Le FBI a déclassifié 137 pages du dossier, dont personne ne connaissait l'existence jusqu'à présent, concernant Gabriel García Márquez. Les 133 autres pages supplémentaires sont toujours classées "top-secret". Cependant, le FBI passe sous silence les raisons qui l'ont incité à placer le célèbre écrivain, âgé de 33 ans à l'époque, sous surveillance.
Memo to @washingtonpost Sunday editors: This story shouldn't have been buried on Page E13. Details of GGM's FBI file: http://t.co/UGn25r7Q57
— Ed O'Keefe (@edatpost) 6 Septembre 2015
En 1961, Márquez est arrivé avec sa famille à New York en tant que journaliste de l'agence de presse cubaine Prensa Latina. Ce serait John Edgar Hoover en personne, le premier directeur du FBI, qui aurait donné l'ordre de surveiller le futur maître du Réalisme magique, indique le journal.
Affectueusement surnommé "Gabo" en Amérique du sud, García Márquez est l'un des auteurs les plus importants et populaires du XXe siècle. Son œuvre se démarque par un imaginaire fertile et constitue une chronique à la fois réaliste, épique et allégorique de l'Amérique latine dans laquelle se recoupent son histoire familiale, ses obsessions et ses souvenirs d'enfance.
FBI spied on Nobel laureate Gabriel Garcia Marquez for 24 years http://t.co/aAeHMufeEA #colombia
— Adriaan Alsema (@adriaanalsema) 7 Septembre 2015
Très tôt, l'écrivain ne montre aucune retenue dans sa critique sur la politique intérieure comme extérieure de la Colombie et sur la situation de l'Amérique du sud. Par ailleurs, il ne fait pas mystère de sa sympathie pour la gauche radicale et les mouvements révolutionnaires auxquels il apporte parfois une aide financière.
Grâce à la reconnaissance internationale que García Márquez a gagnée avec la publication du roman Cent ans de solitude, l'écrivain colombien a pu jouer un rôle de médiateur entre le gouvernement colombien et la guérilla. Il a ainsi pu faire progresser les pourparlers de paix qui se sont déroulés à Cuba entre l'Armée de libération nationale (ELN, deuxième groupe rebelle après les FARC) et le gouvernement colombien.
García Márquez est souvent étiqueté comme provocateur et personne subversive. Au cours des années 1970, des écoles latino-américaines interdisent la lecture et l'étude de ses ouvrages. Pendant plusieurs années, il se voit également refuser des visas par les autorités de l'immigration américaines. D'ailleurs, il fut interdit de séjour aux États-Unis à partir de 1961, date à laquelle il se rallie à la cause de Cuba. Cependant, lorsque Bill Clinton est élu président, ce dernier lève finalement l'interdiction de voyager en disant à García Márquez que Cent ans de solitude est son roman favori.