Terrorisme en Australie : une situation compliquée

© © Photo: AP/Xinhua, Xu HaijingTerrorisme en Australie : une situation compliquée
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Le preneur d'otages de Sydney Man Haron Monis a affirmé avoir travaillé pour le renseignement iranien. Ayant abandonné sa femme et ses enfants, il a fui le pays pour sauver sa vie. En Australie, il a été mis en cause pour des dizaines de faits graves. Son ancien avocat dit que, accusé de complicité dans le meurtre de son ex-épouse, il croyait qu'il n'avait plus rien à perdre. Un criminel de droit commun ?

Mais il s'est proclamé lui-même cheikh Haron. L'Iranien chiite s'est converti à l'islam sunnite. Il a été jugé pour avoir envoyé de nombreuses lettres d'injures aux familles de soldats australiens décédés en Afghanistan. Un radical ?

Tout est beaucoup plus compliqué. Ces dix dernières années, l'Australie n'a pas évité la participation à des guerres qui ne plaisaient pas à de nombreux musulmans du pays des kangourous. Ces guerres conduisent inévitablement à la croissance du flux de réfugiés. Rien qu'en 2012 et en 2013 plus de 26 000 réfugiés sont arrivés en Australie, plus particulièrement depuis les pays de l'Orient musulman ruinés par des guerres dans lesquelles elle participait.

Les réfugiés arrivaient en Australie tout comme les soldats australiens en Orient, par la voie maritime et sans invitation. Ils croyaient avoir droit de se sauver des malheurs apportés par ces soldats. Cependant, depuis l'automne 2013, 157 personnes seulement sont parvenues à atteindre les côtes australiennes. Parce que l'Australie a cessé de se comporter envers les immigrés illégaux comme l'Italie. Les embarcations des réfugiés ont été remorquées par des bateaux militaires là d'où elles sont parties : en Indonésie.

Beaucoup sont envoyés au Cambodge avec lequel l'Australie a signé un accord approprié. En plus les Australiens ont introduit des visas provisoires. Un Afghan ayant reçu le statut de réfugié sait maintenant que si les autorités décident que la situation en Afghanistan s'est améliorée, il pourra y être renvoyé dans trois ans. Plus encore, le ministre de l'Immigration Scott Morrison a proposé d'introduire un moratoire sur l'octroi de l'asile permanent pour près de 1 500 réfugiés reconnus officiellement.

Il apparaît que l'Australie ne comprend pas que cette attitude attise une réaction négative de la part de la vaste diaspora musulmane et, sans aucun doute, des radicaux islamiques locaux.

Le danger n'a fait que grandir après l'envoi de 600 militaires australiens dans la coalition combattant l'Etat islamique. Environ 60 citoyens d'Australie font la guerre en Irak et en Syrie dans les rangs des djihadistes. Au moins une centaine de leurs partisans actifs opèrent à l'intérieur du pays. Ce sont ceux qui recrutent, entraînent et envoient des combattants au Proche-Orient, qui collectent des financements et achètent des équipements. Les services secrets d'Australie déclarent avoir déjoué des dizaines d'attaques terroristes au cours de ces dix dernières années. Ainsi, 15 personnes soupçonnées d'avoir préparé des attentats terroristes ont été arrêtées au cours d’opérations à Sydney et à Brisbane à la fin de septembre, ce qui a provoqué des protestations à Sydney de plusieurs centaines de membres de l'aile australienne du groupe islamiste radical Hizb ut-Tahrir. Leur chef de file Wassim Doureihi a déclaré : « Si une seule bombe explose dans ce pays, cela démontrera que les musulmans sont en colère et qu'ils ont toutes les raisons d'être en colère ».

Quelle doit être la réaction à ces propos des dirigeants du pays ayant décrété le niveau supérieur d'alerte au terrorisme ? Le 8 octobre, le Premier ministre d'Australie Tony Abbott a expliqué sur la chaîne de télévision ABC qu’étant donné que les preuves confirmant l'implication de Hizb ut-Tahrir dans l'activité terroriste n'ont pas été établies, rien ne menaçait le groupe en vertu de la législation en vigueur.

Le chef de la communauté musulmane lui fait écho : « Nous vivons dans un pays libre. Nous devons accepter que même les fanatiques ont le droit d'être fanatiques et que Hizb ut-Tahrir et tout autre groupe ont le droit d'avoir leurs propres points de vue et doivent avoir la possibilité de les exprimer».

Deux mois plus tard, Haron Monis a exprimé les siens. Qui sera le suivant à juger qu'il a le droit de réaliser de cette façon ses droits en Australie ? /N

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