire sur les 14 membres de l'IRA arrêtés en 1971, quand en espérant mettre un terme à la violence Londres avait interné les suspects sans l'aval du tribunal.

Les militants appréhendés avaient été amenés dans une base militaire secrète et subi des tortures – bruits assourdissants, violences, privation de sommeil, écrit le quotidien britannique The Independent. Ils étaient également privés de nourriture, d'eau et obligés de rester dans une position très inconfortable devant un mur.

Les détenus avaient également traversé des épreuves avant l'arrivée à la base: ils ont été transportés par hélicoptère un sac sur la tête, puis jetés au sol. Selon les témoignages, avant de les jeter au sol on leur disait qu'ils se trouvaient à plusieurs dizaines de mètres de la terre ferme.

Trois ans plus tard, les autorités britanniques ont versé aux victimes 12 500 livres d'indemnités et la CEDH a blâmé Londres pour traitement humiliant de détenus. Cependant, le verdict a omis les tortures. De nouveaux documents déclassifiés ont été rendus publics, qui dévoilent qu'à l'époque la Grande-Bretagne reconnaissait de facto que les méthodes utilisées à l'encontre des 14 détenus étaient comparables à de la torture.

Tout cela est remonté à la surface grâce à l'enquête menée par la chaîne irlandaise RTE. Le ministre irlandais des Affaires étrangères Charlie Flanagan a déclaré: "En s'appuyant sur les nouvelles informations, nous prouverons que le mauvais traitement d'individus avec des sacs sur la tête équivaut à de la torture".

Patrick Corrigan, directeur de programme pour Amnesty international en Irlande du Nord, a annoncé que le Royaume-Uni devait "assumer la responsabilité des actes commis à l'encontre de ces individus".

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