Nord Stream 2: l’Ukraine pourra perdre le transit gazier

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En signant l'accord sur la construction du gazoduc transbaltique Nord Stream 2, Gazprom a formé un bloc réunissant les plus grandes compagnies énergétiques européennes désireuses d'acheminer le gaz russe vers l'Europe en contournant l'Ukraine.

L'Allemagne sera le principal centre de redistribution du gaz russe en Europe et ce projet permettra de minimiser les livraisons de gaz via l'Ukraine. Kiev, pour sa part, sera privé des recettes du transit. Cette approche contraste avec la politique publique de Berlin, qui continue de soutenir Kiev. Mais les experts rappellent que l'Allemagne, pays clé de l'UE, peut se permettre un tel écart politique au profit de ses intérêts économiques.

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Gazprom et ses alliés européens signent le contrat Nord Stream-2
Au cours du Forum économique oriental de Vladivostok en Russie, Gazprom a signé un accord pour la construction du gazoduc Nord Stream 2 avec la participation de compagnies énergétiques européennes. Le holding russe détiendra la majorité des actions, les allemands E.ON et Wintershall, l'autrichien OMV et le groupe britanno-néerlandais Shell en posséderont 10% chacun, et la société française Engie 9 %. La signature était restée secrète jusqu'au dernier moment et même le porte-parole du président russe Dmitri Peskov avait démenti, la semaine dernière, la signature d'un accord au forum de Vladivostok.

Gazprom est revenu assez soudainement à la transaction, pour échanger des actifs avec l'allemande BASF (société mère de Wintershall). Les négociations avaient commencé en 2012 mais avaient été suspendues par la partie allemande fin 2014, même si la Commission européenne avait donné son accord. Deux semaines plus tôt Gazprom, avait en effet annulé le projet South Stream. Mais dès le printemps 2015 le PDG du holding russe Alexeï Miller a déclaré à Berlin que si l'UE voulait se soustraire aux relations d'interpénétration et d'interdépendance dans le domaine gazier, alors Gazprom changerait sa stratégie. Le marché a interprété cette déclaration comme l'abandon de la politique de sortie sur le consommateur final en Europe menée par Gazprom depuis 10 ans. Désormais, en concluant la transaction avec BASF, Gazprom prend un autre grand virage: le monopole consolide ses parts dans les compagnies pour l'écoulement et le stockage du gaz en Allemagne — Wingas, WIEH et WIEE — et reçoit 50% des parts de WINZ, qui possède des gisements en mer du Nord. Cette manœuvre va à l'encontre de l'idée d'un retrait des actifs européens et place Gazprom dans une situation vulnérable si des sanctions étaient décrétées contre la compagnie.

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Gazprom se bat pour le marché gazier européen
Mais cette transaction témoigne également du changement de position de BASF. Selon les sources proches du dossier, la compagnie allemande a freiné la transaction car celle-ci était "impossible dans les conditions politiques du moment".

La signature d'un accord d'actionnaires sur Nord Stream 2 indique déjà qu'il n'y a de position commune au sein de l'UE ni dans les relations avec Gazprom ni sur la question sensible du transit gazier via l'Ukraine. Les plus grandes compagnies du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de l'Autriche ont signé un projet dont la réalisation ne stoppe pas encore — mais minimise tout de même — le transit de gaz via un pays que ces États continuent de soutenir politiquement. Cet accord diverge avec la position de Bruxelles: selon le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic, aucun gazoduc contournant l'Ukraine ne serait nécessaire (16 juillet). Cela s'apparente également à une discrimination des pays au sud de l'UE, à qui les USA et la Commission européenne ont empêché l'an dernier de construire South Stream. Cette fois, il est proposé de construire un gazoduc d'une capacité de 55 milliards de mètres cubes par an, qui rapporterait des milliards de dollars de transit non plus à la Bulgarie et à la Hongrie, mais à l'Allemagne et à la République tchèque. En outre, pratiquement tout le gaz russe arriverait en Europe par l'Allemagne, ce qui garantirait aux compagnies d'acheminement allemandes des revenus stables pendant des décennies.

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