Les échecs militaires de l'Ukraine contraignent Porochenko à quitter Davos

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Le président ukrainien Piotr Porochenko a annulé brusquement sa visite de trois jours en Suisse pour revenir en Ukraine, le jour même de l'ouverture du forum économique de Davos, écrit vendredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

Le président ukrainien Piotr Porochenko a annulé brusquement sa visite de trois jours en Suisse pour revenir en Ukraine, le jour même de l'ouverture du forum économique de Davos, écrit vendredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

L'échec de l'offensive des forces ukrainiennes vers Donetsk et leurs méthodes barbares de guerre, évidentes désormais même pour leurs anciens sympathisants européens, ont dénué de son sens la rencontre de Porochenko avec les élites financières et politiques de l'Europe et du monde.

Porochenko s'est heurté dès son arrivée à Zurich à de nombreux manifestants anti-guerre, et une étudiante a interrompu le discours présidentiel sur la paix, appelant à ne pas écouter "l'homme qui tue des enfants".

Le leader ukrainien prévoyait de tenir en Suisse de nombreux propos remplis d'émotion concernant le bus de Volnovakha, détruit par les "terroristes", son "plan de paix" dont tout le monde a déjà marre depuis six mois, et ses projets de réformes. Pour demander, ensuite, une aide financière et politique. Pendant qu'il tentait de lever des fonds en Suisse, ses généraux étaient censés poursuivre les bombardements de Donetsk et de Gorlovka pour forcer les rebelles à céder leurs positions. Ainsi, suite à son retour triomphal à Kiev, Porochenko aurait pu déclarer que la situation avait changé et que les représentants des républiques autoproclamées ne pouvaient plus être considérés comme membres du groupe de contact. Cela aurait signifié que les accords de Minsk, signés en automne dernier avec tant d'efforts, étaient obsolètes et qu'il aurait fallu les réécrire en faveur de l'Ukraine.

Mais ce plan, assez simple, a échoué: malgré les bombardements massifs sur les villes du Donbass, qui tuent chaque jour la population civile, les insurgés ont montré à Kiev leur volonté de protéger leur patrie et affiché une motivation exemplaire. Ils ont non seulement repoussé les forces loyalistes de l'aéroport de Donetsk, mais aussi marqué des points dans d'autres zones du front.

"Un patriotisme glamour, des présentations et des parades militaires incongrues et une propagande de victoire — tout cela permet à des fous de faire des bêtises et laisse des criminels militaires commettre des atrocités. Les parades et les présentations sont finies, mesdames et messieurs. Les dernières évolutions sur le front indiquent que nous n'avons même pas assez de réserves tactiques pour localiser l'activité de l'ennemi", a résumé Iouri Kassianov, activiste ukrainien très connu, qui n'est en aucune façon un sympathisant de la cause des rebelles.

Les Ukrainiens expriment des doutes de plus en plus forts quant aux informations des médias officiels, menaçant la mise en œuvre de la mobilisation partielle signée par Piotr Porochenko avant son départ en Suisse. Même la presse des régions occidentales de l'Ukraine n'est pas en mesure de cacher le fait que les hommes susceptibles d'être rappelés dans l'armée quittent d'urgence leur pays – et beaucoup d'entre eux ne partent pas vers la Pologne, mais vers la Russie.

L'opinion mondiale sur cette "opération anti-terroriste" est également en train de changer: lors de la visite de Porochenko à Zurich, la chaîne allemande ZDF a montré un reportage accusant l'armée ukrainienne de meurtres de civils. L'agence américaine Associated Press tire les mêmes conclusions.

Qui plus est, les faucons de Kiev sont de moins en moins disposés à écouter leur président. Ainsi, lors de la visite de Piotr Porochenko en Suisse le député ukrainien Sergueï Pachinski a annoncé la volonté du pouvoir d'introduire la loi martiale dans le pays. Dans ce contexte, le séjour du leader ukrainien à Davos était dénué de sens. Aujourd'hui, de retour à Kiev, il devra imaginer un autre "plan de paix" pour ne pas perdre tout le pays et son portefeuille de président.

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