Non-prolifération nucléaire: Washington accuse Moscou

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La Russie est accusée de porter atteinte au régime de non-prolifération des armes nucléaires et de contrôle des armements à cause de la situation en Ukraine, écrit jeudi le quotidien Kommersant.

Юрий Долгорукий - АПЛ проекта Борей - Sputnik Afrique
Six armes nucléaires russes redoutées par Washington
Ces reproches ont été formulés lors d'une conférence internationale à Washington. Néanmoins, les hauts fonctionnaires de l'administration américaine comptent sur la reprise de la coopération avec la Russie, y compris pour le désarmement.

Le conflit ukrainien et le rôle joué par la Russie figuraient parmi les thèmes principaux de la Conférence internationale sur la non-prolifération des armes nucléaires organisée par la fondation Carnegie. Cet événement, qui a réuni plus de 800 diplomates, militaires et experts de 42 pays, est lié à la future conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Ces conférences se déroulent tous les cinq ans et sont l'un des piliers du régime de non-prolifération. Selon certains experts occidentaux, les actions de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine portent atteinte à deux points clés du TNP: tout État non doté d'armes nucléaires s'engage à ne pas chercher à en acquérir; les États qui en disposent s'engagent à poursuivre le désarmement.

La sous-secrétaire d'Etat américaine Rose Gottemoeller - Sputnik Afrique
Non-prolifération nucléaire: les USA espèrent coopérer avec Moscou (officiel)
Les critiques avancent aujourd'hui l'argument suivant: en signant en 1994 le mémorandum de Budapest, l'Ukraine a accepté de se séparer de son arsenal nucléaire hérité de l'URSS en échange de garanties de sa souveraineté et de son intégrité territoriale de la part de la Russie, des USA et du Royaume-Uni. En rattachant la Crimée, la Russie a enfreint cet accord, rendant ainsi la possession de l'arme nucléaire encore plus attractive pour les États préoccupés par leur sécurité. Les négociations concernant la poursuite du désarmement entre les deux plus grandes puissances nucléaires — la Russie et les USA — étaient déjà dans l'impasse avant la crise en Ukraine, et désormais cette question n'est même plus à l'ordre du jour.

La majeure partie des délégués pense qu'à l'heure actuelle la poursuite de la réduction des armements est impossible. Plus de 40% des participants à la conférence ont admis que d'ici deux ans la Russie ou les USA pourraient sortir des principaux accords concernant le contrôle des armements — le Traité de réduction des armes stratégiques START-3 ou le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).

C'est le second texte qui préoccupe tout particulièrement les experts. La Russie et les USA s'accusent mutuellement d'enfreindre cet accord de 1987, premier document sur la liquidation d'une classe entière d'armements — les missiles lancés depuis le sol d'une portée comprise entre 500 et 5 500 km.

Ashton Carter, U.S. President Barack Obama's nominee to be secretary of defense, testifies before a Senate Armed Services Committee confirmation hearing on Capitol Hill in Washington, in this February 4, 2015 file photo - Sputnik Afrique
FNI: les USA suspectent la Russie de violer le traité et préparent une riposte
Le représentant du Conseil de sécurité nationale des USA Jon Wolfsthal a déclaré que la Maison blanche était très inquiète face aux "violations du traité FNI par la Russie". Mais tout comme les autres représentants américains, il a refusé de nommer le type du missile russe "interdit", se référant au besoin de protéger ses sources. A la question de savoir comment Washington avait l'intention d'obtenir de Moscou le droit d'inspecter les sites militaires russes suspects (comme l'exige le congrès), Jon Wolfsthal a répondu: "Nous espérons avoir une sérieuse discussion avec la Russie à ce sujet. Nous ne pouvons pas la croire sur parole. Il ne s'agit plus seulement de dire que "la confiance n'exclut pas le contrôle". Ce processus doit être très détaillé et capable de lever toutes nos préoccupations". Il a ensuite refusé d'entrer dans les détails.

Alexeï Arbatov, directeur du Centre de sécurité internationale de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO), explique que ce type d'inspections nécessite de nouvelles négociations. "Et la Russie avancera ses conditions: en échange d'accorder aux Américains le droit d'inspection elle pourrait exiger d'inspecter tous les systèmes de lancement du bouclier antimissile (ABM) en Roumanie et en Pologne", suppose l'expert. Et d'ajouter: "Je ne pense pas que l'Occident acceptera facilement ces conditions".

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