Amnesty prône une légalisation de la prostitution

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Amnesty International, ONG de défense des droits de l'homme, a changé de cap, et plaide dorénavant pour la "dépénalisation du travail du sexe".
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Une ébauche de document d'Amnesty a provoqué un tollé, notamment de la part des organisations de défense des droits des femmes. Selon elles, légaliser la prostitution, c'est encourager le proxénétisme et l'esclavagisme sexuel. De plus, une telle initiative n'aidera pas les femmes, condamnées à ce mode de vie et n'ayant peut-être pas le choix, mais elle encouragera plutôt les proxénètes et les clients des prostituées, ajoute The Guardian.

Lors de l'assemblée internationale d'Amnesty, qui s'est tenue du 7 au 11 août 2015 à Dublin et qui a accueilli quelques 400 délégués en provenance de 70 pays, l'organisation s'est montrée inébranlable par rapport à ces critiques.

La résolution adoptée à Dublin, vise à légaliser la prostitution et à dépénaliser le proxénétisme si les services sexuels sont fournis d'un commun accord. D'après les représentants d'Amnesty International, leurs recherches permettent de conclure que la dépénalisation de ce type de travail est le meilleur moyen de défendre les "employés" de l'industrie du sexe.

Les "pour"

L'ébauche de ce funeste document, rendu public, est basé sur le principe de défense, selon lequel toutes les relations sexuelles entre adultes devraient être protégées de l'ingérence du gouvernement à la condition qu'il ne s'agisse pas de violence et d'autres violations de la loi.

Les partisans de l'initiative maintiennent que la dépénalisation pourrait en premier lieu servir de protection des femmes prostituées contre les actes de violence de la part de la police. En outre, les prostituées se permettraient de proposer du sexe sans risque, précise Amnesty. Ainsi, le document insiste sur le fait qu'une telle mesure rendra la prostitution un métier moins dangereux.

Les lois concernant la prostitution ont été déjà libéralisées en Allemagne, en Nouvelle-Zélande et en Hollande.

D'après Felitcita Shiroy, ancienne prostituée et actuellement responsable d'une maison close allemande, la libéralisation des lois dans ce domaine en 2002 a rendu ses "collègues" plus sûres d'elles, et elles ont obtenu la liberté de choisir où et chez qui elles veulent travailler.

Les "contre"

Les opposants de l'initiative d'Amnesty estiment que la majorité des prostituées n'ont pas bénéficié de cette libéralisation de la loi. Un nombre très modeste de prostituées se sont officiellement enregistrées, et ont donc vu des améliorations.

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Mais l'argument le plus fort consiste dans le fait que la libéralisation de la loi a donné de l'élan au développement de l'industrie du sexe et à l'esclavagisme sexuel. En particulier, les fournisseurs de chair humaine essayaient d'encourager la demande toujours croissante.

"Modèle nordique"

L'esclavagisme sexuel et la prostitution sont liés, et les défenseurs des droits des femmes proposent un "modèle nordique" en tant qu'alternative à la dépénalisation. Il s'agit d'une approche acceptée dans quelques pays du Nord, où la police inflige des amendes aux clients des prostituées, mettent les proxénètes en prison mais, en ce qui concernent les prostituées, les laisse en paix.

Autrement dit, une telle approche vise à diminuer la demande dans le domaine de la prostitution.

Cette politique a été adoptée en Suède en 1999, et puis des Etats comme l'Islande, le Canada, la Norvège et l'Irlande du Nord ont suivi son exemple. Le parlement européen souhaite que les Etats membres s'inspirent de cette approche pour s'atteler aux problèmes de prostitution.

Le modèle mentionné a bien sûr ses critiques. Les experts ont examiné l'expérience suédoise, et les données fournies par la police ne les ont pas convaincus. Il s'est avéré que la prostitution été réléguée à un second plan, ce qui n'indique pas que la situation se soit améliorée.

Ainsi, dans le débat entre Amnesty International et ses détracteurs, les deux parties veulent atteindre le même but: défendre les droits des prostituées. Cependant, leurs approches du problème s'opposent.

"La coalition contre la traite des femmes" n'est d'accord qu'avec un seul argument d'Amnesty: les représentants de la coalition estiment en effet qu'il ne faut pas punir celles qui pratiquent la prostitution. Or, ils insistent sur le fait que la dépénalisation complète de tous les aspects de l'industrie du sexe aboutira à une triste conséquence: les proxénètes deviendront des hommes d'affaires et profiteront énormément et impunément des personnes vulnérables.

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De nombreuses célébrités, elles aussi, se sont attaquées à Amnesty, dont Meryl Streep, Emma Thompson et Kate Winslet.

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