Personne ne veut être celui qui va faire exploser l’euro

© AP Photo / Petros GiannakourisIn this photo made on Saturday, June 20, 2015, a man walks past graffiti titled "0 Euro" by street Artist Achilles in Athens. (AP Photo/Petros Giannakouris)
In this photo made on Saturday, June 20, 2015, a man walks past graffiti titled 0 Euro by street Artist Achilles in Athens. (AP Photo/Petros Giannakouris) - Sputnik Afrique
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Le Parlement grec a adopté, à contrecœur, les mesures d'austérité draconiennes exigées par les dirigeants de la zone euro par 229 des 300 voix. Alexis Tsipras ne croit pas à l'accord qu'il a signé. L'ombre d'un Grexit plane toujours sur la Grèce, ce qui entraînerait la chute des dominos que sont l'Italie, l'Espagne, le Portugal et la France.

La proposition offerte au gouvernement grec et à son Parlement en échange du maintien du pays dans la zone euro est bien pire que celle rejetée par les Grecs lors du référendum, dimanche dernier. Ce « plan d'aide » endettera encore davantage Athènes (les 85 milliards euros s'ajoutent aux 320 milliards d'euros existants) sans lui permettre de sortir de l'ornière. Il n'a pour fonction que de « couvrir » les non-dits sur la dette des dirigeants européens.

A one Euro coin with a Greek owl is seen burning in this picture illustration taken in Hanau, Germany July 3, 2015 - Sputnik Afrique
Grèce: la politique de la canonnière
« Il n'y a pas eu un euro qui a été versé aux Grecs par les contribuables européens, ces milliards d'euros ont été versés aux banques commerciales qui détenaient les dettes grecques qui ont été rachetées par contribuables européens, nous a expliqué Charles Sannat, économiste français, directeur de la recherche économique d'AuCOFFRE.com. Ce plan n'a servi uniquement qu'à permettre de sauver les banques européennes. Aujourd'hui, les Etats n'ont pas intérêt à prendre leurs pertes, pour la France, c'est près de 78 milliards d'euros. »

L'ex ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, ne s'est pas résigné à donner des remarques cinglantes. L'accord est tout simplement un « nouveau Traité de Versailles, symbole de l'humiliation de l'Allemagne à l'issue de la Première guerre mondiale, en 1919 ». « Jamais auparavant l'Union européenne n'avait pris une décision qui remet à ce point en cause le projet d'intégration européenne, fustige-t-il dans un billet publié sur son blog. Les leaders européens, en traitant Alexis Tsipras et notre gouvernement comme ils l'ont fait, ont porté un coup décisif au projet européen ». L'accord n'a « rien à voir avec l'économie », c'est « purement et simplement la manifestation d'une politique d'humiliation » qui « annule la souveraineté nationale de la Grèce qui devient un vassal de l'Eurogroupe ».

Intervention d'Alexis Tsipras, premier ministre grec, à la télévision grecque - Sputnik Afrique
Tsipras: "je ne crois pas au plan de sauvetage, mais je dois le mettre en œuvre"
Le pronostic est pessimiste pour la zone euro. Selon Charles Sannat, on a gagné du temps jusqu'au jour où il faudra constater les divergences européennes de fond. Il s'agit d'accepter que la Grèce est en faillite et, ensuite, que la monnaie unique ne fonctionne pas sur des économies « hétérogènes », comme celle de la Grèce, Espagne, Italie et France. Charles Sannat propose deux possibilités: « Primo, vous avez une fuite en avant et un gouvernement économique européen, mais cela ne rime à rien. Ce qui rimerait à quelque chose, c'est le grand saut fédéral qui consiste à la création des Etats-Unis d'Europe. Dans ce cas, on lève des impôts fédéraux sur chaque citoyen. Ces impôts servent à venir compenser les zones les plus pauvres. C'est ce qu'on appelle une union de transfert dans lequel les pays les plus riches vont payer les pays les plus pauvres, ce que l'opinion publique allemande ne veut pas. »

Toujours d'après Charles Sannat, la Grèce est déjà en faillite mais elle n'en est pas la seule et unique responsable. « La seule solution qui puisse avoir un sens économiquement parlant — c'est l'effacement de la dette, anticipe l'expert. C'est l'une des solutions proposées par le FMI. Mais personne n'en veut au niveau des Etats européens. »

« C'est de la politique, conclut Charles Sannat. Cela veut dire qu'Alexis Tsipras ne va pas imposer aux Grecs une sortie de l'euro unilatérale. Il ne va pas non plus imposer à l'Europe une explosion de l'euro. C'est un jeu de Poker menteur où personne ne veut être celui qui a fait exploser l'euro. »

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