Canada: un apaisement des relations avec Moscou à l'horizon?

© REUTERS / Chris WattieJustin Trudeau, premier ministre élu du Canada
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Avec l'arrivée au pouvoir des libéraux, des changements de la politique extérieure du Canada ne sont pas impossibles, estiment certains experts. Et pas sans fondement…

Suite à la victoire de son parti aux élections, Justin Trudeau, premier ministre élu du Canada, a annoncé qu'il comptait mener une politique étrangère plus constructive, notamment avec la Russie.

Selon Sami Aoun, directeur de l'Observatoire sur le Moyen Orient et l'Afrique du Nord de Montréal, le nouveau chef du gouvernement canadien est sans doute plus ouvert que son prédécesseur. Pourtant, il existe plusieurs facteurs limitant la marge de manœuvre du Canada sur la scène internationale, notamment la pression de la part des Etats-Unis et de leurs alliés dans le cadre de l'Otan.

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"Cela serait très difficile pour M.Trudeau d'aller sur cette avenue s'il n'y va pas d'un commun accord entre les puissances de l'Otan et surtout de la puissance américaine. Ici il ne peut pas faire cavalier seul", a fait remarquer l'expert dans une interview exclusive accordée à Sputnik.

Néanmoins, selon lui, une certaine modification de la ligne politique envers Moscou est fort probable, Justin Trudeau n'ayant pas "d'option idéologique ferme sur plusieurs dossiers où M.Poutine est engagé".

"En ce sens, il y a une possibilité d'une flexibilité et d'élargir la marge de manœuvre de la diplomatie canadienne et qu'elle ne soit pas confrontationnelle comme celle de Monsieur Harper", a expliqué Sami Aoun.

Une certaine inflexion dans la position d'Ottawa — désormais un peu différente de celle de Washington — sur certaines questions de l'actualité internationale, peut être constatée suite à la déclaration de Justin Trudeau faite le 20 octobre, quand le nouveau premier ministre canadien a annoncé que son gouvernement allait mettre fin à ses frappes aériennes en Irak et en Syrie contre le groupe État islamique (EI).

Dans une conversation téléphonique avec Barack Obama, M.Trudeau a précisé qu'Ottawa continuerait d'être un "membre de premier plan" de la coalition dirigée par Washington. Pourtant, le Canada va se concentrer sur la livraison de l'aide humanitaire plutôt que sur des opérations militaires.

Selon des experts, cette démarche ne signifie qu'une chose: de facto, le nouveau premier ministre a avoué que l'opération militaire menée par la coalition occidentale était trop coûteuse et peu efficace.

"Oui, c'était cher. C'était vain limitativement. Le Canada n'a pas pris le devant de la scène, d'une façon décisive. (…) En ce sens, la mission canadienne était vraiment modeste. Elle était plus concentrée sur l'aide, l'entraînement par exemple des combattants kurdes ou des forces loyales au gouvernement de Bagdad. Sur ce point, la mission canadienne est maintenant en dégradation ou disons en perte de soutien d'Ottawa. Elle ne va pas être un changement majeur à cette campagne, où il y a beaucoup de débats sur son efficacité pour le moment", a précisé le spécialiste.

Pour le moment, Ottawa est obligé d'harmoniser sa politique internationale avec les Etats membres de l'Otan, notamment avec les Etats-Unis. Ses actions sur l'échiquier mondial dépendent en très grande partie de la ligne politique de Washington.

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"Sur le dossier nucléaire iranien, il faut s'attendre que M.Trudeau soit plus explicite en félicitant le rapprochement entre Washington et Téhéran. Et il y aurait des conséquences sur ce point — la réouverture de l'ambassade iranienne à Ottawa. Le même scénario est possible s'il y a un consensus au niveau européen avec l'administration Obama sur la question syrienne, où on pourrait avoir une réouverture des canaux et des circuits diplomatiques entre Damas et Ottawa", a conclu l'expert.

Le 19 octobre Justin Trudeau et son parti libéral ont remporté les élections législatives canadiennes.

Le premier ministre sortant Stephen Harper est connu pour ses critiques de la politique russe en Ukraine et du président russe Vladimir Poutine. Il a également exclu le retour de la Russie au G7 sous la présidence de Vladimir Poutine.

 

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