Des déchets radioactifs enfouis dans la loi Macron

© Sputnik . A.Solomonov / Accéder à la base multimédiaКонтейнеры с радиоактивными отходами на Машиностроительном предприятии "Звездочка" в Северодвинске
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Aussi surprenant que cela puisse paraître, un amendement sur l'enfouissement de déchets nucléaires vient de s'immiscer dans la loi sur la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, autrement dit, la loi Macron.

L'amendement en question entérine le projet Cigeo (Centre industriel de stockage géologique), censé accueillir, d'ici 2025, les déchets radioactifs les plus dangereux à 500 mètres sous terre dans des couches d'argile, à Bure, près de Nancy.

Les écologistes et les anti-nucléaires, furieux, dénoncent « un insupportable coup de force » et préparent une lettre au Conseil constitutionnel pour éclairer certains points qui leur semblent anti-démocratiques. Julien Bayou, conseiller régional d'Île-de-France et porte-parole du parti Europe Écologie Les Verts, nous a décortiqué la situation.

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« Le premier point est démocratique. Le gouvernement a, une nouvelle fois, recouru au « 49-3 ». Mais on ne passe pas un projet aussi important sur un deuxième ou un troisième tour de vote. On ne passe pas un projet aussi fondamental au dernier moment, dans la précipitation, sans débat ni vote, et sans majorité. De surcroît, les experts considèrent que ce n'est pas un projet mûr. Finalement, le coût en est colossal: il est estimé à plus de 35 milliards d'euros. Il faut un débat avant d'engager la France dans cet amendement pour des milliers d'années ».

Julien Bayou s'est également soulevé contre l'amendement ajouté à la dernière minute qui, en principe, ne rime pas à la rhétorique du Président de la République. En 2000, lorsqu'il était député en Corrèze, François Hollande s'était positionné contre l'enfouissement des déchets nucléaires, tout comme Ségolène Royal, en 1987-1990, quand elle fut députée dans les Deux-Sèvres. Suite au drame de Sivens, François Hollande s'était engagé à appliquer une « réelle démocratie participative dans les dossiers environnementaux ».

Cependant la chose est faite. Les écologistes évoquent une « bombe à retardement », car les déchets restent radioactifs pendant 100.000 ans. Même la notion de réversibilité qui permettrait, pendant 100 ans, de récupérer les stocks, si une nouvelle méthode de traitement est inventée, « n'est pas une garantie sur la sécurité », s'agace Julien Bayou dans son interview à la radio Sputnik. Pour le moment, il faut « stocker les déchets au plus proche de centrales nucléaires, développer la recherche sur le traitement et le démantèlement. Il faut arrêter de produire des déchets, surtout on ne sait pas les traiter.

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Il y a un lobby très fort en faveur du nucléaire qui popularise les thèses en disant que ce n'est pas cher. En effet, c'est encore plus cher que les énergies renouvelables. On essaye de nous faire croire qu'il n'y a pas de risques, que c'est l'indépendance énergétique alors qu'il n'y a pas d'uranium, il faut aller le chercher dans des pays fragiles, comme la Mongolie ou le Niger. Malgré l'avis des experts, des citoyens, ce lobby a plusieurs fois essayé de faire passer le projet: une fois dans la loi de transition énergétique, la première fois dans la loi Macron. Et là, ils ont réussi à contourner l'Assemblée Nationale! Ceux qui font partie de ce jeu, ont trompé la démocratie, » conclut Julien Bayou.

En réalité, il ne s'agit pas encore d'un feu vert au stockage géologique des déchets radioactifs à Bure. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) devra déposer une demande d'autorisation de création de l'installation, en 2017. En outre, une « phase industrielle pilote » est prévue avant l'autorisation d'exploitation définitive, pour une durée de 100 ans.

Quoi qu'il en soit, les écologistes n'ont pas dit leur dernier mot. Assumant les risques de la loi Macron telle qu'elle est aujourd'hui, les députés EELV ont commencé à rédiger une « lettre ouverte » à l'intention du Conseil constitutionnel concernant l'amendement sur l'enfouissement des déchets radioactifs. 

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