Retour de Donetsk. Thèses et photos

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Prise entre une Ukraine plongée dans ses délires nationo-européistes russophobes et ses propres incertitudes étatiques dont la Russie elle-même, soucieuse du sort des populations russophones du Donbass et assumant sa reconnaissance non-officielle mais tacite des élections, ne saurait faire abstraction, la République de Novorossia a encore bien des défis à relever.

J’ai eu la chance, et oui, l’immense chance de passer cinq jours à Donetsk. J’aurais aimé y passer bien plus de temps, j’aurais aimé y retourner. Mais le poids des circonstances m’en empêche. Du moins pour le moment. Ce que j’ai pu y voir était loin des comptes rendus de Pierre Sautreuil ou d’Anne Nivat, sauf mon infini respect pour ses deux reporters. Cette divergence majeure ne tient guère à la mauvaise volonté ou à la malhonnêteté des uns ou des autres. Que nenni. Elle tient à la différence d’optique qui caractérise notre vu et vécu. On peut faire passer une infime partie de la réalité pour un ensemble dominant. En stylistique, on appelle ça une synecdoque. On s'y accroche comme à un credo dont on ne puit changer aucun terme parce qu'il est par définition sacré. Sacré parce que commode. Compatible avec la stratégie adoptée par l'UE et l'OTAN. Une telle approche est possible mais contre-productive. Elle n'explique rien si tant est que l'on veuille faire un effort de compréhension. Je privilégierais pour ma par une grille de lecture beaucoup plus large qui s'abstiendrait de mélanger les causes et les effets. Mon voyage m’a donc confortée dans les thèses ci-dessous. Elles ont été confirmées par de multiples conversations avec les autochtones et les réalités du terrain. Je vous encourage à visualiser les photos ci-jointes.

Sans rentrer dans les détails, les faits sont simples. Il y a eu un mouvement protestataire de forte amplitude lancé en 2013, verbalement et financièrement soutenu par les plus éminents manitous de l'univers atlantiste-globaliste. Celui-ci, après maintes provocations sanglantes perpétrées par des snippers anonymes place Maidan, a entraîné le renversement du seul Président légitime d'Ukraine, Viktor Ianoukovitch. Sa chute et son départ (provisoire à l'époque, à des fins consultatives) a conduit au pouvoir un gouvernement fantoche pro-américain et hautement corrompu entouré d'éléments ouvertement fascistes nostalgiques des "exploits" de l'UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) alliée à un moment donné à l'Allemagne nazie sous les auspices du tristement célèbre Stépan Bandera. S'en suivirent l'adoption de mesures antirusses (tentative d'interdire l'usage du russe dans le Donbass, absurde, d'ailleurs, car il aurait fallu commencer par Kiev), le dénigrement méthodique et systématique des populations russophones et russophiles du Sud-Est taxées de fainéantes et d'obtuses, la falsification des évènements cruciaux de la II GM, la réhabilitation puis l'héroïsation des hauts dignitaires bandéristes collabos. Ajoutez-y le projet de pillage du Donbass présenté comme une région subventionnée par Kiev malgré le fait que Donetsk couvrait en 2013 20% du PIB ukrainien, 8% pour Lougansk, avec une moyenne oscillant entre 22 et 25% ces dernières années et la déportation projetée des populations de souche expliquant la construction de "camps de filtration", un fait confirmé en juin par Mikhaïl Koval, ministre de la Défense ukrainien de mars à juillet 2014, et vous obtiendrez un tableau d'ensemble très peu réjouissant. Un tableau parfait par les activités traditionnellement sulfureuses de Shell dans la région malgré le mécontentement grandissant d'une population que l'on ne veut pas écouter car elle n'en serait pas digne.

