Il y a 50 ans, un capitaine prévenait une guerre nucléaire

© Flickr / Peter LongMartin Mace
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L’Armée de l’aire américaine a permis à John Bordne, ancien membre du 873e escadron de missiles tactiques, de briser 50 ans de silence en racontant l'incroyable histoire d’une erreur qui aurait pu plonger le monde dans une guerre nucléaire.

Le Bulletin of the Atomic Scientists a publié, dimanche, le récit de John Bordne, âgé aujourd’hui de 73 ans, d'un événement qui se déroula à Okinawa et qui aurait pu annihiler l’humanité entière en raison d’une simple erreur de transmission depuis une base de missiles, le 28 octobre 1962.

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Dans le courant de l’automne 1962, l’Union Soviétique achemina des missiles à charges nucléaires à Cuba capables d’atteindre des cibles sur le territoire américain. Le Président John F. Kennedy considéra très sérieusement le fait de prendre des contre-mesures militaires, et les deux super-puissances se trouvèrent ainsi au bord de l’affrontement nucléaire.

Selon John Bordne, quelques heures après que l’une de ses équipes fut appelée pour la relève de minuit, ce 28 octobre 1962, au centre de contrôle des missiles dans le village de Yomitan, sur l’île d’Okinawa, un message radio codé en provenance du centre opérationnel des missiles nucléaires de la base américaine située toute proche de Kadena, parvint aux sites opérationnels.

Huit missiles Mace B Martin Marietta se trouvaient à Okinawa, prêts à être tirés depuis le site de Yomitan. Mais trois autres sites sur l’île comportaient chacun 8 missiles, soit 32 fusées munies de charges nucléaires, et l’ensemble était commandé par le Centre des opérations de Kadena à Okinawa.

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Bordne avait pour mission la maintenance des missiles afin qu’ils soient toujours prêts à être tirés. Trois équipes de 8 heures s'occupaient de déconnecter les missiles pour les neutraliser, inspecter les têtes nucléaires, l’ogive de protection et les systèmes de contrôle de vol puis replacer les missiles dans leur logement.

Lorsqu'il reçut l'ordre codé de lancement par les quatre sites simultanément, avant l’aube du 28 octobre, ce fut la stupeur. La procédure de lancement d’un missile est complexe et comporte quatre niveaux. Les trois premiers consistent à comparer les codes reçus avec ceux communiqués à l’avance à chaque équipe des 4 sites. Or, tous les codes concordaient.

La quatrième et dernière étape était l’identification des cibles. Un seul missile était dirigé vers Vladivostok, en URSS, et les trois autres vers Hanoi, Beijing et Pyongyang. L’ordre stipulait: "vous tirez tous les missiles". C’est alors que Bordne eut la présence d’esprit de manifester directement son inquiétude, car son équipe était en charge de déclencher les 4 missiles en question.

S’apercevant que la Chine figurait parmi les cibles, Bordne retarda judicieusement le passage au niveau 1. Ses doutes furent éveillés par le fait que la portée des missiles était au mieux de 2300 kilomètres et que les cibles soviétiques à portée de Mace B ne revêtaient aucune importance stratégique majeure.

Bill Horn, un autre vétéran et ancien collègue de Bordne, déclara à l'agence japonaise Kyodo News qu’il savait qu’en appuyant sur le bouton il ne reviendrait jamais à la maison et que de toutes façons plus rien ne subsisterait après un tel désastre. Il se souvient que cet ordre reçu du centre de décision fut pour lui le moment le plus proche de la fin du monde civilisé tel que nous le connaissons.

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