Ces Esquimaux qui se cherchent à travers le détroit de Béring

© Flickr / NOAA Photo Library\Weston RenoudWisps of fog appear like garlands over Little Diomede Island.
Wisps of fog appear like garlands over Little Diomede Island. - Sputnik Afrique
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Des Esquimaux américains et russes, séparés par la Guerre froide, espèrent pouvoir retrouver leurs proches de l’autre côté d’une frontière devenue infranchissable.

Chaque jour, quand Robert Soolook, Esquimau inoupiat de l'ile américaine de la Petite Diomède, regarde tristement à travers le détroit de Béring, il voit les contours de la Grande Diomède, l'île russe habitée auparavant par ses proches. A l'époque de la "guerre froide", ils ont été forcés d'emménager sur le continent russe et les liens familiaux ont été brisés.

"C'est toujours un rappel pour moi", dit M. Soolook à propos de la vue qui se présente devant ses yeux chaque jour, selon l'AP.

La Petite Diomède et la Grande Diomède, situées au milieu du détroit de Béring, entre la Tchoukotka et l'Alaska, ne sont séparées que par 4 kilomètres d'eau, mais la frontière américano-russe qui passe entre eux rend cette distance infranchissable.

M. Soolook et d'autres résidents de son petit village souhaitent renouer les liens perdus avec leurs proches russes, ou au moins faire leur connaissance avec leurs descendants. Ils espèrent réaliser leur rêve grâce au projet de National Park Service, qui leur a accordé une subvention de

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Frontière infranchissable

Jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, les indigènes ont voyagé librement entre les deux îles rocheuses pendant des siècles.M. Soolook n'était pas encore né quand beaucoup d'indigènes russes vivant près de la péninsule tchouktche, le point le plus oriental de la Russie, durent quitter les lieux de peuplement comme celui de la Grande Diomède pour le continent russe, quand le "rideau de fer" s'est abaissé entre l'Union soviétique et l'Occident.

Actuellement, la Grande Diomède, strictement patrouillée, n'est habitée que par des gardes-frontières russes et des météorologistes qui travaillent sur la station fondée en 1941, l'année durant laquelle la Russie est entrée dans la Deuxième Guerre mondiale.

Plus de 20 ans se sont écoulés depuis la dernière rencontre entre M. Soolook et ses proches dans le cadre d'une expédition américano-russe en Tchoukotka, au moment où les relations entre la Russie et les Etats-Unis ont commencé à se réchauffer dans les années 1980. Il espère les revoir encore une fois grâce au projet de l'entreprise Circumpolar Expeditions qui organise des voyages en Alaska et dans l'Extrême-Orient russe.

Une expédition pour réunir les proches

Selon le directeur de Circumpolar Expeditions, Tandy Wallack, son but est d'organiser un voyage en Tchoukotka l'année suivante pour les communautés de la Petite Diomède. En 2017, il envisage de faire visiter la Petite Diomède aux habitants du côté russe. A ces fins, on pourrait organiser différentes festivités: des danses, des dégustations de plats locaux et des récits des contes traditionnels.

Le projet exige une intense coopération entre les parties américaine et russe. Il ne faut pas ajourner sa réalisation, parce que les aborigènes sont déjà vieux, le plus jeune ayant 75 ans, selon l'anthropologiste de la Smithsonian Institution, Igor Krupnik.

La réalisation du projet a commencé en 2013 et avance assez lentement, car il faut respecter beaucoup de formalités: des permissions de voyager entre les deux pays, et des passeports pour les habitants de la Petite Diomède sont nécessaires. Il faut aussi trouver des interprètes russes pour ceux qui ne parlent plus le dialecte local des Diomèdes.

Pour M. Soolook c'est aussi un moyen de rendre hommage à sa mère. "Cela pourrait l'aider dans les cieux", espère-t-il.

 

 

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