Merkel rappelle aux Balkans leur choix européen

© REUTERS / Marko DjuricaGerman Chancellor Angela Merkel shakes hands with Serbian President Tomislav Nikolic before their meeting in Belgrade, Serbia July 9, 2015
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La chancelière allemande Angela Merkel a entamé hier une tournée de deux jours dans les Balkans occidentaux – Albanie, Serbie et Bosnie-Herzégovine.

La chancelière a l'intention d'évoquer les perspectives d'adhésion de ces pays à l'Union européenne. Compte tenu de l'influence économique croissante de la Russie dans la région, Bruxelles et Berlin doivent persuader à tout prix les dirigeants des Balkans de la fiabilité de la ligne européenne.

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Dans son allocution du 4 juillet, Merkel a parlé de son voyage dans les pays les plus pauvres d'Europe, qui frappent depuis longtemps à la porte de l'UE. Cette visite est nécessaire à ce moment précis, sur fond de crise grecque: le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders avait noté plus tôt que l'éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro pourrait déstabiliser les Balkans. L'influence d'Athènes sur les Balkans étant assez conséquente.

La chancelière a mentionné le début du dialogue pour l'adhésion de la Serbie, tout en soulignant qu'il s'agit de l'une des premières étapes des négociations et que leur suite dépendrait des relations entre Belgrade et le Kosovo.

"Berlin et Bruxelles attendent de la Serbie la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo. Les autorités actuelles de Belgrade ont déjà fait d'immenses concessions: elles ont de facto reconnu l'indépendance, ont lancé les négociations avec le Kosovo et, surtout, ont transmis à Pristina le contrôle du Kosovo du Nord, peuplée uniquement de Serbes. Ces derniers ne voulaient pas adhérer au Kosovo, mais Belgrade a accepté ce sacrifice tout de même", explique Pavel Kandel, directeur du Centre des conflits ethno-politiques et interétatiques à l'Institut de l'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie.

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D'après lui, la poursuite du dialogue entre Belgrade et Pristina est bloquée pour l'instant. "Merkel fera pression et sur Belgrade, sur Pristina, et sur Tirana pour faire avancer l'affaire", ajoute Pavel Kandel. La Serbie n'est pas encore prête pour la reconnaissance formelle du Kosovo et pourrait accepter de le faire uniquement quand la discussion sur l'adhésion à l'UE passera à un niveau plus réaliste.

Pour la Bosnie-Herzégovine, l'adhésion à l'UE est encore une perspective très lointaine. Le pays n'en a pas encore fait la demande. Les USA et l'UE attendent du pays une réforme constitutionnelle. Le processus politique fait du surplace pour l'instant et il n'y a pas d'unanimité sur les questions cruciales pour avancer vers les réformes. Quant à l'Albanie, Bruxelles attend d'elle des réformes démocratiques visant un passage progressif à la législation européenne, ainsi que le renforcement de la lutte contre la corruption, le trafic de drogue et l'immigration clandestine.

Quoi qu'il en soit, aucun de ces trois pays ne pourra adhérer à l'UE dans les années qui viennent. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré en prenant ses fonctions qu'aucune expansion de l'UE n'était prévue durant son mandat (cinq ans). Cependant, il a précisé par la suite que Bruxelles ne renonçait pas à l'intégration européenne des Balkans. A cet égard, il faut poursuivre les négociations avec les membres potentiels de l'UE, ce dont s'occupe actuellement la chancelière allemande.

Le thème du gazoduc Turkish Stream fait partie de ces négociations. L'ambassadeur de Serbie en Russie Slavenko Terzic a récemment déclaré que son pays était intéressé par des livraisons de gaz russe dans le cadre de ce projet. Depuis l'abandon du projet South Stream par la Russie, Belgrade a commencé à chercher de nouvelles sources d'approvisionnement, et Turkish Stream en est une. Mais ce projet dépend du feu vert de l'UE: sans l'aval de Bruxelles, le gazoduc pourra être construit uniquement jusqu'à la frontière grecque. Selon Pavel Kandel, l'UE pourrait utiliser la carte de Turkish Stream comme un moyen de pression dans les négociations. Mais seulement en théorie, car une fois encore, aucune expansion de l'UE n'est prévue d'ici cinq ans.

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