Loi sur le renseignement: quand l’élève français dépasse le maître américain

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"Au moment où les Etats-Unis reviennent en arrière sur le Patriot Act, la France s’apprête à suivre la même voie", déplore Françoise Dumont, la présidente de la Ligue des droits de l'Homme.

Le projet de loi sur le renseignement, qui officialise notamment des techniques d'espionnage sur internet et de lieux privés, va être voté la semaine prochaine.  

Et si le Patriot Act, texte qui accorde aux services de renseignement américains de larges pouvoirs pour espionner leurs citoyens afin d'empêcher les attentats, a été bloqué au Sénat, la France voudrait s'approprier l’expérience des USA suite aux attentats du 11 septembre 2001, déjà considérée comme une erreur. 

Suite à cette nouvelle, près d'une centaine de personnes ont participé dimanche à un rassemblement devant  la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, près de Paris, pour protester contre ce projet de loi aussi controversé que scandaleux.

Cette protestation a eu lieu en  réponse à un appel diffusé sur internet, et notamment sur Twitter, sous le slogan #OccupyDGSI, et soutenu par la Ligue des droits de l'Homme (LDH), le syndicat de la magistrature, le Parti de Gauche et des organisations, selon le site du mouvement.

"Ce texte nous est vendu comme une loi pour lutter contre le terrorisme, mais en réalité il va ouvrir la porte à une surveillance extrêmement large de la population", et notamment d'"un certain nombre de militants associatifs et syndicaux", a déclaré Françoise Dumont, présidente de la LDH.

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On peut constater que la France prend le relais de la Grande Bretagne qui, elle aussi, par la bouche de Theresa May, se prononce pour le renseignement, faisant passer pour la loi anti-terroriste. Le second Big brother à l’européenne ne veut pas se laisser distancer. Maintenant il n y a plus de doutes, Edward Snowden a eu raison: la NSA "continuera à espionner le monde". 

Etonnons-nous, mais M. Snowden a même été modeste dans ses réflexions, en affirmant qu' "Il ne s'agit pas uniquement de lois concrètes, le problème est ailleurs. Malgré la reconnaissance de l'illégalité et de l'inefficacité du programme de surveillance massive, toutes les branches du pouvoir américain prônent sa restitution en jouant à nouveau la carte de la menace terroriste", des projets de lois en France et en Grande Bretagne ne sont plus des cauchemars irréalistes, mais l'affaire de quelques mois ou quelques années maximum.

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Toutefois, les Français ne sont pas prêts à renoncer à leur droit à la vie privée. Ainsi, Françoise Dumont se prononce contre cette loi qui " va permettre l’écoute de quasiment tous les portables … mettre des  dispositifs complètement intrusifs sur les ordinateurs … mettre des balises sur les voitures".

Pourtant, selon Mme  Dumont, "au nom de la sécurité, on ne peut pas tout faire – les pratiques illégales ne doivent pas être légalisées". Elle met l'accent sur une contradiction sur laquelle repose la loi: " Cette loi prévoit de surveiller les militants syndicaux et je ne pense pas que les militants syndicaux soient a priori des terroristes".

Quant au Freedom Act, signé mercredi par Barack Obama, rappelons qu'il limite désormais le travail des services de sécurité par rapport à la loi précédente, le Patriot Act, mais ne mettra pas fin à la surveillance américaine, a déclaré Edward Snowden lors d'une téléconférence entre la Russie et Londres organisée par Amnesty International.

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