Les chars turcs écrasent des militants kurdes en une semaine de combats

© REUTERS / Rodi SaidKurdish fighters from the People's Protection Units
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Mardi, les chars turcs ont pris pour cible le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à Cizre dans le sud-est du pays. Après une semaine de campagne militaire dans cette région, l’armée turque a déjà éliminé 127 militants kurdes.

Le Parti démocratique des peuples (HDP) rapporte que cette campagne sanglante a déjà coûté la vie à 23 habitants civils. Dont un garçon de 16 ans qui a été tué d'une balle dans la poitrine à Diyarbakir, la plus grande ville de la région, lors de manifestations contre les couvre-feux.

Les affrontements ont forcé des dizaines de milliers de personnes à quitter leurs foyers à Sur, un quartier historique de Diyarbakir, qui a été sous couvre-feu pendant trois semaines, rapporte le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition turque.

La semaine dernière, après que le président Recep Tayyip Erdogan ait promis de se débarrasser des militants, les forces de sécurité ont lancé une nouvelle offensive dans cette région à majorité kurde.

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Le maire de la ville de Diyarbakir Gültan Kisanak a critiqué cette stratégie, en doutant de l'utilité de ces mesures brutales.

"Des chars et des armes lourdes, qui ne sont employés que dans les guerres conventionnelles, ont été utilisés par les forces armées turques, dans les zones où des centaines de milliers de civils vivent", a déclaré M. Kisanak dans un communiqué.

Un procureur turc a ouvert une enquête contre le chef du parti HDP Selahattin Demirtas, ainsi que contre deux autres législateurs du HDP et deux politiciens kurdes.

Ils sont accusés d'avoir violé les lois anti-terroristes et d'avoir encouragé des activités criminelles lors d'une conférence sur l'actualité la semaine dernière où Demirtas avait appelé les Kurdes à résister aux opérations militaires. Dans tous les cas, les législateurs turcs ne peuvent être poursuivis que si le parlement lève préalablement leur immunité.

Les villes de Cizre et Silopi, limitrophes de l'Irak et de la Syrie, sont au centre de la campagne militaire. Les images des médias publics montrent la ville de Sur où les troupes turques patrouillent dans les rues jonchées de gravats au milieu des bâtiments criblés d'impacts de balles.

Traditionnellement replié dans les campagnes, le PKK s'est déplacé vers les villes du sud-est, mettant en place des barricades et creusant des tranchées pour garder les forces de sécurité turques à distance.

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Selahattin Demirtas a affirmé que la campagne visait les habitants locaux qui sont présentés par le gouvernement turc comme des "terroristes".

"Nous soutenons les gens qui résistent aux chars et aux bombardements", a-t-il déclaré avant de partir pour Moscou pour une visite critiquée par le premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu.

Beaucoup de villes du sud-est de la Turquie sont en ce moment sous couvre-feu. A Silopi, l'électricité a été coupée dans de nombreux quartiers car des transformateurs ont été endommagés. L'approvisionnement en nourriture et en eau s'est fait rare dans certains quartiers de Diyarbakir, tandis que les commerçants ont fermé leurs magasins en signe de protestation contre les opérations de sécurité.

Le député du parti HDP, représentant de Sirnak, Ferhat Encu, a déclaré que les corps des personnes tuées dans les affrontements à Silopi étaient conservés dans les maisons en raison du couvre-feu.

Le parti islamiste kurde Hüda-Par, généralement favorable au parti au pouvoir AKP, a annoncé que les forces de sécurité prenaient positions à l'intérieur des maisons d'habitants civils contre la volonté des résidents, ce qui en fait des cibles.

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"En raison du couvre-feu, nos membres et leurs familles ne peuvent pas quitter leurs maisons et partir pour un endroit plus sûr et donc sont devenus des cibles pour les balles", a déclaré un représentant de Hüda-Par. Il a ajouté qu'il considérait le fait d'entrer dans les maisons des habitants par la force comme une "intrusion inacceptable", que ce soit les forces gouvernementales ou le PKK.

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l'été dernier entre Ankara et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour mettre un terme à un conflit qui perdure depuis 1984. La situation s'est détériorée après l'attentat du 20 juillet à Suruc, près la frontière syrienne, organisé par le groupe terroriste Daech et les assassinats de policiers dans le sud-est de la Turquie, revendiqués par le PKK. Pendant ce conflit de trois décennies, 40.000 personnes ont été tuées en total.

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