Les migrants, nouvelle manne financière pour l’EI?

© AFP 2023 ARIS MESSINIS Des réfugiés syriens, Hongrie, septembre 2015
Des réfugiés syriens, Hongrie, septembre 2015 - Sputnik Afrique
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Selon le directeur du Centre norvégien d'analyse globale Christian Nellemann, l'Etat islamique pourrait gagner d’ici la fin de l'année près d'un milliard de dollars en taxant et en extorquant les migrants se dirigeant vers l'Europe.

Le trafic de migrants en Europe risque de devenir la principale source des revenus des terroristes de l'Etat islamique (EI), surpassant la vente de pétrole ou de drogues, a fait savoir Christian Nellemann, chef de section de l'UNEP (Programme des Nations unies pour l'environnement) et directeur du Centre norvégien d'analyse globale.

"L'Etat islamique a besoin d'importantes sommes d'argent afin de pouvoir mener ses activités, car ils essayent de créer un Etat — il s'agit d'au moins de 500.000 millions de dollars de revenu annuel", a expliqué M.Nellemann dans une interview accordée à Sputnik.

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4.000 combattants de l'EI ont pénétré en Europe en tant que réfugiés
"L'année passée, il est devenu difficile d'obtenir de tels profits car la plupart des sommes provenaient de l'industrie pétrolière. Aujourd'hui, cette source ne constitue que 60-80% des revenus. Mais l'Etat islamique est très professionnel en ce qui concerne la recherche de nouvelles sources de revenus, ils sont donc passés à d'autres schémas dont l'imposition de taxes aux migrants et le trafic", a fait savoir l'expert, ajoutant qu'actuellement le trafic de migrants était un business juteux en Afrique du nord ou au Proche-Orient.

Selon lui, les combattants de l'EI tirent des bénéfices non seulement via l'imposition de taxes, mais également en utilisant différents schémas, dont l'intimidation de la population afin de soutirer de l'argent. Le directeur du Centre norvégien d'analyse globale est même allé jusqu'à supposer qu'au cours de l'année 2015, le trafic de migrants rapportera au total 2 milliards de dollars, parmi lesquels la part de l'EI ira croissant.

"Nous pouvons dire assez facilement que ce chiffre augmente de façon fulgurante, car nous savons que les trafiquants ponctionnent de l'argent non pas pour tout le trajet, mais pour une petite partie. L'Etat islamique a été donc particulièrement efficace pour établir des points de contrôle en Libye et aussi dans le Sinaï, ou bien encore près de la frontière entre le Liban et la Jordanie", a-t-il fait remarquer.

Selon l'expert, le succès de l'EI est dû à la très bonne organisation de son activité.

"Nous n'avons jamais eu affaire à un groupe terroriste ayant un système budgétaire aussi développé", a-t-il souligné.

Dans le même temps, l'EI a également tiré bénéfice du chaos que les flux de migrants ont créé en Europe.

"L'EI utilise à dessein certaines stratégies, dont les attaques contre des camps de réfugiés ou des massacres des civils, pour alimenter les flux migratoires", a expliqué l'expert, ajoutant que le contrôle sur les frontières de certaines régions leur a permis de guider des migrants dans une direction précise.

"C'est ce trait qui distingue l'EI. Ils sont extrêmement efficaces dans l'organisation et la gestion des revenus acquis (…). Attaquer leur système fiscal serait probablement le moyen le plus efficace d'arrêter leur expansion", estime Christian Nellemann.

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Des cellules dormantes de l'EI présentes en Europe?
L'expert doute néanmoins de la théorie selon laquelle l'EI utiliserait ces flux migratoires afin d'envoyer des terroristes n Europe. Selon lui, il est peu probable que le groupe recoure à ce schéma, car plusieurs combattants de l'EI sont originaires des pays européens, ce qui signifie qu'ils peuvent revenir sur le territoire européen de façon plus conventionnelle.

Il devient donc clair que la politique européenne consistant à relocaliser des milliers de migrants entre les pays membres de l'UE ne contribuera pas à tarir les revenus de l'EI.

"Nous avons besoin d'un vaste éventail de messages, y compris une intervention directe dans le conflit en Syrie et en Irak", a souligné Christian Nellemann. L'expert a également indiqué que des bombardements n'étant pas suffisants: les pays occidentaux devront priver le groupe de ses revenus tout en rendant les stratégies de recrutement et ses initiatives de propagande inefficaces.

 

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