Les journalistes turcs racontent leur détention

© AP Photo / Vedat Arik, CumhuriyetLe rédacteur en chef du quotidien de gauche Cumhuriyet Can Dündar
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Les journalistes turcs accusés d'espionnage et placés en garde à vue pour avoir publié un article révélant le soutien apporté par le gouvernement turc aux islamistes syriens racontent leur détention.

Le rédacteur en chef du quotidien de gauche Cumhuriyet, Can Dündar, et Erdem Gül, chef de son bureau à Ankara, inculpés pour "terrorisme", "espionnage" et "divulgation de secrets d'Etat" et placés en détention provisoire jusqu'à leur procès, ont raconté qu'ils avaient passé 40 jours dans un isolement complet.

"Nous étions seuls dans nos cellules. Ces conditions sont les mêmes que celles qui sont appliquées pour un individu coupable du meurtre de 5 personnes", raconte M. Dündar dans sa lettre à la BBC.

Auparavant, en mai, Cumhuriyet avait diffusé des photos et une vidéo de l'interception à la frontière syrienne de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes syriens à la frontière syrienne en janvier 2014.

Le procès contre M.Dündar et M.Gül a été ouvert suite à une demande personnelle du président turc Recep Tayyip Erdogan. "Peu importe qui a écrit cette histoire, il en payera le prix fort. Je ne permettrai pas que cela reste sans punition", a déclaré le dirigeant turc l'année passée.

M. Dündar a souligné que c'était une décision sans précédent. "C'est la première fois dans l'histoire qu'un président turc demande d'ouvrir une enquête pénale à cause d'un article qui ne le concerne pas personnellement", écrit-il.

L'ancien rédacteur en chef estime que le président turc a pris pour cible les auteurs de l'enquête journalistique parce qu'ils ont révélés l'ingérence du gouvernement turc dans la guerre civile syrienne.

Le journaliste a mis sous le feu de la critique l'Union européenne pour sa coopération avec Ankara au sujet des migrants. "Cela m'attriste que l'Occident ferme les yeux sur l'autoritarisme de la Turquie en échange de la mise ne place de camps de réfugiés", a-t-il écrit.

"Le gouvernement ne peut pas reconnaître que l'on nous a arrêté parce que nous faisons du journalisme. Les autorités cherchent à tromper le public en annonçant que nous sommes coupables de quelque chose d'autre", écrit pour sa part M. Gül.

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Les familles des journalistes ont le droit de les visiter une fois par mois, ils peuvent s'installer autour d'une table et parler sans cloison vitrée. "Cela peut paraître bizarre mais j'ai poussé un ouf de soulagement quand j'ai appris qu'on avait arrêté Can, au moins on ne l'a pas tué", avoue la femme de M. Dündar. Selon elle, des journalistes lui avaient dit que cela était tout à fait possible.

L'incarcération de MM.Dündar et Gül a suscité un tollé dans l'opposition turque et dans les capitales étrangères. Alors que Bruxelles relance les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, le président turc Recep Tayyip Erdoğan muselle la presse.

La Turquie pointe à la 149e place au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF), derrière la Birmanie (144e), le classement comportant 180 pays.

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