Diamants africains et intérêts européens

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L’Afrique est de loin le continent leader et indétrônable dans le domaine de la production des diamants bruts. Cela est bien connu.

Dans le TOP 10 des principaux pays producteurs mondiaux, six sont africains. D'autre part, les Etats d'Afrique représentent 60% d'extraction de ces diamants bruts au niveau mondial.

Pourtant et cela est bien connu également, les principaux centres de commerce des diamants du monde sont hors d'Afrique. Le principal étant à Anvers, en Belgique: 80% des diamants bruts vendus à travers le monde à ce jour. Surprenant diront certains pour un pays qui ne possède pas ses propres diamants, extraits chez lui. Pourtant c'est loin d'être un exemple isolé: de la même manière que l'Organisation mondiale du cacao (ICCO) qui se trouve à Londres alors que près de 40% de la production mondiale des fèves de cacao reviennent à la Côte d'Ivoire. En y ajoutant les autres pays d'Afrique de l'Ouest (Ghana, Nigeria, Cameroun, Togo), on arrive à 70% de la production mondiale, mais peu importe, le siège international chargé de réguler ce secteur est installé loin de l'Afrique. La colonisation et le néocolonialisme contemporain ont donc "bien" fait leur travail.

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La Russie et la Chine créent leur bourse du diamant
Revenons aux diamants. L'aspect injuste qui caractérise ce processus fait que le continent africain est le principal producteur de ces belles pierres mais ayant un contrôle minime sur leur commercialisation (les Etats du sud du continent: l'Afrique du Sud, l'Angola, la Namibie et le Botswana, constituent un peu les exceptions, faisant de leur mieux pour transformer les diamants bruts en taillés sur place). Car faut-il le rappeler un diamant brut africain poli à Anvers ou Tel-Aviv sera par la suite revendu beaucoup plus cher, souvent de dizaines de fois au prix initial du brut. Mais l'autre aspect injuste et ouvertement criminel concerne les diamants en provenance des zones de conflit, communément appelés aussi les diamants de sang.

Pour lutter contre la commercialisation de ces diamants, sortis directement des zones de guerre, notamment d'Afrique de l'Ouest, un régime international de certification de diamants bruts a été créé en 2003, à Kimberley, en Afrique du Sud. C'est le fameux processus de Kimberley. Mais là encore et c'est cet aspect-ci que l'on va aborder aujourd'hui, ce processus est entaché par de nombreuses hypocrisies dans son application, principalement par les Etats occidentaux.
Deux exemples pour ce faire traduisant cette hypocrisie, ainsi qu'une véritable application de la fameuse notion deux poids deux mesures: la République démocratique du Congo et le Zimbabwe.

Le premier étant depuis de longues années martyrisé par des rébellions, souvent d'ailleurs soutenus à différents niveaux de l'étranger. D'autre part, la RDC est associée à de nombreuses exactions commises dans les zones de conflit se trouvant sur son territoire, surtout si ces zones abritent de grandes réserves de diamants. Viols sur femmes, travail forcé dans les mines, enrôlement d'enfants soldats,… Mais malgré tous ces faits prouvés à maintes reprises, les diamants congolais se retrouvent sans soucis sur le marché anversois. Plus encore, les diamants de la RDC font partie des plus représentés à Anvers. Faut-il le rappeler aussi, la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) était une colonie belge et à une certaine époque même "propriété privée du roi de Belgique", c'est dire!

Et parallèlement nous avons le Zimbabwe, pays en paix mais faisant face depuis de longues années aux sanctions occidentales, en premier lieu britanniques et étasuniennes. Des sanctions engagées pour punir le leadership zimbabwéen de sa politique visant les intérêts occidentaux dans un pays pour rappel ayant également et longtemps subi la ségrégation raciale de la part de la minorité blanche, à l'instar de l'Afrique du Sud voisine, période apartheid. Le pays malgré tout tient bon et continue son développement en faisant même partie du TOP 10 des pays africains ayant depuis quelques années les plus forts taux de croissance de leur PIB réel. Pour cela, le Zimbabwe compte beaucoup sur le partenariat avec l'Afrique du Sud et la Chine, principaux partenaires économiques du pays, ainsi que sur des pays comme l'Inde et la Russie. A ce titre, une large délégation d'hommes politiques et d'affaires russes avait visité Harare en septembre de l'année dernière. Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères était d'ailleurs à la tête de ladite délégation.

Mais pour revenir aux sanctions occidentales, qui ont longtemps affecté l'économie zimbabwéenne, le pays n'a pourtant pas fléchi. Plus encore et comme mentionné plus haut, il a largement diversifié ses relations économiques et commerciales, lui permettant d'aller sur la bonne voie. Et les nombreuses découvertes depuis quelques années de nouveaux champs diamantifères, notamment dans l'est du pays, ont fait parler du Zimbabwe comme de l'un des plus grands gisements de diamants au monde. Et compte tenu des relations très tendues entre ce pays et les élites occidentales, ces dernières n'ont pas hésité à lancer de vastes campagnes contre les diamants zimbabwéens, les accusant d'être des "diamants de sang" et en manipulant comme ils savent si bien le faire l'opinion publique internationale, y compris via les médias du mainstream… Pourtant pour rappel encore une fois, le Zimbabwe est un pays en paix et qui ne connait aucun conflit armé sur son territoire. Si ce n'est qu'il doit toujours faire face aux pressions de l'Occident.

Ceci étant un exemple parmi tant d'autres mais pourtant cette différence d'approche est fort significative de la politique occidentale, aussi bien en Afrique que de par le monde en général. D'un côté: viols, massacres, enrôlement forcé, mais rien n'arrête les diamantaires occidentaux de commercer tant que c'est eux qui sont privilégiés à recevoir ces belles pierres acquises par le sang de gens dont la vie n'intéresse aucunement ces élites, toujours assoiffées par les ressources des autres. De l'autre, pression énorme et larges campagnes de diffamation visant un pays qui refuse de céder au diktat extérieur, qui défend sa souveraineté et qui poursuit son développement malgré toutes les tentatives extérieures de l'en empêcher. Et surtout qui refuse de laisser exploiter ses ressources dans une relation de gagnant-perdant, favorisant en lieu un partenariat avec les nations respectant sa souveraineté et ses intérêts légitimes. A méditer.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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