Et maintenant, imaginez que vous soyez un habitant du Donbass au fait des évènements et tenant à conserver votre identité et vos valeurs. Vous ne vous reconnaissez ni dans les slogans euromaïdanesques, ni dans les dérives bandéristes du parti Svoboda, ni dans la perception parasitaire que Kiev a de votre région entendant en faire une sorte de vache à lait des clans oligarchiques locaux eux-mêmes à la solde des oligarchies atlantistes. Vous protestez, vous entendez négocier. On vous dénie ce droit pourtant si naturel. Le 2 mai, ceux qui partagent vos idées sont massacrés à Odessa. Brûlés vifs. Les bourreaux n'ont jamais été condamnés. C'est à croire qu'ils auraient mérité d'être décorés par Kolomoïsky en personne. Réactives, Donetsk et les villes avoisinantes lancent un référendum le 11 mai, confortés dans la certitude de leur bon droit suite à l'interdiction des célébrations du 9 mai et le traitement infligé aux vétérans. Le Monde a beau déformer les faits en disant que les rebelles de Torez "tent [aient] d'imposer un référendum", il n'en demeure pas moins que l'écrasante majorité de la population - 89% des électeurs - s'expriment par les urnes non pas par contrainte ou amour particulier pour la Russie mais par instinct de survie. S'il est vrai que le déroulement du référendum de mai est plutôt opaque (il s'agit d'un galop d'essai), la vraisemblance de ses résultats est corroborée par les élections du 2 novembre dans les jeunes Républiques autoproclamées à la hâte. Le "oui" pour l'indépendance, reconnu par plus de 70 observateurs internationaux, obtient une majorité écrasante et éloquente.

Progressivement, les tendances fédéralistes cèdent la place aux tendances indépendantistes. Le modèle belge, suisse ou allemand initialement privilégié devient impensable avec le lancement des opérations dites punitives qu'Anne Nivat que l'on ne saurait soupçonner de russophilie aiguë désigne d' "opération anti-terroriste" "pudiquement appelée [comme telle]. Pudiquement est un bien joli mot. C'est tout aussi pudiquement que l'on voit surgir (du néant, présumerait-on) des bataillons ultranationalistes hyper-violents de type "Aïdar", "Azov" ou "Donbass" qui sans être tendres avec les putschistes de Kiev combattent néanmoins aux côtés de la junte ukrainienne faisant régner la terreur la plus totale dans leurs zones de contrôle. C'est le cas à l'heure actuelle à Volnovakha, Avdiivka, Slaviansk, Kramatorsk et Marioupol pour ne citer que quelques exemples, villes où le viol est de facto dépénalisé les dépositions n'étant plus acceptées. Le traitement infligé aux civils est tel qu'on voit fort bien à quel point ceux-ci sont traités en non-ukrainiens ou en "sous-hommes" pour reprendre l'expression de M. Iatseniouk. Cette prise de distance est flagrante lorsqu'on écoute l'intervention du 23 octobre de Porochenko (Odessa) dans laquelle le Président ukrainien dit "leurs enfants" en parlant des enfants du Donbass, faisant ainsi un distinguo tout à fait net entre les petits Ukrainiens qui iront à l'école et les petits des Républiques du Sud-Est qui resteront "dans les sous-sols". Il en va de même des retraités qui pourtant toute leur vie, quelles que sont leurs prises de position aujourd'hui, ont payé leurs impôts. Or, voici qu'ils ne perçoivent plus une seule grivna. Autant que les handicapés. Imposant au Donbass un blocus drastique, Kiev continue néanmoins à revendiquer son charbon. Dans la même pseudo-logique, Kiev continue à violer les accords trilatéraux de Minsk en cautionnant le pilonnage des quartiers résidentiels et en passant obstinément sous silence les exactions commises par les bataillons punitifs. Il y a plus de morts pendant la trêve de Minsk qu’il n’y en avait avant. Le même genre de violation a été relevé après le cessez-le-feu du 1 décembre, date à partir de laquelle les combats à l'aéroport de Donetsk devaient cesser. N'en déplaise au mainstream médiatique occidental, la trêve a été aussitôt violée par l'armée ukrainienne et rien qu'en une seule nuit elle a été violée 62 fois.

