Et pourquoi pas une "Grande Europe" au lieu d'une "Guerre froide"?

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Aujourd'hui, la situation en Europe ne suscite que de la déception: tous les efforts entrepris ces dernières années pour unir notre continent sont pris en otage d'une crise profonde.

La crise ukrainienne est désormais un défi aussi bien pour la Russie que pour l'Europe: une nouvelle guerre a lieu sur le continent, qui a déjà emporté plus de 5 000 vies humaines. C'est également un défi global car au cœur de notre continent commun pourraient apparaître des "États ratés" ayant besoin d'une aide financière insurmontable pour la Russie comme pour l'UE.

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Pour éviter un tel scénario, il faut se tenir aux voies diplomatiques de règlement de la crise, peu importe les efforts que cela demandera. Il ne faut en aucun cas renoncer au "format Normandie" de négociations; au contraire, il faut poursuivre un travail quotidien pour la mise en œuvre des accords de Minsk 2.

Il est particulièrement dramatique que la crise ait remis en cause les futurs mécanismes de coopération internationale dans l'espace euro-atlantique. Le projet de Grande Europe, promu par de nombreux politiciens et experts européens depuis le milieu des années 1980, ressemble aujourd'hui à une fantaisie lointaine qui n'a rien à voir avec la réalité. Cependant, ni la Russie ni l'Europe ne peuvent se permettre une nouvelle Guerre froide.

La crise en Ukraine a repoussé les questions de coopération à la marge du discours politique. Cependant, attendre serait une erreur stratégique. C'est maintenant, en pleine crise politique profonde, que la coopération dans l'éducation, la culture et la société civile doit passer au premier plan.

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Il faut tout faire pour que la crise ukrainienne ne nous fasse pas renoncer au but stratégique initial — la construction d'un espace européen et euro-atlantique commun.

Nous avons aujourd'hui deux tâches prioritaires. Premièrement, il faut faire en sorte que la coopération déjà existante ne devienne pas une monnaie d'échange dans le jeu des sanctions et anti-sanctions. Deuxièmement, cette coopération doit être utilisée pour s'opposer à une rhétorique provocatrice, voire hostile, basée sur des images simplifiées et déformées et sur une propagande agressive de la perception manichéenne de la politique européenne.

Ces tâches demandent plusieurs efforts concrets. Nous devons essayer de faire connaître à nos sociétés l'expérience positive de coopération entre la Russie et l'Europe. Nous devons nous opposer à toute tentative de durcir le régime d'attribution des visas entre la Russie et l'UE et encourager l'élargissement des contacts entre les régions de la Russie et de l'UE. Nous devons investir plus d'argent dans les programmes scolaires et les échanges d'étudiants, dans l'augmentation de la mobilité des jeunes, ainsi que faire passer au niveau supérieur la coopération actuelle entre les centres de recherche et d'analyse indépendants russes et européens. Une attention particulière doit être accordée à l'expansion des contacts entre les médias russes et européens.

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Pour conclure, notons une proposition concrète orientée sur la jeunesse européenne et russe. Tournons-nous vers l'expérience de la France et de l'Allemagne, qui sont parvenues à une réconciliation nationale après la signature en 1963 du fameux traité de l'Élysée et la création de l'Office franco-allemand pour la jeunesse. Il serait utile de poser les bases de la réconciliation entre la Russie et l'Europe en créant une agence russo-européenne pour la jeunesse sur la base des échanges d'étudiants, des bourses pour les auteurs de projets dans le domaine de l'entrepreneuriat et des innovations ou encore du soutien aux programmes d'apprentissage linguistique.

Auteurs: Dominique de Villepin, premier ministre français de 2005 à 2007; Igor Ivanov, ministre russe des Affaires étrangères de 1998 à 2004.

 

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