L'alliance en crise, ou la chaîne d’or saoudienne du président Obama

© REUTERS / Jim BourgBarack Obama et le roi Salmane d’Arabie saoudite
Barack Obama et le roi Salmane d’Arabie saoudite - Sputnik Afrique
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La crise actuelle au Proche-Orient, déclenchée par l’exécution de 47 personnes dont le prédicateur chiite Nimr an-Nimr, en Arabie saoudite, lance une nouvelle étape de déception et de mécontentement mutuel entre le royaume et l’administration du président américain Barack Obama.

La crise américano-saoudienne

Les rapports entre Washington et Riyad étaient déjà tendus, ce qui posait des questions sur les perspectives d'un partenariat pourtant toujours nécessaire pour la partie américaine. Les évènements récents, marqués par le conflit diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran, ont aggravé la situation, estime le journal Politico.

"Nos relations sont dans un état terrible. Riyad ne nous écoutera pas, même si nous voulons être entendus", souligne Elliott Abrams, ex-conseiller de haut niveau sur le Proche-Orient pour l'administration du président américain Georges Bush.

C'est avec l'arrivée de M.Obama au pouvoir aux Etats-Unis que les relations américano-saoudiennes sont entrées dans l'étape des difficultés. Dans le même temps, selon les sources de Politico à Washington, le début de l'époque du roi Salman, pour sa part, a considérablement modifié l'équilibre intérieur des forces en présence à Riyad, qui est devenu plus instable dans sa politique.

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Par ailleurs, la période du prédécesseur du roi Salman, son frère Abdallah ibn Abdul-Aziz Al Saoud, avait déjà été caractérisée par les difficultés diplomatiques. Dans ce sens, la visite officielle du président américain en Arabie saoudite à l'été 2009 avait été un évènement.

La cérémonie photographique officielle à Riyad avait bien étonné les journalistes par son esprit partenaire et même amical: le roi Abdallah avait salué M.Obama en lui offrant une grande chaîne en or. Pourtant, l'entretien bilatéral s'était avéré infructueux pour le président américain, car le roi saoudien avait alors rejeté sa demande de soutenir le règlement au Proche-Orient lancé par les Etats-Unis.

Washington et Riyad: toujours alliés?

Les efforts diplomatiques ont été gravement mis à l'épreuve par des évènements survenus dans les pays d'Afrique du nord. En 2011, M.Obama avait alors pris la décision de renoncer à soutenir le président égyptien de l'époque, Hosni Moubarak, allié très proche de Riyad, et avait pris le côté du mouvement protestataire.

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"L'épisode avec Moubarak est devenu le coup le plus dur à encaisser pour le roi Abdallah, qui avait déclaré: +Notre défenseur se tourne contre l'un de nous, et s'il le fait avec Moubarak, c'est donc qu'il est prêt à faire la même chose avec moi+", explique Martin Indike, vice-président et directeur de recherches sur la politique étrangère de l'Institut Brookings.

La crise a été aggravée lorsque le président américain a commencé à coopérer avec Mohammed Moursi, chef du mouvement "Frères musulmans" de l'époque, organisation qualifiée par Riyad de menace fatale pour son régime.

Plus tard, en novembre 2013, l'initiative de Washington de procéder à des négociations non-publiques avec l'Iran, opposant traditionnel de l'Arabie saoudite, a été largement désapprouvée par Riyad. L'idée d'un accord avec Téhéran était considérée comme inacceptable par les autorités saoudiennes. Elles craignaient un changement radical dans la politique régionale d'Obama.

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"Riyad croyait qu'elles (autorités saoudiennes, ndlr) deviendraient la partie qui perdrait le plus suite à l'accord entre les Etats-Unis et l'Iran", estime Dennis Ross, ex-conseiller sur le Proche-Orient dans l'administration d'Obama.

L'administration américaine actuelle, confrontée à une possibilité de nouvelle aggravation, continue de mener une politique destinée à montrer à la famille royale saoudienne que Washington mise sur ce pays dans la région. Le soutien exprimé par M.Obama pour l'opération militaire saoudienne au Yémen va exactement dans ce sens.

Une telle approche oblige le président américain à être très attentif dans ses déclarations politiques. Malgré son mécontentement face au système politique de l'Arabie saoudite, la Maison Blanche est contrainte de s'abstenir de critiquer l'exécution récente effectuée dans le royaume, conclut le journal.

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