Crise grecque: le facteur transatlantique

© REUTERS / Christian HartmannAlexis Tsipras
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Le gouvernement mené par la coalition de la gauche radicale Syriza, arrivé au pouvoir en Grèce en janvier 2015, n'a pas réussi à tenir face à la pression de puissants acteurs extérieurs et aux fortes contradictions intérieures.

La démission du gouvernement d'Alexis Tsipras est devenue inévitable dans un contexte où l'exécutif grec est de plus en plus divisé. De nombreux partisans de Tsipras ont refusé de voter en faveur de l'accord sur le troisième paquet d'aide européen — des injections financières en échange de réformes d'austérité imposées par les créanciers internationaux. Résultat des courses: la coalition au pouvoir a perdu la majorité parlementaire après le départ du mouvement Unité populaire, qui accuse Tsipras de bafouer ses engagements de campagne et de mener une politique opportuniste.

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Le président grec Prokopis Pavlopoulos a remis lundi un mandat à Panagiotis Lafazanis, chef de l'Unité populaire, pour une dernière tentative de former un nouveau gouvernement. S'il n'y arrivait pas aujourd'hui, le pays nommerait un gouvernement technique et organiserait des législatives anticipées.

Tsipras espère que le vote qui devrait avoir lieu durant la deuxième quinzaine de septembre lui permettra de revenir au pouvoir en consolidant ses rangs. Disant "soumettre au jugement des Grecs ses propres exploits et erreurs", Tsipras a cité dans son dernier discours en tant que premier ministre le poète turc d'origine grecque Nâzim Hikmet: "Les plus beaux de nos jours sont ceux que nous n'avons pas encore vécus". Cependant, les politiciens radicalement opposés à la politique d'austérité imposée par l'Europe pourraient livrer bataille à leur ancien meneur lors des prochaines élections.

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Les processus politiques en Grèce sont donc toujours aussi imprévisibles. Athènes a une nouvelle fois placé l'UE face à une épreuve et la question de savoir sous quelle forme l'Europe sortira de la crise grecque est devenue encore plus problématique.

Les observateurs prédisent que les USA sortiront gagnants de la montée en puissance des contradictions au sein de l'UE. Le poids des problèmes du Vieux Continent tourne davantage l'attention des Européens vers Washington et augmente la probabilité de la signature du TTIP — l'accord sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement. Il est possible qu'à terme, le facteur transatlantique puisse avoir un impact sur la crise grecque, compte tenu duquel les problèmes de la Grèce ne paraissent pas aussi impressionnants et catastrophiques pour l'Occident.

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Les USA et l'UE déclarent publiquement que l'accord, négocié dans le plus grand secret, vise à créer une vaste zone de libre-échange entre les deux marchés. Les Américains promettent à l'Europe une croissance annuelle de 0,7%, et de 0,3-0,4% à eux-mêmes. Mais à en juger par les publications de WikiLeaks, le TTIP serait en fait un complot des élites américaines et européennes, dans lequel les USA tireront le principal profit au détriment de l'UE. Ainsi, les Américains pourraient étouffer méthodiquement les exportations non américaines et les investissements en Europe, faire la propagande de l'huile de schiste avec ses dangereuses technologies de fracturation hydraulique, imposer à l'UE des produits génétiquement modifiés en mettant en péril les agriculteurs européens et pour se protéger contre des griefs éventuels, Washington propose d'échapper à la compétence des tribunaux européens et d'organiser les procès uniquement aux USA.

On ignore quels autres détails cache le TTIP. Cependant, les Européens ont déjà recueilli les signatures de plus de 2 millions de personnes, qui estiment que la création d'un espace économique commun avec l'Amérique serait une "menace pour la démocratie, l'environnement, les consommateurs et les conditions de travail".

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