Bientôt du pétrole américain sur le marché mondial?

Le congrès américain pourrait lever l'interdiction d'exporter du pétrole brut des USA en vigueur depuis une quarantaine d'années, ce qui exercerait une pression supplémentaire sur les cours mondiaux déjà en baisse.

Le Wall Street Journal rapporte que le vote sur le projet de loi pourrait avoir lieu dès mercredi, et estime que "cette avancée politique pourrait entrer dans l'histoire et refléter les changements consécutifs à l'explosion de la production pétrolière aux États-Unis".

La Maison blanche désapprouve cette idée pour des motifs économiques et écologiques, et le président américain Barack Obama avait déjà menacé d'utiliser son droit de veto contre tout projet de loi autorisant l'exportation de pétrole américain. De son côté, l'administration actuelle a été confrontée à l'opposition répétée du congrès lors de l'élaboration d'une politique dans le domaine de la protection de l'environnement car les républicains, disposant de la majorité aux deux chambres, soutiennent traditionnellement moins l'ordre du jour écologique.

Les congressistes pourraient donc proposer un compromis. Selon le quotidien, la levée de l'interdiction sur les exportations pétrolières pourrait devenir une condition des négociations qui perdurent sur la constitution du budget fédéral pour l'année fiscale 2016 — les législateurs espèrent que la Maison blanche ne bloquera pas un tel document. A titre de concession, les congressistes comptent proposer à l'administration des moyens supplémentaires pour la protection de l'environnement et le développement des sources d'énergie renouvelables, y compris des conditions fiscales et créancières pour les entreprises de traitement de l'énergie solaire et éolienne. Les républicains sont également prêts à renoncer au blocage de nouvelles mesures de l'administration dans le domaine de la réglementation écologique.

L'interdiction portant sur les exportations de pétrole américain a été instaurée en 1973: les États arabes avaient décrété un embargo sur les fournitures pétrolières à l'Occident, ce qui avait fait monter en flèche les tarifs sur le marché américain. Dans le même temps, le développement et l'exploitation de nouvelles technologies de production ces dernières années, notamment par la fracturation hydraulique, a entraîné un boum de production aux USA — les quantités produites ont été multipliées par 10 depuis 2008. Dans ce contexte, on entend de plus en plus d'appels à lever l'interdiction d'exporter l'or noir, et les compagnies pétrolières cherchent activement à faire passer cette idée au congrès. Elles insistent également sur le fait que l'accès au marché mondial permettrait d'accroître les livraisons et de surmonter les difficultés liées à la chute des prix, car le coût aux USA est largement supérieur à celui des pays du Moyen-Orient et le pétrole bon marché risquerait de ruiner de nombreuses compagnies pétrolières qui prospéraient quand le prix du baril était supérieur à 100 dollars. Les opposants à cette mesure craignent l'augmentation du prix de l'essence sur le marché national en cas d'annulation de l'embargo.

Les experts pensent que les manœuvres des législateurs exercent une pression croissante sur les cours pétroliers mondiaux, qui ont atteint un nouveau record minimal depuis 2008. Le baril de pétrole américain WTI a baissé en fin de semaine dernière jusqu'à 35,62 dollars, et le Brent européen jusqu'à 37,93 dollars.

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