Riyad, Doha et Ankara face à la nouvelle donne syrienne

© Sputnik . Mikhail Voskresensky / Accéder à la base multimédiaSituation en Syrie
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Dès le début de la guerre de Syrie en 2011, un accord tacite a été mis en place entre les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne avec la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, analyse d`Alexandre Latsa.

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Pensant que la chute d'Assad n'était qu'une affaire de mois, Paris et les chancelleries occidentales ont, avec beaucoup de maladresse et par un cruel défaut de stratégie, sous-estimé les conséquences de la prise en main idéologique et politique des groupes d'opposition sur le terrain.

Le plan initial prévoyait sans aucun doute que le Conseil national syrien prenne le pouvoir et que d'une certaine façon les mouvances radicales ne soient éliminées après avoir fait le "sale boulot". Le Qatar envisageait sans doute que les frères musulmans ne prennent le pouvoir au sein de ce CNS, accompagnant ainsi la dynamique freremusulmanisante des printemps syriens.

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A l'époque, Riyad s'inquiétait de cette dynamique qui aurait pu constituer une forme de modèle et de réfèrent pour nombre de peuples musulmans, sorte d'alternative à l'Islam proposé et promu par Riyad.

Pourtant, le plan de renversement d'Assad n'a pas fonctionné comme prévu. Le soutien de Téhéran et Damas s'est en outre avéré décisif pour permettre à l'Etat syrien de survivre. Un Etat syrien qui s'est montré plus résistant que prévu tant sur le plan de la communication intérieure que dans le maintien de la chaîne de fonctionnement de l'armée.

Immixtion de plus en plus flagrante de puissances étrangères, arrivée massive de combattants étrangers au sein de groupes rivalisant de radicalité et dont l'objectif n'est pas la Syrie… tout cela aura eu raison de l'opposition syrienne dite modérée, qui existe encore moins aujourd'hui qu'il y a trois ans, mettant Riyad, Doha et Ankara face à de nouvelles équations.

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Malgré un nouveau niveau de collaboration (les trois puissances ont collaboré et mutualisé leurs efforts sur le soutien à apporter à la coalition de l'Armée de la conquête qui a opéré dans la zone d'Idlib, la zone qui est la plus visée par les frappes russes), les aspirations du trio régional semblent de plus en plus compromises tant sur le plan énergétique que politique.

Sur le plan international, l'échec du printemps arabe n'a pas permis à cette dynamique de servir de base solide pour l'établissement d'un quelconque modèle alternatif à l'Etat syrien.

Il y a aussi de nouvelles problématiques culturelles, et notamment la montée en puissance des Kurdes qui posent un grave problème à Ankara.

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L'intervention russe laisse maintenant penser que la chute d'Assad est de moins en moins plausible. Et quand bien même ce serait le cas, la présence russe au cœur du dossier syrien ne permet pas d'envisager un scenario de transition sous la houlette du monde salafiste au détriment, par exemple, de l'Iran et des intérêts régionaux non sunnites.

Enfin, et peut être surtout, pendant que la guerre s'est accentuée sur le terrain, l'avènement de l'Etat islamique comme élément fédérateur du salafisme politique et guerrier en Syrie et en Irak a sans aucun doute fait naître une profonde inquiétude tant à Doha qu'à Riyad ou Ankara.

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Les milliers (on parle maintenant d'entre 20 et 40.000) de combattants étrangers qui combattent en Syrie pourraient représenter une forte et réelle menace pour chacun des pays d'origine de ces combattants dont l'Arabie saoudite qui aurait 7.000 de ses ressortissants au sein de Daech. La Turquie, elle aussi en première ligne avec plus de 1.000 ressortissants, vient finalement de rejoindre la coalition anti-Daech, même si beaucoup de questions restent en suspens quant aux motivations profondes d'Ankara.

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