La Turquie en voie d'isolement sur le plan diplomatique

© REUTERS / Christian HartmannLe président turc Recep Tayyip Erdogan
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Se montrant complaisante à l'égard du groupe djihadiste Etat islamique (EI, Daech), la Turquie est entrée dans une confrontation indirecte avec la Russie qui soutient le président syrien Bachar el-Assad, constate un journaliste du Huffington Post.

Ankara a commis plusieurs erreurs, ce qui lui a valu un conflit avec la Russie, estime Romain Herreros, journaliste du Huffington Post

"Ankara a réussi le double exploit d'entrer en crise avec Moscou tout en irritant les chancelleries occidentales, autant agacées par la position ambiguë de la Turquie à l'égard de l'organisation djihadiste que par la lutte menée par le pouvoir turc contre les Kurdes, sur lesquels la France —entre autres- compte pour battre Daech", écrit M.Herreros.

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L'auteur signale la complaisance d'Ankara à l'égard de Daech, en rappelant notamment que le président turc Recep Tayyip Erdogan a longtemps refusé de qualifier de "terroristes" les membres de cette organisation. Pourtant, cela n'a pas empêché la Turquie d'être ciblée par les djihadistes sur son propre territoire.

"Accusée sans détour par la Russie de participer activement au trafic de pétrole organisé par Daech, la Turquie se retrouve prise à son propre piège", souligne M.Herreros, en évoquant un contrôle tout relatif que la Turquie exerce sur sa frontière avec la Syrie par laquelle combattants étrangers et armes circulent sans trop de difficultés. 

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Selon le journaliste, la Turquie voyait d'un bon œil l'émergence de l'Etat islamique, parce que ce groupe menaçait à la fois Bachar el-Assad et les combattants kurdes.

"Le président turc tentait via l'EI de précipiter le départ de Bachar el-Assad afin de permettre l'instauration d'un régime sunnite de l'autre côté de sa frontière", relève M.Herreros.

Le journaliste estime que le fait d'abattre un avion militaire russe illustre cet entêtement dans lequel s'est enfermé la Turquie.

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"Car même si Erdogan peut revendiquer la souveraineté de son espace aérien, il ne pouvait ignorer les effets de l'incident à sa frontière (…) Comme résultat, la Turquie est rentrée dans une logique de confrontation avec Moscou, dont elle voit les résultats aujourd'hui. Les amis de mes ennemis sont mes ennemis", a-t-il indiqué.

M.Herreros en vient à la conclusion selon laquelle l'erreur d'Ankara à court terme est d'avoir fragilisé les espoirs d'un front commun contre Daech au moment où Obama et Poutine se rapprochent d'un accord, et à long terme, la Turquie ne pourra plus être considérée comme ayant un rôle de stabilisateur dans la région dans la mesure où elle a largement contribué à "la création d'un monstre".

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