Crise migratoire: l'extrême-droite va-t-elle y gagner?

© REUTERS / Stoyan NenovAffrontements entre réfugiés et forces de l'ordre locales
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Certains observateurs pensent que les partis d'extrême-droite pourraient bénéficier de la crise migratoire en Europe.

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D'autres, au contraire, estiment que les ultranationalistes n'arriveront pas à marquer beaucoup de points politiques car leurs arguments et slogans seront repris par les partis conservateurs modérés.

En Suède, les sondages montrent que le parti eurosceptique opposé à l'immigration, les Démocrates suédois, devance actuellement les deux principales forces politiques — le Parti social-démocrate suédois des travailleurs au pouvoir et le Parti modéré de rassemblement — avec une popularité de 25,2%. Sachant qu'aux législatives de septembre 2014, les Démocrates suédois avaient déjà établi un record avec 12,9% des suffrages.

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Cette année, plus de 200 incendies contre des lieux de logement des demandeurs d'asile ont été enregistrés en Allemagne. La colère de la population conduit à ce genre d'incidents et à des affrontements ouverts entre néonazis et police à cause de l'absence, dans le pays, d'un champ politique d'extrême-droite bien défini: le parti nationaliste Alternative pour l'Allemagne a éclaté et les marches anti-immigration ont cessé après l'affaiblissement des mouvements qui les soutenaient.

En Autriche, la situation est inverse: les incendies sont rares, mais le Parti de la liberté d'extrême-droite a marqué beaucoup de points ces derniers mois. Lors des élections municipales et au sein des conseils d'arrondissement de Vienne le 11 octobre, il pourrait dépasser le Parti social-démocrate au pouvoir en misant sur les couches de population démunies, où la rhétorique antimusulmane est forte.

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Des processus similaires sont à l'œuvre dans d'autres pays de l'UE, qui n'ont pas encore ouvert si largement les bras aux demandeurs d'asile. En France, la présidente du Front national Marine le Pen profite de la crise migratoire pour renforcer sa base électorale avec des déclarations sulfureuses. "L'Allemagne ne cherche pas seulement à régenter notre économie, la voilà qui veut nous imposer d'accepter des centaines de milliers de demandeurs d'asile. Sans doute l'Allemagne pense à sa démographie moribonde, et sans doute elle cherche encore à baisser les salaires et à continuer à recruter des esclaves via une immigration massive", a-t-elle averti au congrès du FN à Marseille. D'après elle, les politiques européens exploitent cyniquement l'histoire et les images des migrants morts pour susciter la pitié des citoyens et les pousser à se résigner à la situation.

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Le premier argument de l'extrême-droite est la présence, parmi les migrants, non seulement des demandeurs d'asile de Syrie et d'Irak, mais aussi d'immigrés économiques du Pakistan et du Bangladesh. Le deuxième argument est celui de la montée de la menace terroriste au regard de l'activité de l'État islamique. Mais surtout, soulignent les eurosceptiques, la disposition du Vieux Continent à accueillir les migrants pousse des milliers d'individus à se lancer dans un voyage risqué.

Dans le même temps, les observateurs remarquent que les partis conservateurs modérés recourent de plus en plus aux mêmes arguments. "Il ne faut pas s'attendre au renforcement des partis nationalistes radicaux, mais à la dérive de leurs slogans et propositions concrètes vers les partis modérés", estime Vladimir Chveitser, directeur du Centre d'études politiques à l'Institut de l'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie. Et de poursuivre: "Par exemple, en France, il est évident que les Républicains de Nicolas Sarkozy adopteront une approche plus rigide du problème migratoire. En Allemagne, ce sera l'Union chrétienne-sociale (CSU), et en Autriche probablement le Parti populaire autrichien".

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