La guerre civile qui n'en finit pas devrait vraisemblablement se terminer par un nouveau conflit gelé au cœur de l'Europe, transformant l'Ukraine en Etat littéralement enclavé entre la zone grise qu'est la Transnistrie à l'Ouest et le Donbass à l'Est, analyse d`Alexandre Latsa.
Ces secousses frappent tant le sud que l'ouest du pays ou encore la capitale et montrent parfaitement l'Etat de névrose qui est en train de gagner le pays.
A l'ouest du pays, à proximité de la frontière polonaise, des manifestants réclament: "le départ de la fraternité juive qui occupe le pouvoir" et souhaitent un pouvoir d'authentiques Ukrainiens. Dans l'ouest du pays toujours, mais vers la frontière slovaque/hongroise, des incidents armés ont eu lieu et des milliers de volontaires de groupes radicaux y remplacent les autorités légales du pays, inexistantes. Une situation qui pourrait avoir pour objectif de déplacer, dans une zone avec de fortes minorités, un conflit jusque-là cantonné à l'est du pays.
Dans la région d'Odessa, les nouveaux dirigeants régionaux dont Mikhaïl Saakachvili, récemment nommé gouverneur de la région, ont considérablement accru la répression sur des leaders d'une minorité mal connue en Europe de l'ouest: les Gagaouzes, suspectés de velléités séparatistes. Les Gagaouzes, présents entre l'Ukraine, la Bulgarie et la Moldavie, ont réussi à fédérer contre eux un axe Kiev-Bucarest-Sofia hostile à une minorité surtout suspecte de fortes sympathies avec Moscou. La situation en Bessarabie ukrainienne est d'autant plus complexe que certains ressortissants faisaient partie des victimes du terrible massacre du 2 mai 2014, lorsque des dizaines de civils ont été brulés vifs et les survivants massacrés par des activistes pro Kiev.
Sur le plan économique, le pays va faire face cet hiver à une nouvelle crise énergétique qui sera vraisemblablement effroyable, les autorités se préparant à rationner l'énergie et n'alimenter le pays que selon des plages horaires définies.
Sur le plan démographique, le pays a en 18 mois perdu plus d'un million d'habitants, surtout des jeunes en âge de travailler qui sont partis très majoritairement en Russie (800.000 migrants) ou en Europe de l'ouest (Allemagne et Pologne…), tandis que le pays semble d'enfoncer dans une crise démographique qui rappelle les pires années de la Russie post-soviétique, lorsque le pays était au bord de l'implosion.
Dans le même temps, INTERPOL vient de suspendre son avis de recherche contre le président putsché Victor Ianoukovich et l'ancien premier ministre Nikolaï Azarov, lui aussi exilé et qui vient d'annoncer la constitution d'une sorte de comité en exil destiné à sauver l'Ukraine.
Celui-ci, visiblement au bord de l'effondrement, a récemment multiplié les déclarations les plus fantaisistes, accusant la Russie de vouloir "envahir la Finlande et les pays baltes", de vouloir "toute l'Europe", "que l'Ukraine avait en un an bâti une des meilleurs et plus puissantes armées d'Europe" ou prenant la défense du groupe Pravy Sektor qui serait un "élément de la démocratie ukrainienne".
On pourrait en rire si ce n'étaient pas près de 10.000 civils, dont des centaines d'enfants, qui étaient déjà morts dans l'est du pays, selon la présidente du comité contre la guerre Viktoria Shilova.
Est-on bien sûr que les sanctions contre la Russie, qui poussent Moscou vers l'Asie et laisse Kiev face à une UE sans ressources financières ni volonté politique claire, sont la meilleure façon de se préparer au potentiel effondrement de l'Ukraine?
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