A présent tous le connaissent sous le nom de Botkine, mais un premier temps il portait celui de Kozma Soldationkov, mécène russe connu, qui avait donné son argent pour le construire.
Citadin d’honneur de Moscou, marchand de première guilde, Kozma Soldatiokov faisait partie d’un groupe d’entrepreneurs éclairés, qui s’étaient proposés de servir la société et soutenir les couches de population les plus nécessiteuses. La bienfaisance est devenue l’une des tendances à la charnière du 19e et du 20e s., raconte Ilya Petchonkine, critique d’art, agrégé de la faculté de l’histoire des arts à l’Université russe des sciences humaines :
« L’époque qui a suivi les réformes d’Alexandre II et l’abolition du servage est caractérisée par les tentatives d’effacer des barrières et des préjugés sociaux. Le service pour le bien public consiste en ce que les riches soutiennent les plus démunis. C’est une idée chrétienne, et elle est appliquée à la fin du 19e s. »
De nombreux hôpitaux ont été fondés avec l’argent de mécènes, qui donnaient aussi à la construction des écoles médicales, comprenant que les placements de capitaux dans l’instruction étaient à la fois les plus précieux investissements dans la santé publique. Kozma Soldationkov, qu’on appelait, d’ailleurs, « Côme de Médicis », a décidé lui aussi de faire un don fabuleux à l’édification d’un hôpital.
Dans les bâtiments de l’hôpital on trouvait tout ce qu’il fallait aux patients, voire un amphithéâtre. Peu après l’hôpital Soldationkov est devenu parmi les plus fréquentés de la ville, à bien des égards grâce au niveau professionnel des médecins qui y pratiquaient, dont Sergueï Botkine. Ecoutons Marina Sorokina.
« En 1920 l’hôpital a été rebaptisé pour des raisons compréhensibles, mais heureusement il a pris le nom du professeur connu Sergueï Botkine, médecin thérapeute, lié d’amitié à la famille Soldationkov. Ce n’est qu’après 1991 qu’un monument à Kozma Soldationkov a été érigé en territoire de l’hôpital. »
Cent ans après son ouverture l’hôpital est tout aussi fréquenté et réputé. Les médecins y reçoivent plus de 40 mille patients par an. De tous rangs et états, comme le voulait Kozma Soldationkov.