Le secrétaire d’Etat américain John Kerry se rendra le 10 janvier en tant que chef de délégation de businessmen américains à Ahmedabad où se déroulera le 7ème sommet d’investissements Vibrant Gujarat Summit. Le premier ministre indien Narendra Modi ouvrira le sommet le 11 janvier. Les Etats-Unis y participent pour la première fois en tant que pays partenaire.
C’est une nouvelle démarche des Etats-Unis en vue d’établir les relations avec l’Inde sous le nouveau gouvernement. John Kerry a déjà visité New Delhi en août 2014 en tant que chef d’une délégation de hauts fonctionnaires de la Maison blanche. Ils entendaient alors inspirer un nouveau souffle aux relations bilatérales abîmées par le scandale lié à l’arrestation et à la perquisition d’un diplomate indien à New York. Les délégués américains se proposaient, en outre, d’établir de nouveaux rapports avec Narendra Modi à qui Washington a refusé à l’époque le visa d’entrée. Les promesses d’investissements et de hautes technologies ont alors constitué l’atout le plus sérieux de John Kerry.
Il les a, semble-t-il, avec lui cette fois, estime l’experte de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie Tatiana Chaoumian :
« Les Etats-Unis ont enfin apprécié et compris que l’Inde était un grand pays qui pouvait faire l'objet de coopération tant politique qu'économique. Les Etats-Unis sont, à ce qu’il paraît intéressés à promouvoir cette coopération économique. Je pense que la visite de John Kerry au business forum à Ahmadabad traduit la reconnaissance par les Etats-Unis de l’Inde en tant qu’Etat méritant l’afflux d’investissements américains. Dans le même temps, on est fondé d’affirmer que les visites fréquentes de John Kerry en Inde confirment l’aspiration à atténuer une tendance nette à étendre les relations entre la Russie et l’Inde, la Chine et l’Inde, l’aspiration sinon à entraver, du moins à limiter l’accès des rivaux régionaux des Etats-Unis au marché indien. »
Selon Tatiana Chaoumian, les Etats-Unis profiteront des craintes des Indiens concernant la Chine à cause du litige territorial. Leur objectif consiste à entraîner l’Inde dans leur politique de dissuasion de la Chine, principal rival stratégique. Les Américains essayeront d’affaiblir les liens entre la Russie et l’Inde, en profitant, notamment, des problèmes économiques indiens pour évincer la Russie de son marché d’armements.
Il est possible que les tentatives de John Kerry de réconcilier les Etats-Unis et l’Inde s’avèrent efficaces si le business américain propose des projets concrets liés au mot d’ordre de Modi « Made in India » pour développer l’économie du pays. Les tentatives de renforcer l’influence des Etats-Unis en poussant l’Inde à jouer contre la Russie et la Chine sont vouées à l’échec. L’Inde l’a déjà laissé entendre sans ambages ayant accueilli en septembre 2014 à New Delhi le président de la RPC Xi Jinping et en décembre – le président de Russie Vladimir Poutine dans le contexte des efforts non dissimulés des Etats-Unis d’endiguer la Chine et d’isoler la Russie.
