La République serbe de Bosnie n'a pas besoin de l'UE

© Flickr / Ebs ElsLa ville de Višegrad en Bosnie-Herzégovine, à l'est de la République serbe de Bosnie
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Dans un entretien exclusif accordé à Sputnik, le président de la République serbe de Bosnie Milorad Dodik s'est dit persuadé que l'adhésion à l'Union européenne n'était pas une démarche sage pour son pays et a expliqué sa position.

En Fédération de Bosnie-et-Herzégovine, la majorité de la population, composée de trois ethnies, les Bosniaques, les Croates et les Serbes, se prononce en faveur de l'intégration du pays à l'UE, mais la décision finale ne pourra pas être prise sans la République serbe de Bosnie, estime Milorad Dodik.

"Je n'ai pas dit que l'adhésion à l'UE était exclue. Mais l'Europe qui n'arrive pas à résoudre ses problèmes, nous attire de moins en moins. C'est ce que je dis, c'est ce que disent les Européens", fait-il remarquer.

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De cette manière, "la grande question d'aujourd'hui concerne l'apparence de l'Europe dans un futur proche", poursuit-il. "Il n'est pas logique de s'engager dans la voie de l'adhésion à l'UE et d'ignorer sous quelle forme l'UE va fonctionner prochainement".

De plus, il n'y a jamais eu aucune réforme dans le processus d'adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l'UE qui n'entraînait pas la suppression de la République serbe de Bosnie.

"Je voudrais que, au contraire, la Republika Srpska, en intégrant l'UE, renforce son autonomie", a insisté l'interlocuteur de Sputnik.

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M. Dodik a également mis en garde contre la "solidarité" que promeut l'UE et a maintenu que toutes les initiatives de cette dernière ne doivent pas être considérées comme optimales. En fin de compte, l'Europe n'est plus aussi attirante qu'elle l'était il y a deux ans. Si, il y a 15 ans, tout le monde voulait se consacrer à l'avenir européen, aujourd'hui la communauté internationale ne croit plus en l'Europe en tant que terre promise ayant une politique infaillible et victorieuse.

A titre d'exemple, le projet de frontières ouvertes a échoué face à l'afflux des migrants. Ensuite, la politique générale de l'UE en l'espèce a échoué elle aussi, car par exemple la Pologne a déclaré abandonner le programme d'accueil des réfugiés après les attentats de Paris.
Alors qu'il y a 15 ou 20 ans, on entendait parler des hypothèses s'agissant d'un conflit des civilisations à venir, sans pour autant les prendre au sérieux, on est témoin à présent du conflit entre les civilisations chrétienne et islamique.

"C'est dommage qu'il y ait des victimes innocentes, elles ne sont pas tout à fait concernées par la grande politique", fustige-t-il.

Apparemment, si la Russie n'avait pas assumé la tâche de combattre l'Etat islamique, cette invasion islamiste aurait perduré pendant des décennies, sans aucun changement.

"Lors du sommet du G20, les principaux critiques de la Russie, tels que David Cameron, ont dit que, sans Poutine, rien ne réussirait en Syrie. Mais nous le savions déjà".

La catastrophe aérienne, survenue dans le Sinaï et faisant plus de 200 morts, a choqué le monde entier, mais il n'y a eu ni mobilisation de l'opinion publique, ni solidarité avec les victimes. Alors que quand l'attentat à Paris a eu lieu, la communauté internationale s'est mobilisée contre le terrorisme, tout en exprimant sa solidarité avec ceux qui y ont perdu la vie.

"La réaction publique aux menaces de l'islamisme radical n'est pas adéquate", conclut M. Dodik. "L'Europe des frontières ouvertes ne réussit pas à s'atteler à de nombreux défis, y compris celui-là. Ainsi, la convention de Schengen est menacée, la politique en matière de sécurité est modifiée, et cela ne tarde pas à se répercuter sur notre région", explique le président de la République serbe de Bosnie à Sputnik.

Selon M. Dodik, plus de 350 ressortissants de Bosnie-Herzégovine ont rejoint dernièrement l'Etat islamique. Et environ 23% de la Bosnie-Herzégovine musulmane est sous l'influence de diverses branches de l'islamisme radical.

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