Grèce: le modèle européen selon Alexis Tsipras

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Avant la victoire de son parti dimanche, le leader du bloc Syriza Alexis Tsipras expliquait au magazine hebdomadaire Ogoniok l'importance des législatives en Grèce, dont les résultats pourraient foncièrement changer le sort de l'Europe, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Avant la victoire de son parti dimanche, le leader du bloc Syriza Alexis Tsipras expliquait au magazine hebdomadaire Ogoniok l'importance des législatives en Grèce, dont les résultats pourraient foncièrement changer le sort de l'Europe, écrit lundi le quotidien Kommersant.

L'hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui a annoncé l'élaboration par les autorités allemandes d'un plan si vous remportiez la victoire en Grèce, vous qualifie d'ennemi numéro 1 de l'Europe sous sa forme actuelle. Pourquoi êtes-vous plus dangereux pour l'UE que, par exemple, le Front national, les Vrais Finlandais ou la Ligue du Nord italienne?

Parce que Der Spiegel a tout compris. Les partis nationalistes sont de faux ennemis du système en place. Ils sont précisément un produit de la politique libérale de l'Europe, même s'ils menacent aujourd'hui de la détruire. Le parti (profasciste) grec Aube dorée est passé de 0,3 à 7% pendant les années de politique d'austérité. Contrairement aux partis de ce genre, nous ne proposons pas de quitter l'Europe ou la zone euro. Par conséquent, même si nous sommes opposés à l'Europe sous sa forme actuelle, ce sont eux qui détruisent l'Europe aujourd'hui. Ceux qui ont imposé à l'Europe un modèle antidémocratique et antiéconomique. Quoi qu'en disent les 28 pays membres de l'UE, c'est la fameuse "troïka" (CE, BCE, FMI) qui prend des décisions et agit dans l'intérêt des banques, et non du développement économique dans l'ensemble. Ce qui a été fait avec la Grèce devrait même entrer dans les manuels d'économie en tant que contre-exemple. Après ce qu'ils ont fait avec notre pays, on ne peut aucunement qualifier cette association européenne "d'union".

Cette crise est une conséquence directe de l'asymétrie initiale de l'union monétaire qu'est la zone euro. Et la politique d'austérité imposée par l'establishment européen, avec le soutien des populistes et des socialistes, n'a fait qu'aggraver la situation. Parmi les milliards d'euros alloués par des organismes européens à la Grèce, seulement 2% ont servi pour l'économie réelle, les 98% restants ont servi à rembourser les dettes. En d'autres termes pour sauver les banques.

Pour commencer, la solution que je préconise consiste à organiser une conférence européenne sur les dettes à l'instar de celle qui, en 1953, avait annulé une grande partie de la dette de l'Allemagne d'après-guerre. Elle avait pu ensuite réaliser son miracle économique.

Mais quelqu'un doit rembourser ces dettes! Je crains que ce ne soient pas les banques, mais les contribuables qui devront en supporter la charge.

Je respecte énormément les contribuables. Mais à long terme ils n'en seront que gagnants (révision des obligations de dette et annulation d'une partie de la dette). Car à en juger par la politique menée par Mme Merkel, le sud de l'Europe aura constamment besoin de crédits. Il sera impossible de sortir du cercle vicieux en poursuivant la politique d'austérité.

D'après vous, l'Europe doit-elle construire ses relations avec la Russie?

La Russie est un grand pays ayant du potentiel, une histoire et une immense expérience. Y compris pour sortir des crises. L'Europe est impensable sans une Russie qui y occuperait une place appropriée. Les sanctions contre la Russie ne font que nuire à l'Europe. Je pense que l'intégration de la Russie doit être plus active et se traduire par des initiatives plus importantes dans ce sens, venant de l'Europe elle-même.

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