Archevêque d'Alep: "Si l'Occident veut nous aider, qu'il nous aide à rester chez-nous"

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En 2015, le Vieux Continent s'est retrouvé confronté à un défi inattendu: près d'un million de réfugiés sont entrés en Europe, un record depuis l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Et pendant que les pouvoirs européens peinent à trouver une solution, la voix d'un évêque s'élève à Alep. Son message est simple: aidez-nous... à rester en Syrie.

Ces dernières semaines, la ville syrienne d'Alep est de nouveau en tête des bulletins d'informations: tandis que les autorités syriennes, dont les troupes poursuivent leur progression dans le nord, définissent la prise du contrôle de cette ville comme leur priorité stratégique, l'Occident dénonce les victimes civiles et la Turquie voisine enregistre un nouvel afflux de réfugiés. La voix des habitants de la ville, de ceux qui vivent la guerre depuis près de quatre ans au jour le jour se perd derrière tous ces enjeux. A quoi aspirent-ils? Retrouver la paix et rester dans leur pays, confie Monseigneur Jeanbart, archevêque d'Alep, dans un entretien accordé à Sputnik.

"Si l'Occident veut nous aider, si quelqu'un veut nous aider, qu'il nous aide à rester chez-nous, qu'il pousse vers la paix, vers une solution à cette crise", a indiqué l'archevêque.

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D'ailleurs, aider les gens sur le terrain, prévenir les nouvelles vagues de réfugiés coûterait à l'Occident, "1.000 fois moins chers", estime-t-il. Et de rappeler que l'Allemagne avait octroyé cinq milliards d'euros à la Turquie pour que cette dernière s'occupe des réfugiés syriens. Et pourtant, selon l'homme d'Eglise, un à deux milliards pourraient suffire à aider les Syriens de toutes les confessions à rester au pays.

Mais c'est surtout la bonne volonté d'arrêter les combats qui aurait suffi pour venir en aide aux Syriens, juge-t-il. "Avec très peu d'argent et un peu de bonne volonté pour arrêter les batailles, empêcher ceux qui envoient des mercenaires de les financer, les choses iraient bien et il n'y aurait pas besoin d'envoyer des milliards pour s'occuper des réfugiés", indique-t-il.
Excédés par des années de guerre et incapables de gérer la crise par eux-mêmes, les Syriens placent tout leur espoir dans le succès des négociations internationales, tout en réalisant que le chemin menant à l'entente sera épineux. Mais leur reste-t-il un autre espoir?

"J'attends beaucoup et je souhaite qu'elles (les négociations, ndlr) réussissent, même s'il y a eu quelques difficultés en chemin", confie Mgr. Jeanbart, avant de rajouter: "Tout le monde a besoin de la paix: que ce soit le gouvernement, que ce soit l'opposition, et surtout les citoyens. Ce sont les pauvres citoyens qui paient, c'est nous qui payons les frais de ces batailles".

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En attendant, il vit dans l'espoir qu'un jour son pays, que les Syriens aiment comparer à une "mosaïque de confessions et d'ethnies", renaisse des cendres pour redevenir la terre de la paix, de la multiculture et de la tolérance. "Je demande au Seigneur de faire en sorte que cette guerre finisse le plus tôt possible, qu'il y ait un dialogue et que l'on retrouve la Syrie que nous avons toujours connue: une Syrie où vivent ensemble chrétiens, musulmans, druzes, alaouites, où nous vivons en frères", rêve aujourd'hui l'archevêque d'Alep.

Regardant au-delà de la pensée binaire, l'archevêque tente de trouver un signe, un sens profond dans l'épreuve à laquelle sont confrontés son peuple et son pays. Ne serait-ce qu'"une rencontre œcuménique, historique, tant attendue entre l'Eglise de Russie et l'Eglise Catholique", s'interroge-t-il, se référant à l'entrevue entre le Pape François et le patriarche Cyrille prévue le 12 février à Cuba.

"J'ai beaucoup d'espoir, un grand espoir, que j'attends de la rencontre du St-Père François Ier et du Patriarche Cyrille, je crois que cela va beaucoup aider à pousser vers une solution. Cela va pousser l'Occident, la Russie, la Syrie et tout le monde à faire un supplément d'efforts pour réaliser la paix", a conclu Mgr. Jeanbart.

Resté à l'abri des troubles au cours des premiers mois suivant le début de la crise, Alep semblait être un des rares havres de stabilité en Syrie. Des tensions éclataient çà et là, mais rien ne se passait à Alep. La donne a changé en 2012: premiers attentats-suicides, premières manifestations, et voilà qu'à l'été 2012 la deuxième ville du pays figurait dans tous les bulletins d'informations comme le "Benghazi syrien" (en référence au fief de l'opposition libyenne). Quatre années de combats et de destruction ont suivi.

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