Grèce : Une lueur d'espoir d'un accord signé d'ici la fin de la semaine

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L'affaire grecque ne peut plus durer.

Les dirigeants de la zone euro réunis lundi soir à Bruxelles étaient sur le fil du rasoir: il faut maintenir la Grèce dans la zone tout en réduisant au minimum les dépenses supplémentaires, d'une part, et tout en empêchant le rapprochement russo-grec qui s'est montré efficace avec la signature de l'accord sur l'extension du gazoduc Turkish Stream vers la Grèce lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg, d'autre part.

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Athènes doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI d'ici le 30 juin, un paiement qu'elle ne peut honorer sans la reprise de l'aide financière de ses créanciers (7,2 milliards d'euros). Pour cela, un accord est nécessaire avec eux sur une série de réformes et de mesures budgétaires. Mais tout comme la population grecque, en manifestation depuis dimanche dans la capitale hellénique, l'Europe, elle, n'est pas disposée à faire des concessions.

Une lueur d'espoir a été rendue possible grâce à la présentation par le premier ministre grec, Alexis Tsipras, d'un nouveau plan de réformes. Le geste de bonne foi a été tout de suite apprécié par la chancelière allemande Angela Merkel, car quoi qu'on dise, personne n'est intéressé à la sortie d'Athènes de la zone euro. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a maintenu le soutien financier de la Grèce avec l'investissement de 35 milliards d'euros d'ici 2020.

Jean-Pascal Gayant, économiste, professeur à l'université de Mans, s'est dit pessimiste quant au règlement du problème grec: « C'est un cercle vicieux terrible. La Grèce n'arrive pas à dégager des ressources budgétaires, des ressources fiscales pour simplement payer les intérêts de l'argent qui lui a été prêté. Même si un accord est trouvé demain avec le reste de l'Union européenne, dans quelques semaines, on aura de nouveaux des échéances de deux-trois milliards que la Grèce, faute de liquidité, aura beaucoup de mal à honorer. »

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Cependant, les leaders européens, lundi soir, ont exclu toute négociation sur la dette. On le comprend, Alexis Tsipras ne peut réellement « vendre » au Parlement un accord sans un plan sur la dette. Selon une source gouvernementale grecque, « nous insistons sur un règlement de la dette, il sera inclus dans l'accord ». Mais cet optimisme sera confronté à la logique européenne, notamment allemande, qui, depuis le premier jour, refuse d'évoquer le sujet. « La crainte est celle de la contagion, indique M. Gayant. Si l'Union européenne donne le signal qu'un pays peut, par mauvaise discipline budgétaire et économique, obtenir la suppression d'une partie de sa dette, une renonciation des créanciers à une partie de la dette, cela signifierait de donner un signal aux autres pays endettés qu'il suffit d'aller au bras de fer pour obtenir une exonération de dette. C'est une question de principe: ne pas donner le signal qu'on peut construire une politique sur des déficits, sur un endettement cumulatif, ce qui est déstabilisant pour l'ensemble de l'économie européenne, voire mondiale. »

Un des scénarios possibles pour Athènes est de renforcer la coopération avec Moscou. Lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg les 18-20 juin, Alexis Tsipras a rencontré le Président russe Vladimir Poutine et les ministres de l'Energie ont signé l'accord sur l'extension du gazoduc Turkish Stream vers la Grèce. Certes, ce rapprochement est très mal vu par les Etats-Unis. Selon la revue britannique Financial Times, Washington a demandé à l'Union européenne de faire des concessions à la Grèce pour, entre autres, maintenir l'unité du front européen face aux sanctions antirusses. « La realpolitic sera toujours présente, a confirmé M. Gayant. Les Etats-Unis savent, certainement, que le monde grec et le monde orthodoxe en général ont des liens très forts. Il pourrait être tentant pour le pouvoir grec de se tourner plus encore vers le monde orthodoxe, vers le monde slave. En ce qui concerne la Russie, la situation économique est moins favorable depuis la baisse du prix de pétrole. Il est, quand-même, aventureux pour Tsipras de tout miser sur une rupture avec l'Occident et sur une alliance renforcée avec la Russie.

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Alexis Tsipras est confronté à une opinion publique qui veut des réformes impossibles. En décembre, il a été élu sur un programme tout à fait inenvisageable de l'augmentation des retraites et des salaires des fonctionnaires, alors qu'il est impératif de diminuer tous ces éléments, voire stabiliser la dépense publique. Tsipras essaye, malgré tout, de conserver une chance de sauvegarder la position de la Grèce dans la zone euro.

Je pense que les difficultés que nous connaissons aujourd'hui vont à nouveau exister dans quelques semaines. Il est possible, un jour, que les créanciers considèrent que même si la sortie de la Grèce de la zone euro est excessivement coûteuse pour l'économie européenne, l'affaire ne peut plus durer. La Grèce aura une énorme difficulté à retrouver le chemin d'une croissance permettant de générer des recettes fiscales et d'honorer ses dettes. Je ne suis pas sûr que la Grèce puisse rester dans la zone euro en dépit des efforts européens. Tout va dépendre de la bonne volonté du Parlement grec. Prochainement, Alexis Tsipras va lui demander un vote de confiance. Si le Parlement va dans la direction demandée par Tsipras et que l'on va vers la normalisation, vers un certain sens de la raison, on peut espérer que la situation s'améliore doucement. Par contre, si le Parlement grec va à la rupture, je doute que les Européens aient la patience, pendant de longues semaines, de maintenir la Grèce sous perfusion, la maintenir à bout de bras comme ils le font aujourd'hui, a conclu Jean-Pascal Gayant »

La tâche désormais du gouvernement grec d'ici à jeudi est d'arracher un accord sur la dette afin de maintenir dans la majorité le plus de députés de Syriza possible et éviter que les créanciers ne réussissent à obtenir ce qu'ils cherchaient depuis le début: la destruction de la majorité du premier ministre. 

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