Le terrorisme à travers les yeux des enfants

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Un matin dans une école bruxelloise, à Molenbeek.

Des enfants parlent du terrorisme comme ils le voient et le ressentent, sans parti pris:

"A cause des terroristes qui ont fait un attentat en France, et la Belgique a peur qu'ils en fassent ici. Et on a fermé les écoles pour rechercher les autres terroristes. C'est des gens qui tuent des gens en croyant qu'ils vont aller au paradis comme ça."

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"Il y a pas beaucoup de gens parce qu'ils ont peur, je sais pas pourquoi. Mais ça va, ici, on se sent en sécurité. Enfin, moi je me sens en sécurité. Ils ont découvert que les terroristes de Paris, ils venaient de Molenbeek, ils ont découvert qu'il y a beaucoup de terroristes à Molenbeek. Ils ont fermé les écoles et les centres commerciaux, là où il y a beaucoup de gens."
"A cause des attentats de Paris, les policiers ne savent pas venir dans les écoles. Parce qu'ils devaient rechercher les terroristes. Ce sont des islamistes, ils imposent leur religion."
"Ma maman m'a dit que ça sert à rien d'avoir peur parce que les policiers sont sur le coup."
"Il y a vraiment beaucoup de tristesse, les écoles ont étés fermées, maintenant la police essaye de retrouver ceux qui ont fait tout ça. Il y a un qui s'appelle Sala Abdeslam, mais ils ont tué beaucoup de gens qui ont rien sans motifs. Ils ont rien fait les gens."

​Mercredi matin à Bruxelles. La ville ressemble peu à la capitale de l'Europe telle qu'on la connaît. Paralysée depuis samedi, elle fait ses premiers efforts pour revenir à une vie normale, malgré un état d'alerte toujours au niveau 4. Les rues sont un peu moins désertes qu'il y a quelques jours, mais elles sont toujours dotées, à chacun de leurs coins, de policiers et de militaires armés. La moitié des stations de métro rouvrent et quelques écoles aussi. Comme par exemple l'école communale No 16, où je me suis rendue, dans le cœur de Molenbeek, la commune bruxelloise devenue mondialement connue après les attentats de Paris.

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7h45 du matin. Quatre policiers longeant les grilles de l'entrée vérifient, avec la directrice de l'école, que chaque personne qui entre fait partie de l'institution. La file d'attente avance doucement, les parents ne sont pas autorisés à entrer. Des phrases comme "oui oui, je la connais, et lui aussi" traversent l'air frais du matin. Les mesures de sécurité semblent un peu superficielles. Vers 8h20, tous les élèves sont dans le hall, près de leurs institutrices qui peuvent désormais les accompagner jusqu'à la salle de cours.
Ce n'est pas une matinée comme les autres. Près de la moitié des élèves est absente, certains parents ont préféré garder leurs enfants à la maison jusqu'à ce que la situation dans la région se stabilise. Les enfants ont entre 8 et 10 ans et ils ont l'air de très bien comprendre ce qui se passe dans leur ville:

"Moi, personnellement, je commence légèrement à avoir peur, parce que j'ai vu la police, ça me rassure un peu, mais il y en pas beaucoup. Mais je suis quand même rassuré d'être à l'intérieur de l'école. Moi, j'aurais encore fermé l'école pendant quelques jours, tant qu'on n'aura pas trouvé Salah Abdeslam. Pour moi, ce serait ça le mieux."

"Ils ont tué des gens innocents, il faut faire une enquête pour qu'on les retrouve et qu'ils arrêtent de faire ça."
"Pour le terrorisme, c'était le niveau 4. C'était dangereux, on pouvait pas venir parce qu'il y avait encore des terroristes qui trainaient quelque part."
"Ils tuent les personnes, il y en a qui s'explosent après. Ils disent que c'est bien pour eux, ma maman m'a dit, parce qu'il y en a qui veulent faire la même chose mais ils arrivent pas à les retrouver."
"Si c'est l'alerte niveau 3, il faut faire attention. Si c'est l'alerte niveau 2, ça va, mais il faut aussi faire attention. Mais si c'est l'alerte niveau 1, tout va assez bien."

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En attendant leur tour de parler, ils lisent en silence JDE, le Journal des enfants, un journal belge sur l'actualité spécialement édité pour les enfants. L'institutrice, qui a préféré ne pas donner son nom, s'est exprimée au sujet des nouvelles consignes de sécurité, qui lui semblent loin d'être efficaces:

"On est une grosse école et donc, comme il y a de plus en plus d'enfants, on a été mis dans des chalets, sur les côté du bâtiment, et évidemment, il y a un accès par derrière, parce que il y a une porte que les terroristes pourraient, s'ils le voulaient, facilement, pousser pour venir jusqu'à nous, et il n'y a personne à la porte. Ce que je me pose comme question, c'est: est-ce que c'est vraiment intelligent d'avoir des militaires uniquement à 8h et à 15H15 quand les enfants sortent?, car pendant la journée les terroristes ne viennent pas."

 

Même s'il faut reprendre un rythme normal, petit à petit, pour Sandra Bernard, directrice de l'école, il ne serait pas de trop de se demander d'où le problème vient. Pour elle, l'absence de frontières entre les pays membres de l'Union Européenne peut être une des raisons de cette crise:

"Je pense que la vie doit reprendre son cours, à un moment donné, qu'on peut pas rester confiné chez soi, et qu'on doit continuer à avancer. C'est malheureux d'en arriver là, mais je pense que les évènements qui se sont déroulés, peut-être, vont faire prendre conscience aux politiques qu'il y a des choses qui ne vont pas, des choses qu'il faut changer. La situation a prouvé qu'effectivement des personnes rentraient un petit peu comme elles voulaient dans les différents pays de l'UE, et je pense que peut-être il ne faut pas changer toutes les modalités mais il y a des choses qu'il faut revoir, il y a des choses où il faut se remettre en question par rapport à Schengen."

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Un matin dans une école bruxelloise

L'Ecole communale No 16 à Molenbeek est une école parmi des centaines d'autres qui rouvraient mercredi pour une demi-journée. Les consignes de sécurité sont les mêmes pour tous, et une question légitime se pose: Abdeslam est introuvable, les dernières perquisitions n'ont pas donné grand-chose, la ville est toujours pleine d'une importante présence militaire; comment attendre que les habitants de Bruxelles reprennent le cours normal de leur vie du jour au lendemain comme si de rien n'était?

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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