Massacre d'Odessa: quand un journaliste français brise la langue de bois

© Vadim GhirdaOdessa, mai 2014
Odessa, mai 2014 - Sputnik Afrique
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Paul Moreira a réalisé un documentaire sur la tragédie survenue en mai 2014 à Odessa, en Ukraine, alors que plus de 40 personnes trouvaient la mort dans des affrontements entre partisans et adversaires des nouvelles autorités de Kiev.

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Le film, intitulé "Ukraine: les masques de la révolution", sera diffusé lundi 1er février sur Canal+. En présentant son documentaire sur le site de la société de production audio-visuelle Premières Lignes, M.Moreira indique avoir "interviewé des dizaines de témoins directs des faits", ce qui lui a permis de "filtrer un peu les exagérations et les mensonges du côté des attaquants comme des victimes".

L'auteur estime que la couverture médiatique occidentale de la tragédie d'Odessa ne peut pas être considérée comme adéquate vu l'ampleur du drame.

"Quand j'ai commencé cette enquête sur l'Ukraine, j'ai découvert avec sidération à quel point le massacre d'Odessa en mai 2014 avait disparu des mémoires… 45 personnes tuées dans un incendie au cœur d'une grande ville européenne en plein milieu du XXIème siècle!", souligne-t-il.

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Cependant, l'enquête menée par le journaliste, qui allait selon lui "à l'encontre de la narration communément admise", a rencontré une opposition violente de la part de certains journalistes ainsi que du côté de la partie ukrainienne.

"Sur un site ukrainien, je suis qualifié de +terroriste+ à la solde des services secrets russes. On demande l'interdiction du film. Et même l'ambassadeur d'Ukraine fait pression sur Canal+", raconte le réalisateur.

Cette réaction s'explique évidemment par sa vision peu habituelle, pour un journaliste européen, de la crise qui a éclaté en Ukraine fin 2013. Ainsi, M.Moreira a été accusé d'avoir exagéré l'importance des milices nationalistes dans le conflit ukrainien aussi bien que "l'influence des Américains dans le changement de régime" à Kiev. Dans le même temps, on a reproché au journaliste "un récit centré sur les larmes des victimes".

"C'est vrai, j'ai donné la parole à une mère de famille qui avait perdu son fils de 17 ans (…). Elle m'a parlé avec réticence, elle était certaine que je ne garderais pas ses déclarations, que l'Occident ne se souciait pas de leur sort", avoue M.Moreira.

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Le journaliste s'est également attiré des critiques pour avoir déclaré dans son film que le chef du parti de la droite ukrainien Svoboda (Liberté) Oleg Tiagnibok, figure de proue de la contestation de l'hiver 2013-2014, "appartenait à la mouvance néo-nazie".

"Cet homme a maintes fois déclaré qu'il voulait débarrasser le pays de sa +mafia judéo-moscovite+ (…). Il a par ailleurs été le fondateur du parti social-national (ça vous rappelle quelque chose?)", s'explique l'auteur du documentaire.

"Si on en reste au niveau de la perception publique globale, oui, il est clair que le grand public ne connait ni l'importance des groupes néo-nazis ukrainiens, ni l'existence du massacre d'Odessa. Et cela, parce que cette question a été sous-traitée", conclut Paul Moreira.

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