Hackers: l’Ukraine déclare la guerre aux médias russes

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Les hackers du groupe CyberBerkut ont rendu publics des documents des services secrets et la correspondance des autorités ukrainiennes évoquant la liste des médias russes à bannir, et donnant des conseils pour démasquer un journaliste russe.

La propagande informationnelle passe à la vitesse supérieure en Ukraine. Le Service de sécurité ukrainien (SBU) s'apprête à priver d'accréditation une centaine de médias russes, dont Rossiya Segodnya, holding médiatique russe regroupant les agences Sputnik et RIA Novosti, ainsi que la chaîne de télévision Russia Today. Objectif? "Protéger l'espace informationnel ukrainien", et priver les citoyens de toute chance de rencontrer des points de vue alternatifs. 

La liste des chaînes, revues et stations radios qui seront privées du droit de diffuser de l'information sur le territoire ukrainien a été publiée sur le site de "CyberBerkut".

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Les hackers ont réussi à pirater le courriel de la vice-ministre de la Politique informationnelle Tatiana Popova, qui souligne dans sa lettre que "cette liste n'est pas destinée à la presse".

Pourtant, même la ministre, après avoir pris connaissance de la liste des médias "en disgrâce", a reconnu que "le SBU a montré trop de zèle en dressant la liste des médias russes devant être bannis. Pour quelles raisons ont-ils interdit (les journaux,ndlr) Novaya Gazeta, Kommersant et Vedomosti? Il faut faire quelque chose avec ça".

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Dans le même temps, les hackers ont appris que le "ministère de la Vérité" et les services spéciaux ukrainiens créent et soutiennent activement des sites qui diffusent le point du vue officiel de Kiev en Russie. Dans sa lettre, la ministre reconnaît que derrière plusieurs de ces  ressources électroniques se cachent des gens du ministère ukrainien de la Défense.  

"Le site informnapalm.org est prêt à adhérer à notre projet de bénévolat. Et puisque c'est un projet de certaines personnes du ministère de la Défense, ils ne peuvent pas se démasquer. C'est pourquoi ils sont prêts à nous passer le matériel. Nous pouvons dire qu'avec leurs bénévoles, ils ont adhéré à notre i-army (armée de l'information, ndlr)", écrit Mme Popova.

L'été passé, les autorités ukrainiennes ont déjà  interdit la diffusion des chaînes russes Pervy kanal, RTR-planeta, Rossiya-24, Rossiya-1, Russia Today et d'autres.

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Et si les autorités ukrainiennes interdisent les médias russes, elles renforcent dans le même temps leur mainmise sur le champ médiatique du pays. Ainsi, le PDG de la chaîne à grande audience "112" Andreï Podchtchipkov a déclaré dans une lettre ouverte que le Conseil national cherche à réaliser une prise de contrôle hostile de la chaîne indépendante ou à retirer sa licence. Les représentants du gouvernement du pays insistent sur la vente de la chaîne pour un prix symbolique.

Vous possédez un appareil photo, une élocution appropriée, un cartable? Alors vous êtes un journaliste interdit d'entrée en Ukraine.

Et finalement, cerise sur le gâteau: les autorités ukrainiennes ne se limitent pas à dresser la liste des médias en disgrâce, mais donnent aussi des instructions spéciales pour démasquer un journaliste parmi les personnes pénétrant sur le territoire ukrainien.

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D'après les documents publiés par CyberBerkut, toute personne entrant sur le territoire ukrainien avec un appareil photo, un PC, un petit cartable, une belle élocution, des dollars, des roubles ou des euros peut être considérée comme un journaliste et expulsé d'Ukraine. Lors de la vérification des documents, la détention d'une carte de journaliste est interdite. La nourriture sous vide est elle aussi suspecte, comme si les rédactions russes donnaient toujours des paniers-repas à leurs journalistes.  Une telle instruction est nécessaire, car le ministère de la Politique informationnelle exige de renforcer "le tri" des journalistes russes entrant en Ukraine.

"Indice à risque: nie avec passion toute participation au travail des médias antiukrainiens; Essaye de convaincre les services de contrôle que l'objet du voyage est le tourisme ou autres, notamment la participation à des événements officiels  ou à des célébrations actuellement en cours en Ukraine".

Pourtant, le président ukrainien Piotr Porochenko reste optimiste: "Je crois très sincèrement qu’une liberté d'expression sans précédents règne  en Ukraine. Et notre conférence de presse en est une preuve de plus", a-t-il affirmé. 

Personne n'a rien rétorqué. Ce qui n'est pas surprenant, car il était difficile d'avoir accès à cette conférence et, bien évidemment, toute personne ayant une vision alternative était interdite d’entrée.

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