En apparence, rien ne relie ces événements. Pourtant, des liens existent dès que l'on accepte de sortir des évidences par trop rabâchées.
La victoire de Syriza
Mais, au-delà du symbole, il y a des actes. Et les premiers actes de Tsypras ont été des signaux très forts envoyés aux autorités de Bruxelles. Tout d'abord, il a constitué son gouvernement en passant une alliance avec le parti des « Grecs Indépendants » ou AN.EL. Beaucoup disent que c'est une alliance hors nature de l'extrême-gauche avec la droite. Mais ce jugement reflète justement leur réduction du combat de SYRIZA à la seule question sociale. Ce qui justifie l'alliance entre SYRIZA et les « Grecs Indépendants », c'est le combat pour la souveraineté. Tsypras, dans son premier discours, a d'ailleurs parlé de l'indépendance retrouvée de son pays face à une Union Européenne décrite ouvertement comme un oppresseur. Le deuxième acte fort du nouveau gouvernement a été de se désolidariser justement de la déclaration de l'UE sur l'Ukraine. Une nouvelle fois, l'UE condamnait la Russie. Tsypras a dit, haut et fort, que la Grèce n'approuvait pas cette déclaration, ni sur le fond ni dans sa forme, car elle avait été prise sans respecter les procédures internes à l'UE. Il est désormais clair que l'UE ne pourra plus raconter n'importe quoi sur la crise ukrainienne. La règle de l'unanimité s'applique encore. Le troisième acte a été la décision du gouvernement, annoncée par le nouveau ministre des Finances M. Varoufakis, de suspendre immédiatement la privatisation du port du Pirée. Cette décision signifie la fin de la mise à l'encan de la Grèce au profit de l'étranger. Ici encore, on retrouve la nécessité d'affirmer la souveraineté de la Grèce.
Une dégradation très politique.
Athènes et Moscou
Il faut donc voir la victoire de SYRIZA dans son contexte international. Cette victoire est la première pierre apportée au tombeau d'une Europe bureaucratique, confite dans l'austérité, inféodée aux Etats-Unis. Les déclarations d'Alexis Tsypras sur l'Ukraine en particulier, en témoignent. Dans le même temps, emportés par leur désir de détruire la Russie, les Etats-Unis ont mis en marche le processus de destruction de la globalisation financière qu'ils avaient construite avec beaucoup de persévérance depuis 1975. Le fait que ces deux événements se soient produits à quelques heures d'intervalle est important. Il témoigne de ce que nous vivons aujourd'hui un moment où se retournent les grandes tendances du monde. Ce n'est pas le début de la fin comme le disait Churchill, mais la fin du début.