Le caractère systématiquement chaotique des frappes pourrait faire penser à un manque de compétence. Or, comme nous l'apprend si bien M. Vladimir Rouban, "chef du Corps d'officier" négociateur dans le processus d'échanges des prisonniers - du côté ukrainien, soulignons-le! - l'artillerie est une science exacte. Il serait pour le moins ridicule de considérer qu'au XXIème siècle l'artillerie manque régulièrement ses cibles en détruisant des immeubles, des écoles, des hôpitaux et des orphelinats. Pour se faire une certaine idée de la fréquence de ces supposées bavures, notons que près de 150 écoles de la RPD ont déjà été restaurées et que 76 autres écoles devraient l'être dans les mois à venir. Rien qu'en RPD. Quid de Lougansk où il y a moins de journalistes et donc moins de rapports?

Début décembre, alors que j'étais sur le point de quitter Donetsk, six obus ont atteint l'accueil pédiatrique d'un hôpital psychiatrique dans la partie nord de la ville. Encore une "bavure", oserait-on espérer pour se remonter autant que possible le moral? On se rappellera à ce sujet la mort tragique de deux adolescents sur un terrain de foot avoisinant leur école. Ils ont été démembrés par un obus. Il a depuis été établi par l'OSCE (rapport du 9.11) que les tirs provenaient d'Avdiivka, une ville de l'oblast' de Donetsk entièrement contrôlée par l'armée. Pourquoi un tel silence de la part des grands journaux européens? Ne serait-il pas lié à la même raison motrice qui fait que les tortures dont font l'objet les civiles et les membres de l'insurrection sont ignorées par le Parlement européen et Human Rights Watch? Pourquoi est-ce que l'affaire Iourtchenko (Iouri Iourtchenko, poète et dramaturge français d'origine ukrainienne) n'a eu presque aucun écho dans la presse française? Cruellement battu, libéré suite à un heureux concours de circonstances, M. Iourtchenko a passé plus de deux mois à l'hôpital. Aucun média officiel ne s'intéressa à son sort, ni avant ni après sa libération. Pourtant, Dieu sait s'il avait des choses à dire. Il est également établi à l'heure qu'il est que la mort de six journalistes étrangers et/ou non-autochtones (italien, ukrainien et russes) n’est pas le fruit d'un tragique hasard. Ils ont été pris pour cible en tant que membres de la presse, autrement dit, en tant que témoins. Ce "traitement de faveur" des journalistes est à l'image du blocus informationnel grandiose qui stigmatise les médias ukrainiens. Le processus a commencé par l'interdiction totale de toutes les chaînes russes sans exception pour finalement conduire à la création d'un ministère de l'Information dont le seul rôle consistera à censurer toute pensée non conforme à la nouvelle Pravda ukrainienne. Notons bien qu'il sera présidé par Youri Stets, ancien chef de la sécurité de l'information de la Garde nationale, unité de police faisant partie du système du ministère de l'Intérieur ukrainien et dont l'un des insignes, un svastika à peine déguisée, explique bien pourquoi le bataillon Donbass formé sur sa base a pour symbole l'aigle nazi renversé reproduisant le trident de la Wehrmacht. Cette somme de faits et de coïncidences pour le peu troublants n’interpelle pas les démocraties européennes trop occupées à rechercher les traces d’une éventuelle présence militaire russe dans le Donbass.

C’est à peine si les grands journaux loyalistes occidentaux se sont attardés sur la réalité hideuse des charniers ou fosses communes. Fin septembre, trois charniers ont été retrouvés dans les environs de Donetsk. L’un à Nijniaïa Krynka, l’autre à Kommounar (5 combattants et 4 civils torturés et exécutés d’une balle dans la nuque), un troisième dans la commune villageoise de Telmanovo avec les corps de 30 civils torturés et exécutés de la même façon (l’une des victimes avait été retrouvée décapitée). Doit-on y voir une esquisse de génocide ou des exactions isolées que Kiev n’a jamais vraiment condamné ? On attend toujours les réactions du Parlement européen manifestement refroidies par les formules immuablement lénifiantes des médias.

