700.000 réfugiés en provenance d'Alep hébergés à Lattaquié

© Sputnik . Hediye LeventDe jeunes réfugiés d'Alep à Lattaquie
De jeunes réfugiés d'Alep à Lattaquie - Sputnik Afrique
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La ville syrienne de Lattaquié a accueilli 1,6 million de réfugiés en provenance des villes d'Alep, de Hama, de Homs, d'Idlib et de Raqqa en l'espace de cinq ans, alors que la population de la ville hôte n'avait jamais dépassé les 1,3 million d'habitants.

Les habitants d'Alep sont presque 700.000 à Lattaquié, ils sont les plus nombreux parmi les 1,6 million de réfugiés hébergés dans cette ville côtière qui abrite aussi la base aérienne de Hmeimim.

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Les premiers réfugiés d'Alep ont commencé à arriver à Lattaquié en 2012. L'afflux migratoire a augmenté en 2013 et 2014. Les plus aisés trouvent un emploi et louent un logement à Lattaquié, les autres s'installent dans des écoles, des établissements sportifs et des hôpitaux et subsistent grâce à l'aide fournie par les organisations humanitaires.

Le village Ras el-Bassit, situé en front de mer entre Lattaquié et Kassab, héberge actuellement près de 20.000 réfugiés d'Alep. Certains d'entre eux sont installés dans des maisons et baraquements appartenant à un syndicat local.

"Nous avons mis 472 appartements à la disposition des personnes déplacées. Ils sont tous occupés et certains appartements sont partagés entre plusieurs familles. Le loyer est purement symbolique", a déclaré à Sputnik Basir Gasir, un employé du syndicat. Selon M.Gasir, le village a accueilli les premiers réfugiés en 2012. La plupart des personnes déplacées sont des habitants des villages de la région d'Alep.

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Les histoires de la plupart des réfugiés d'Alep interrogés par Sputnik se ressemblent, mais leurs niveau de vie et besoins sont différents. Il y a ceux qui ont réussi à lancer une petite entreprise et d'autres qui sont obligés de suivre un long traitement médical ou de recevoir une aide humanitaire.

"Nous nous sommes installés ici en 2012. Des bandits armés ont attaqué le magasin où je travaillais et ont volé tout l'argent. Des inconnus ont fait irruption dans ma maison quand je n'étais pas là et ont enlevé mes trois enfants. Nous avons payé une rançon pour les sauver, ils sont maintenant ici avec moi. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ma maison. Je n'en sais rien. Je veux rentrer chez moi, si cela devient possible. Je prie Dieu tous les jours pour cela", a déclaré à Sputnik Abdulkadir, réfugié originaire d'Alep.

Muhammed Faruk, un habitant du quartier d'Al-Kellasse à Alep, a annoncé avoir quitté sa ville en 2012 en raison de combats intenses dans son quartier.

"Nous avons tout abandonné – nos maisons, nos biens et notre travail. Il y a eu des combats acharnés à al-Kelasse, nous avons compris qu'il était temps de fuir. Un de mes enfants a sauvé ses frères et sœurs, nous sommes partis la nuit et nous nous sommes installés ici. Mes deux maisons ont été détruites. Mes cinq enfants sont avec moi, c'est l'essentiel. Il est impossible de décrire ce que nous avons vécu, c'est horrible. Il ne s'agit pas d'une révolution (en Syrie), c'est de l'hypocrisie et des mensonges", a dit M.Faruk.

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Un autre réfugié, Mahmud Denes, s'est retrouvé cloué dans un fauteuil roulant suite à une blessure par éclats d'obus.

"J'habite ici depuis quatre ans, je suis chômeur. J'ai trois enfants dont l'un n'a que cinq ans. J'ai été blessé à la tête et à une jambe par des éclats d'obus. J'ai besoin d'un traitement médical et tout ce que je veux c'est guérir", a-t-il indiqué à Sputnik.

Selahaddin Ziyad, électricien, est aussi arrivé à Lattaquié en provenance d'Alep, fuyant les bandes armées.

"Des bandes armées ont (…) détruit nos maisons. Il y a 4-5 ans, ma famille, composée de cinq personnes, et moi-même sommes arrivés ici. Je passe 15 jours par mois ici et 15 jours à Alep. Je sais qu'il est dangereux de se rendre là-bas, mais il n'y a pas d'électricité à Alep et moi je suis un employé public. Les habitants de la ville ont besoin de notre aide. Je ne peux pas faire autrement", a noté M.Ziyad.

Une femme originaire du village de Zibdiyeh, près d'Alep, a dit que son mari était gravement malade et que leur famille n'avait pas d'argent.

"Nous ne mangeons pas à notre faim. On a brûlé notre maison et nous n'avons plus rien. Mon mari a eu une attaque cardiaque, il ne peut pas travailler. Nous n'avons pas d'argent même pour acheter du pain. Nos enfants cherchent en vain un emploi. Les organisations humanitaires nous aident très rarement, une fois tous les deux ou trois mois", a-t-elle déclaré.

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Une autre réfugiée d'Alep a dit avoir reçu des menaces parce que ses fils servaient actuellement dans l'armée gouvernementale: "Des hommes armés ont fait irruption dans notre maison quand on a appris que mes fils étaient dans l'armée. Ils nous ont menacés. Nous ne pouvions plus y rester. On nous a ensuite dit que notre maison avait été démolie. Mais Allah voit tout et je crois que nous pouvons tout reconstruire. Pourvu que la guerre prenne fin".

Une fille, qui jouait au bord de la mer à Ras el-Bassit, a confié qu'elle allait à l'école locale: "Nous avons quitté Alep pour venir vivre ici. On y entendait toujours des tirs et j'avais très peur. Nous devions nous cacher. Ici je me suis fait de nouveaux amis, mais j'espère que nous pourrons rentrer chez nous".

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