Inde : faut-il « soigner » l'homosexualité ?

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Le gouvernement de l'Etat indien de Goa a annoncé son intention d'ouvrir des centres spétiaux en vue d'aider les jeunes homosexuels à devenir « normaux ». La thèse d'après laquelle les représentants de la communauté LGBT étaient des malades qu'on pouvait soigner a soulevé une vague d'indignation dans les pays occidentaux. Ce qui est naturel. En Occident, la tolérance envers les minorités sexuelles est si grande qu'elle se transforme souvent en propagande non dissimulée et incitation des gens normaux à une orientation sexuelle non traditionnelle. Toutefois l'initiative des autorités de Goa a suscité l'incompréhension même en Inde.

En Inde la tolérance envers les minorités sexuelles est plus grande que cela puisse paraître à première vue. La législation pénale indienne renferme l'article 377 prévoyant une peine de prison pour des homosexuels. Cependant cet article n'est pratiquement pas utilisé. La police ne traque pas des gays et des lesbiennes. Plus souvent ce sont les parents qui s'adressent à la police dans l'espoir de pouvoir corriger leur fils ou leur fille. La communauté LGBT n'est nullement limitée dans les droits civiques. Le 4 janvier dernier le transgenre Madhu Kinnar a été élu maire d'une petite ville de Raigarh dans l'Etat du Chhattisgarh (nord) en dépit de l'article 337 susmentionné. Il est instructif que cela a eu lieu dans une petite ville de province indienne et non pas dans une mégapole.

La caste des hijras existe en Inde depuis plusieurs siècles. Elle regroupe les personnes désignées aujourd'hui comme LGBT. Plus encore, en avril 2014 la Cour suprême de l'Inde a officiellement reconnu les hijras comme troisième genre. En ce sens la pensée indienne a largement devancé l'Occident. D'autre part, c'est l'existence d'une caste à part qui est évidemment à l'origine de l'incompréhension.

Face à l'existence depuis des siècles d'une « caste LGBT » au sein de leur société, la plupart des gens ne peuvent pas comprendre pourquoi un homosexuel ou une lesbienne n'appartiennent pas à la caste hidjar. Au fond, la société indienne est actuellement confrontée à deux visions des minorités sexuelles, à savoir une vision traditionnelle indienne et une autre, occidentale, estime le directeur du centre de psychologie pratique et académicien de l'Académie russe des sciences naturelles Sergueï Klioutchnikov :

« L'Inde est un pays qui a gardé ses valeurs traditionnelles peut-être plus que tout autre pays du monde et même que tout autre pays d'Asie. Il va de soi que des processus d'occidentalisation s'y produisent et exercent une certaine influence. Etant donné que le pouvoir indien s'appuie dans une grande mesure sur les valeurs traditionnelles, il ne voudrait pas que la mondialisation soit si rapide, d'autant plus que l'opinion publique en Inde partage, sans aucun doute, les valeurs traditionnelles ».

Le traditionnalisme de la pensée forme une attitude appropriée envers le problème. Si l'individu se positionne comme représentant d'une minorité sexuelle, il doit être hijra. S'il ne l'est pas, quelque chose n'est pas normale. Il est soit malade, soit non adéquat. Par conséquent, on doit et on peut le soigner. Dans cet ordre d'idées, l'intention des autorités de Goa de créer des centres destinés à aider les jeunes gens à devenir « normaux » est tout à fait logique.

Pourtant, cette initiative représente une violation des droits de l'homme du point de vue de la morale actuellement en place en Europe et aux Etats-Unis.

De cette façon ce n'est pas la première ou la dernière fois que les valeurs traditionnelles indiennes sont entrées en confrontation avec les valeurs que les pays occidentaux imposent activement au monde entier. On verra quel sera le résultat de cette confrontation.

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