Le Donbass : une guerre non racontée

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Pourquoi on passe des mois durant sous silence en Italie la guerre au Donbass ? Comment ne pas réagir à la mort des gens ?

« Les journaux ont toujours reflété la conscience collective et la conscience des politiciens. Si les politiciens n’ont pas de conscience, les journaux ne s’acquittent pas eux non plus de leur tâche consistant à fournir l’information vérifiée », a dit Domenico Quirico, correspondant spécial de La Stampa à la discussion engagée par la Voix de la Russie.

L’expert en géopolitique de l’Institut italien d’études géopolitiques (IsAG) Eliseo Bertolasi qui a été témoin des événements tragiques dans l’Est de l’Ukraine a participé lui aussi à la discussion.

- Eliseo, tu a été plus d’une fois au Donbass, sur la ligne de front. Comment est cette guerre ?

- C’est ça, j’ai été plusieurs fois au Donbass. La guerre que j’ai vue est horrible malgré toutes les déclarations de Kiev sur une « opération antiterroriste ».Quiconque y arrive se retrouve tout de suite à l’épicentre de la confrontation des parties qui emploient armements lourds, chars, artillerie. Il y a des tranchées partout, elles sont creusées pour longtemps. Or, il existe aussi des civils. Nous savons parfaitement que l’artillerie ukrainienne pilonne constamment Donetsk, nous en voyons les conséquences, nous savons que des écoles, des hôpitaux, des quartiers d’habitation sont détruits.

- La presse italienne n’a rien écrit des mois durant sur ce conflit. Quirico, pourquoi on passe sous silence la guerre qui continue à deux heures de vol de l’Italie ?

- C’est un problème européen plutôt qu’italien. Ce qui se produit dans l’Est de l’Ukraine, précédemment en Crimée et ce qui se produit maintenant dans les régions dont nous parlons confirme que l’Europe est inefficace et n’est pas à même de poursuivre une politique étrangère unie. Les Européens se heurtent aux difficultés lorsque le problème purement économique devient géopolitique, diplomatique et militaire. Faire semblant de ne pas s’apercevoir de ce qui se passe pour ne pas assumer le fardeau du règlement des problèmes est, à mon avis, cynique.

Ce qui s’est produit ici a été largement commenté et le sera à l’avenir également parce que la guerre a pris de l’ampleur.

- Eliseo, comment apprécies-tu le danger nucléaire menaçant les habitants du Donbass, les journaux n’y prêtent pas attention. Or, il est possible que les problèmes surgissent pour tout le monde …

- J’ai déjà commenté ce sujet fin décembre. J’ai lu le 30 décembre le communiqué officiel du ministère russe des AE dans lequel était signalé le danger nucléaire potentiel tant pour l’Ukraine et la Russie que pour toute l’Europe. Une situation d’urgence s’est créée alors à la centrale nucléaire de Zaporojié : le niveau de radiation a été multiplié par 16. Je me suis intéressé, j’ai trouvé les bulletins de presse du ministère ukrainien des situations d’urgence qui confirmaient la fuite de radiation.C’est très sérieux : en cas d’explosion la quantité de précipitations radioactives qui pourraient déferler sur l’Europe aurait été supérieure à l’indice enregistré à Tchernobyl.

- Après le massacre à la rédaction de Charlie Hebdo une vague de solidarité avec les victimes des terroristes a éclaté dans le monde et une manifestation avec la participation de chefs d'Etat s’est déroulée à Paris. Cependant, il n’y a pas de manifestations liées au Donbass où des dizaines de personnes périssent tous les jours. Pourquoi ça, qu’en pensez-vous, Quirico ? Est-ce que des gens de second ordre y habitent ?

- Je suis contraint d’avouer que certains événements qui se produisent plus près de nous nous inquiètent plus que les autres. Le reste est considéré comme une tragédie humaine « ordinaire ». Les innocents périssent et la presse n’accomplit pas son devoir essentiel, n’attire pas l’attention collective sur les régions où les gens endurent des souffrances. La presse s’est distancée des tâches au nom desquelles elle était fondée. En plus de la presse, il faut envisager la responsabilité des politiciens qui est beaucoup plus sérieuse.

Il ne faut pas vouer les guerres à l’oubli. Nous sommes reconnaissants à tous les journalistes qui informent en risquant leur vie les lecteurs sur les faits authentiques.

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