L'école française: lire et faire lire

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17.000 retraités français visitent les écoles du pays pour lire des livres aux enfants. Cette campagne, bénéfique pour tous, s'appelle "Lire et faire lire", a écrit le journal russe Novaya Gazeta vendredi.

17.000 retraités français visitent les écoles du pays pour lire des livres aux enfants. Cette campagne, bénéfique pour tous, s'appelle "Lire et faire lire", a écrit le journal russe Novaya Gazeta vendredi.

A Vanves, dans la région parisienne, près du parc Pic – du nom du maire socialiste — nous rencontrons Arlette Gaillou, dirigeante du groupe des lecteurs du département Hauts-de-Seine, pour aller à "l’École du parc".

Quand nous entrons dans la cour de récréation, un tourbillon coloré d'enfants en bas âge, on remarque le changement immédiat de leur mouvement chaotique: Arlette est arrivée, qui attire les petits comme un aimant: quelques secondes à peine sont passées et deux enfants sont déjà sur son cou. Un vrai magnétisme! "Arlette, Arlette, Arlette!" crient-ils. Leur joie est si sincère et grande qu'on croirait qu'ils n'ont pas vu leur chère Arlette depuis l'éternité — voire une semaine. "Mais vous avez raison, dit Arlette. Je suis venue ici il y a juste une semaine".

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"Lire et faire lire"

Arlette lit des livres dans trois écoles de Vanves et doit également organiser d'autres événements: elle est la chef et la trésorière de son groupe. "Notre groupe est le deuxième plus nombreux en France, explique-t-elle. Après celui de Paris. Nous avons commencé ce travail dans notre département en 2007, avec 123 bénévoles. Aujourd'hui il y en a 700. Vous savez, ça me prend plus de temps que mon activité principale dans le tourisme".

Pourtant, elle ne touche pas d'argent. Mais les 17.000 retraités n'y font pas attention. Ils ne veulent probablement pas finir comme le spectre de Marley, dans le Chant de Noël de Dickens. Aujourd'hui Arlette a apporté ce livre: il ne reste qu'une semaine avant Noël.

Elle a également apporté des contes russes, qu'elle montre de manière ostentatoire car je suis un journaliste russe. Les enfants français — au moins ceux des Hauts-de-Seine — aiment bien ces contes. "Ils sont fous de Baba Yaga, ils adorent vraiment cette babouchka", affirme Arlette Gaillou.

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Mais laissons Mme Gaillou faire son travail et dirigeons nous vers le bureau de Jean-Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l'enseignement. Cette association a été créée en 1866 pour établir en France une école républicaine laïque, gratuite et accessible à tous. Elle regroupe aujourd'hui 30.000 ONG et 3 millions de personnes. Elle parvient à faire pression sur toutes les autorités françaises et obtient toujours leur coopération. Mais nous en parlerons en détail l'année prochaine – revenons pour l'instant à la campagne de lecture. Cette dernière s'est transformée en association Lire et faire lire et fait partie du paysage culturel français depuis 15 ans. Elle réunit aujourd'hui 17.000 lecteurs bénévoles, 120 écrivains et des centaines de milliers d'élèves de 15 000 écoles.

A l'origine de cette initiative: l'écrivain Alexandre Jardin et le journaliste Pascal Guénée, qui se sont adressés à la Ligue de l'enseignement pour expliquer son sens et ses avantages pour les retraités et les enfants. Ainsi que pour le ministère de l’Éducation nationale: aujourd'hui un enfant français sur dix ne sait pas bien lire après l'école, commet des erreurs ou ne comprend pas ce qu'il lit. L'une des raisons essentielles en est que sans un "guide", les enfants habitués au monde du zapping n'arrivent pas à s'intéresser à la lecture.

"Les enfants modernes ont énormément besoin de grand-mères, estime Jean-Marc Roirant. La famille a changé. Il y a 40-50 ans, les enfants, les parents et les grands-parents vivaient tous ensemble. Aujourd'hui c'est très rare. De nombreuses familles sont incomplètes, les grands-parents habitent souvent loin des enfants. Mais une grand-mère qui lit un conte à un enfant n'est pas la même chose qu'une tablette ou une télécommande".

A propos de la télé: en 1999, quand la campagne n'en était encore qu'à l'état de projet, Jean Jardin s'est adressé aux téléspectateurs pour demander si quelqu’un voulait lire gratuitement aux enfants.

Le lendemain, il recevait 2.000 appels de personnes prêtes à prendre le livre immédiatement. En février 2000 il a même parlé avec le président de la République et attiré encore des milliers de bénévoles. Cette initiative a pris une telle importance que de nouveaux lecteurs la rejoignent tous les jours. Et c'est tout à fait compréhensible: ils s'aperçoivent du profit potentiel.

On a déjà évoqué le poste d'Arlette Gaillou — la trésorière du groupe. Désormais l'argent vient des entreprises et des banques, des mairies et des ministères. Ces fonds sont destinés au développement professionnel des bénévoles (des cours de diction, de critique littéraire et de psychologie des enfants), aux rencontres et conférences, à l'achat et publication de livres, à l'organisation de compétitions de poésie et de programmes de charité, ainsi qu'au journal "professionnel" Il était une fois.

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