Comment veut-on continuer à condamner les mouvements de protestation qui ont soulevé le Donbass dès la mi-avril et conduit, in fine, à la proclamation d’une République aspirant à l’indépendance suite à des élections dont le bon déroulement a été confirmé par près de 70 observateurs internationaux ? Reconnaitrait-on un gouvernement agressif issu d’un coup d’Etat armé sans reconnaitre le droit d’un peuple opprimé à l’autodétermination, un droit inscrit en bonne et due forme dans la Charte des Nations Unies. La résolution numéro 1514 adoptée en 1960 précise en effet que seuls les peuples qui ont subis une « subjugation, domination et exploitation étrangères » ont le droit de s’autodéterminer. Le cas du Donbass, bien qu’extraordinaire, s’y rapporte indirectement. La réforme linguistique (en fait civilisationnelle) engagée par un gouvernement illégitime car putschiste suivie de l’adoption de plans d’exploitation de la région allant au détriment des intérêts primaires des autochtones, les mesures répressives radicales qui s’en suivent, valident le contexte énoncé par la résolution numéro 1514.

En conséquence de quoi :

- Armer un gouvernement putschiste violemment dictateur et taxer un mouvement de Résistance populaire non-expansionniste de « terroriste » relève de l’incohérence pure et simple ou de l’hypocrisie. On avait durement réprimé en France un mouvement social, la Manif pour tous, tout en applaudissant le Maïdan, un soulèvement sociopolitique d’une violence inouïe. Là encore, sommes-nous bien cohérents ?

- Les réflexions de M. Sautreuil concernant le nombre de croix gammées sur les corps des uns et des autres n’ont que très peu se sens pratique. Le programme politique de la Novorossia s’appuie sur une condamnation des plus fermes du nazisme et de tout ce qui constitue son héritage. Il est bien connu que des ultra- nationalistes russes en quête d’aventure ont rejoint les groupes d’auto-défense des RPD et RPL fin printemps, début été. Ils constituaient dès le début une infime minorité non représentative.

- Il est en effet difficile de démontrer que les habitants du Sud-Est ukrainien ont été victimes d’un génocide. Ceci étant, comment qualifier le pilonnage systématique de l’infrastructure, à savoir des hôpitaux et des écoles maternelles ? J’ai été à Donetsk 5 jours. Les tirs ne cessaient presque jamais les salves retentissant sur la ville plusieurs fois par jour. Il ne se passait pas un jour sans qu’un immeuble ne soit touché. Comment qualifier les activités des bataillons punitifs instrumentalisés par Kiev au même titre que les « bons » djihadistes par certaines grandes puissances ?

- La Résistance menée par le Donbass n’est pas motivée par le souci de rejoindre la Russie. Le Donbass n’est pas la Crimée. J’ai parlé à grand nombre de gens que les médias qualifient maladroitement de « pro-russes ». Ils ne sont ni pro-russes ni antirusses. Leur but est de survivre, aussi bien sur un plan identitaire qu’économique. Un protectorat économique avec la Russie n’est pas exclu dans un premier temps mais en aucun cas il ne s’agira d’un rattachement à la Fédération de Russie. Le Donbass n’en veut pas plus que la Russie.

- Si le blocus informationnel qui pèse aujourd’hui sur le dossier du Donbass n’est pas cassé au plus vite, une véritable catastrophe humaine et humanitaire qui conforterait les coupables – tant Ukrainiens que non-Ukrainiens – dans leur sentiment d’impunité n’est pas à exclure.

[Ces coupables] ne sont grands que parce que nous sommes à genoux, comme le disait si bien La Boétie. Si nous ne voulons pas être à genoux face à la désinformation hallucinée et hallucinante dont on nous abreuve, il faut se rendre sur place et témoigner autant que possible. J’étais à quelques pas de l’aéroport de Donetsk lorsque mon guide, une jeune veuve de 19 ans, me dit ceci : « On nous anéantit ! Vous qui êtes journaliste, faites en sorte qu’on le sache en France ! ». Ce cri de désespoir n’est pas isolé. Je l’entends encore.

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