Après la Russie, la Turquie s'en prend à l'Irak

© REUTERS / Murad SezerTurkish soldiers
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Le conflit entre Ankara et Bagdad, provoqué par l'entrée des forces turques en Irak, commence à déborder du cadre de leurs relations bilatérales.

Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni hier soir à huis clos pour parler du déploiement du contingent turc en Irak sans l'accord de Bagdad. Le pouvoir irakien a jeté de l'huile sur le feu en sommant Ankara de retirer ses troupes d'ici 48 heures sous peine de prendre "toutes les mesures nécessaires pour protéger les frontières et la souveraineté du pays". Toutefois, en dépit de la rhétorique ferme du gouvernement et du passage des forces armées irakiennes à un niveau supérieur d'alerte, il est encore trop tôt pour affirmer que le conflit va dégénérer. Face à ce statu quo, Moscou tente de se doter un nouveau levier de pression sur Ankara en commençant à fournir des armes légères aux Kurdes irakiens.

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Les relations entre la Turquie et l'Irak, qui se sont brusquement dégradées après l'entrée sur le sol irakien d'environ 130 soldats turcs, des chars et de l'artillerie vendredi dernier, continuent de s'aggraver. Étant donné que la Turquie n'avait pas consulté Bagdad à ce sujet, les autorités irakiennes ont ordonné dimanche à Ankara de retirer son contingent de la province irakienne de Ninive sous 48 heures. Le Kurdistan irakien, qui est toujours officiellement une région de l'Irak, existe de facto comme un État indépendant avec ses propres forces armées. Mais la ville de Bachika (province de Ninive) où sont déployées les troupes turques ne fait pas officiellement partie du Kurdistan irakien.

Dans ces conditions, le conflit turco-irakien a été soumis à l'examen du Conseil de sécurité des Nations unies hier soir à New York. La Turquie a confirmé hier officiellement sa décision de ne pas retirer son contingent d'Irak en dépit de la pression extérieure croissante, tout en précisant qu'elle ne comptait pas le renforcer.

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Bagdad brandit la menace des sanctions antiturques
Comme la Turquie et l'Irak ne feront certainement pas escalader le conflit dans un avenir prévisible, le grand jeu qui se déroule autour des Kurdes irakiens, qui cherchent à manœuvrer entre Bagdad et Ankara, acquiert une importance particulière. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a annoncé la visite du chef du gouvernement Kurdistan irakien Massoud Barzani en Turquie aujourd'hui. Son déplacement était prévu initialement le 4 décembre, mais avait été reporté suite à l'escalade du conflit turco-irakien.

Du côté de Moscou, qui traverse une période de refroidissement des relations avec Ankara, la "carte kurde" gagne également de l'importance. La revue kurde Rudaw, se référant au consul général de Russie au centre administratif du Kurdistan irakien, Erbil Viktor Simakov, a annoncé: 'La Russie a fourni pour la première fois des armes d'infanterie légères aux troupes kurdes peshmergas qui se battent contre l'État islamique". Jusqu'ici, Moscou n'envoyait pas d'armes directement aux Kurdes irakiens puisqu'ils devaient recevoir une partie des armements livrés en Irak dans le cadre de la coopération militaro-technique entre Moscou et Bagdad.

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