Le communisme à l'américaine

© Flickr / Florida Water DailyLa communauté américaine Twin Oaks
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Les "nouveaux hippies" américains apprennent à vivre avec 103 dollars par mois et à partager leurs partenaires.

Au sein de la communauté américaine Twin Oaks, fondée il y a près d'un demi-siècle, on vit selon les principes d'égalité, de non-violence et de propriété commune. Tout, des voitures et des maisons jusqu'aux partenaires sexuels et aux enfants, est considéré comme commun. Malgré ce mode de vie extravagant, la liste d'attente pour rejoindre la communauté est longue. On examine les raisons qui ont amené plus de 100 Américains à rejeter les valeurs traditionnelles pour rejoindre Twin Oaks.

Une longue histoire
La communauté Twin Oaks a été fondée dans les années 1960 en Virginie par un groupe de 8 enthousiastes, inspirés par le livre du psychologue américain Burrhus Skinner: Walden Two. L'ouvrage décrit une utopie où les enfants appartiendraient à toute la communauté, et les adultes à tous les enfants. Même ceux qui ne peuvent pas avoir leurs propres enfants jouissent donc tout de même du bonheur parental. L'institution traditionnelle de la famille est complètement abolie.

Dans les années 1960, un grand nombre de communautés a émergé aux États-Unis — religieuses ou hippies, "lasses de la société de consommation". Twin Oaks est une communauté laïque, basée sur des principes égalitaires.

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Фото опубликовано Jaclyn Kolev Brown (@jaclynkbrown) Сен 8 2012 в 3:09 PDT

Pendant ses premières années d'existence, la communauté a connu de nombreuses disputes concernant les finances et les enfants communs. Plusieurs membres l'ont quittée, mais leur place a été immédiatement prise par d'autres, qui rêvaient d'égalité universelle.

Pour éviter les problèmes typiques des autres communautés (par exemple la paresse des membres ou le désir de vivre aux dépens d'autrui), Twin Oaks avait élaboré un système de travail flexible. Pour différents types de travaux, un membre de la communauté obtenait un certain nombre d'"heures de crédit". Par exemple, une heure du travail aux champs valait trois heures de crédit, et une heure du nettoyage de la maison une heure. Cependant, avec le temps, ce système a été abandonné, et aujourd'hui on a simplement fixé un nombre minimum d'heures de travail par semaine.

Les enfants de tout le monde
Aujourd'hui, chaque membre de la commune touche 103 dollars par mois pour 42 heures de travail de tout type par semaine. À Twin Oaks, même les enfants travaillent — depuis l'âge de 4 ans ils sont obligés de faire au moins une heure de travail par semaine — que ce soit l'aide à la réparation ou la récolte. Cette norme s'applique également aux personnes de plus de 50 ans.

Bien que les revenus des membres de la communauté se situent bien en dessous du minimum vital, personne n'est touché par la misère grâce à l'utilisation commune des biens.

Les membres de la communauté cultivent ensemble la terre, conduisent les voitures communes (les coûts de réparation sont partagés entre tous les membres de la communauté), dorment dans de vastes maisons conçues pour un grand nombre de personnes, et élèvent ensemble leurs enfants. Chacun a le droit d'avoir des relations sexuelles avec qui il veut.

Pour avoir des enfants, il faut obtenir une autorisation car ils ne sont pas entretenus par leurs parents, mais toute la communauté.

"À Twin Oaks, vous ne deviendrez jamais riche. Vous ne pourrez pas décrocher le jackpot ou monter au sommet de la société. Mais vous ne serez jamais pauvre ou chômeur et ne resterez jamais sans aide médicale et sans abri. C'est un compromis, accepté par ceux qui se sentent bien ici", raconte l'un des membres de la communauté.
À Twin Oaks, 22 personnes sont chargées de s'occuper des mineurs, et les enfants reçoivent une éducation scolaire: dans le bâtiment principal de la communauté, on a organisé une salle de classe pour eux.

Les enfants, comme les adultes, sont autorisés à utiliser internet mais la télé, les jeux vidéo et les armes sont bannis. A Twin Oaks, il n'est pas interdit de regarder des films, des séries et certaines émissions.

Les membres de la communauté préfèrent les passe-temps actifs. Presque chaque soir, on organise des danses, des débats sur les nouveautés littéraires, les habitants montent eux-mêmes des comédies musicales et des pièces de théâtre. Ils discutent des dernières nouvelles du "grand monde" autour d'une tasse de thé ou passent leur temps à jouer à des jeux de société.

L'aspect économique
La communauté détient environ 180 hectares de terres, la plupart destinées aux cultures agricoles. La communauté n'élève pratiquement pas de bétail — les principes de non-violence interdisent de manger la viande des animaux. Les vaches sont élevées uniquement pour leur lait.

#twinoakscommunity

Фото опубликовано Jaclyn Kolev Brown (@jaclynkbrown) Сен 8 2012 в 3:20 PDT

L'argent provenant de la vente de fruits et de légumes est versé au budget commun, d'où, ensuite, on paye des allocations. Une autre source de revenus est la fabrication de hamacs et de tofu. Les produits bios de la communauté jouissent d'une demande stable auprès des habitants de la ville de Louise située à 13 kilomètres.
Certains membres travaillent en dehors de la communauté et tous leurs revenus sont intégrés au budget commun.

Gryphon Corpus a longtemps dirigé une entreprise de production de fil. Elle donnait tout son salaire à la communauté avant d'abandonner définitivement son travail et de venir s'installer à Twin Oaks avec son mari et sa fille de 8 ans. "C'est bien d'avoir une maison à trois chambres bien meublées, un lave-linge et de la climatisation. Mais ce n'est rien comparé au sentiment de soutien et de communauté qu'on éprouve ici", dit-elle.

#twinoakscommunity #workshop

Фото опубликовано Jaclyn Kolev Brown (@jaclynkbrown) Сен 8 2012 в 2:43 PDT

Les questions de religion
Une tolérance religieuse absolue règne dans la communauté. Ici on trouve des chrétiens de diverses allégeances, des païens et des bouddhistes. Toutes les fêtes religieuses sont célébrées par tous les membres de la communauté, que ce soit le Thanksgiving catholique ou bien des célébrations païennes pendant les jours de l'équinoxe de printemps et d'automne. Une autre fête réunissant tous les habitants est le jour de la fondation de la communauté, le 16 juin.
Bien que la grande majorité des membres décrivent leur vie de façon positive, certains partent quand même, rarement. Le dernier exemple est celui d'Imani Cullen, 22 ans, qui n'a pas pu établir de contacts à Twin Oaks et est partie faire ses études dans un collège public il y a quelques années. "À un certain moment, il m'est devenu moins agréable et plus difficile de vivre dans la communauté qu'en dehors", avoue la jeune fille.
D'ailleurs, elle n'exclut pas de revenir après ses études. Selon Cullen, elle sera toujours la bienvenue dans la communauté.

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