Les 5+1 et l'Iran reprennent les travaux

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Le 12 janvier le vice-ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Riabkov tient une recontre à Téhéran avec le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif et la délégation iranienne. Le 14 janvier, le ministre iranien rencontrera à Genève le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Du 15 au 18 janvier les médiateurs internationaux du groupe 5+1 et l'Iran auront de nouveaux pourparlers à Genève. Le 18 janvier la réunion se déroulera avec la participation des chefs de délégation. Le processus de négociations long de plus de 10 ans entre dans son étape finale.

Personne ne doute que cette étape soit finale. Un résultat sera obligatoirement obtenu avant le 1er juillet prochain. Mais lequel ? Les négociations se solderont-elles par un échec avec toutes les conséquences désastreuses qui en découlent ? Aboutiront-elle à un accord à part entière qui supprimera toutes les questions posées au nucléaire iranien, annulera les sanctions et fera revenir l'Iran sur le marché économique et financier mondial ?

Les débats à venir sont soigneusement préparés. Des rencontres ont lieu en formats différents. Les représentants de l'Iran auront des consultations bilatérales avec tous les membres du groupe 5+1. Les entretiens préliminaires visent à éclaircir les points de vue sur des questions controversées, à concerter les positions différentes et à mettre au point des recommandations à l'intention des négociateurs pour progresser lors des négociations du 18 janvier à Genève.

Les difficultés sont nombreuses. Le chef de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran Ali Akbar Salehi a noté un de ces jours : « Le problème de l'obtention d'un accord sur le programme nucléaire iranien ne relève pas du domaine technique, il demande la volonté politique des parties ». Il va sans dire qu'un facteur politique est présent. Toutefois la réserve de confiance entre les parties n'a pas encore atteint le niveau auquel la politique recule au second plan. Il y a cependant l'espoir qu'à cette étape le niveau de confiance montera ce qui diminuera, certes, le rôle de la politique.

Quoi que ce soit, le problème du nucléaire iranien est, sans aucun doute, extrêmement compliqué du point de vue aussi bien politique que technique.

Cela étant, les problèmes techniques jouent eux aussi un rôle clé. Cela concerne le nombre de centrifugeuses et des changements technologiques à apporter sur plusieurs sites nucléaires, plus particulièrement au réacteur à eau lourde d'Arak et à l'usine d'enrichissement de Fordo.

Selon le politologue russe rénommé Vladimir Evseev :

« Le chef de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran (OEAI) Ali Akbar Salehi a déclaré que l'Iran enrichissait à l'heure actuelle moins de 5 %, soit 2,5 tonnes d'uranium par an bien que ses besoins minimaux constituent 30 tonnes. M. Salehi a, apparemment, parlé des quantités d'uranium faiblement enrichi nécessaires à un réacteur de la centrale nucléaire de Bouchehr. Il est à noter que 2,5 tonnes sont actuellement produites par 10 000 centrifugeuses de type P1. La production de 30 tonnes demandera, par conséquent, de multiplier les capacité d'au moins par 10. Les 5+1 vont-ils l'approuver ? Je doute fort ».

En plus les 5+1 attendent des éclaircissement sur deux questions de la part de l'AIEA, plus particulièrement des questions technologiques relatives aux études nucléaires. Tant que ces questions demeurent en suspens, l'AIEA n'est pas prête à garantir le caractère exclusivement pacifique du programme iranien et à délivrer une conclusion élargie qui doit permettre de fermer le dossier nucléaire de l'Iran.

La durée de l'accord définitif est également débattue. Là-dessus la différence d'opinion varie de 3 à 20 ans. Les Américains insistent sur 10 ans ce qui ne convient pas aux Iraniens.

L'algorithme de levée des sanctions reste un grand problème. L'Iran réclame la levée de toutes le sanctions simultanément avec la signature de l'accord définitif. On comprend bien que c'est irréel étant donné la complexité du mécanisme d'adoption des actes législatifs appropriés aussi bien par le Conseil de sécurité de l'ONU, que par les parlements des pays ayant imposé des sanctions à la République islamique.

Quels que soient les problèmes subjectifs et objectifs du processus de négociations, la necessité d'un résultat positif à tous ses participants, et pas seulement, redonne de l'optimisme. Ce résultat est surtout nécessaire à l'Iran fortement éprouvé, en dehors des sanctions, par la chute des prix de pétrole. Un de ces jours le secrétaire du Conseil de discernement de l'intérêt supérieur du régime Mohsen Rezaï a déclaré que « ces trois dernières années le préjudice causé à la branche pétrolière de l'Iran par les sanctions économiques s'était élevé à 100 milliards de dollars ». Cependant il trouve que les sanctions ne sont qu'une raison de ce préjudice. Une baisse des revenus a été provoquée par la dégruingolade des prix de pétrole.

Ainsi l'Iran et son économie ont un besoin vital de la levée des sanctions économiques et financières et d'un accord général sur le problème nucléaire. Les opposants de l'Iran y sont également intéressés sur le plan politique et économique. Cela permet de supposer que les prochaines négociations seront assez productives bien que compliquées.

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