Les kurdes se réunissent à Strasbourg pour dénoncer l'armée turque

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Ils sont 1500 à manifester devant le Palais de l’Europe à Strasbourg dans l’espoir d’être entendu enfin. Les massacres continuent dans les villes Cizre, Idil, Sûr et Sirnak, où près de 200 civils déjà ont perdu leurs vies sous les balles des forces turques et séquestrés dans des caves de refuge.

L'Europe tente de s'en mêler timidement…J'ai pu joindre Nursel Kilic, responsable des mouvements des femmes kurdes en Europe, qui se trouve actuellement à Strasbourg et explique à Sputnik l'état actuel des choses.

Nursel Kilic: Nous sommes au 6émé jour de ma manifestation devant le Conseil de l'Europe et la Cour Européenne des Droits de l'Homme, nous manifestons contre les massacres que les civiles subissent encore à Cizre et qui se propagent à Sûr, Diyarbakir, Sirnak et d'autres provinces aux alentours, dans la ville d'Idil notamment, aujourd'hui où les opérations de l'armée turque irrégulière ont commencé à s'intensifier. Nous sommes actuellement au 76ème jour du couvre-feu dans la ville de Cizre, Sûr et Idil où il y a une certaine population ciblée par ces attaques de l'armée turc irrégulière, menée par les forces spéciales. Pendant ces 76 jours il y a eu plusieurs immeubles ciblés par des attaques à la bombes et aux armes chimiques qui ont fait qu'a peu près 200 civiles ont péri ont été brûlés vifs parmi eux des étudiants, des défenseurs des droits humains des journalistes des intellectuelles mais aussi mais aussi des jeunes qui ont pris des armes derrière cette barricade pour contrer ces attaques de l'armée turque irrégulière. Il y a eu aussi des enfants, des bébés de 35 jours, qui sont devenus des cibles de ces balles, de cette artillerie lourde face à la population civile kurdes dans la ville de Cizre.

© SputnikLes conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil.
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil. - Sputnik Afrique
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil.

Les opérations de l'armée turque continue, et les civiles essayaient de résister. On découvre encore tous les jours des différents sous-placements dans les immeubles à Cizre, 20 encore 30 personnes ou parfois 50 personnes qui sont séquestrées et qui n'arrivent pas à sortir sous les ruines et des décombres des immeubles qui ont été visés à la bombe par l'armée turque. Ce qui se passe c'est que les municipalités de Cizre de Sûr et d'Idil essayent d'envoyer des ambulances vers ces immeubles-là, pour secourir les blessés qui sont séquestrés à l'intérieurs des sous-sols, mais les blessés n'arrivent pas à être transportés, et finalement au bout de quelque jours ils ont des problèmes d'hydratation, d'alimentation, de tous les besoins vitaux, et les blessés meurent un par un. Il y a des snipers, et toutes ces forces spéciales sont directement lié et sous l'ordre et le commandement du gouvernement turc, parmi eux il y a des snipers qui visent directement des civiles, des femmes, des enfants, partout dans la rue et dans des immeubles où les gens essaient de se réfugier contre ces attaques…

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KL: Est-ce que vous êtes en contact avec direct avec la population civile à Cizre?

NK : Donc nous ici on a eu les échos, on a eu directement le témoignage de Faysal Sariyildiz qui est le député de Sirnak donc de HDP qui est venu faire des rencontres dans des institutions européennes, ici notamment dans le Conseil de l'Europe avec le cabinet du secrétaire général du Conseil de l'Europe mais aussi avec le Commissaire des droits de l'homme du Conseil de l'Europe et lui nous avons eu l'opportunité de suivre son témoignage, d'être témoin de ce qui s'est passé, des massacres en fait qui se sont passés à Cizre notamment, et lui disait dans son témoignage qu'au bout du quarantième jour ou du cinquantième jour il n'arrivait plus avoir de contact avec aucune personne dans les sous-sols, aucune communication, aucun appel téléphonique, qu'il n'y avait plus de connexion internet, qu'il n'arrivait plus à joindre ces personnes-là. Actuellement il n'y a pas de contact direct avec des personnes qui sont séquestrées, qui sont réfugiées dans les sous-sols.

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KL: Vous êtes sûre que l'opération menée par l'armée turque continue?

NK: Oui, elle continue actuellement malgré le fait que le ministre des affaires de l'Intérieur de la Turquie avait déclaré il y a de cela deux semaines que le couvre-feu était levé à Cizre. Malgré cette déclaration officielle les opérations continuent encore actuellement.

KL: D'où provient cette information? Pourquoi vous êtes sûre que l'opération continue?

NK:: Parce que nous avons les images, nous recevons des images tous les jours des chaînes télévisées et des journalistes qui essaient de capturer des images du massacre au Kurdistan. Donc on reçoit des images, tous les jours de nouvelles images. Et je voudrais préciser là-dessus que les images des corps qui sont diffusées maintenant dans les réseaux sociaux, dans différents organes de presse notamment kurdes, ce sont des images qui ont été partagées dans les réseaux sociaux par la police elle-même, par le gouvernement lui-même. Donc ce sont des corps qui sont carbonisés, notamment carbonisés. Et je peux vous donner un autre chiffre: c'était sur 175 corps qui ont été maintenant récupérés des décombres il en y a notamment 25 qui ont été pu être identifiés. Donc seulement 25 qui ont pu être identifiés. Les familles n'arrivent pas à récupérer les corps — ça s'est un problème, encore c'est une situation inacceptable pour nous, ce que les familles n'arrivent pas à récupérer le corps de leurs enfants ou de leurs proches, ou des enfants qui ont été exécutés sur place. Et c'est une première parce que ce sont des exécutions collectives et les gens sont brûlés vifs devant les yeux du monde entier et nous sommes face à face à un embargo de la presse, à un embargo de la presse turque notamment mais aussi de la presse internationale qui n'arrive pas à diffuser ce qui se passe vraiment, la situation vraiment réelle sur place.

KL: Il y a la réaction maintenant de l'Europe. Ca fait six jours déjà que vous êtes à Strasbourg, c'est bien cela?

NK : Oui cela fait maintenant six jours que nous sommes en train de manifester devant les institutions européennes à Strasbourg.

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KL : Est-ce qu'il y a un quelconque retour? Est-ce que vous avez eu des réactions?

NK: La seule réaction qu'on a eue c'est qu'aussi bien le cabinet du secrétaire général du Conseil de l'Europe que du Commissaire des droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qu'ils suivaient de près la situation sur place, qu'ils avaient fait plusieurs demandes pour se rendre sur place pour analyser la situation sur place mais que la Turquie, l'Etat turc n'autorisait pas pour l'instant la visite du Haut-commissaire des droits de l'homme du Conseil de l'Europe à Diyarbakir et à Cizre notamment, pour des raisons de « sécurité » alors qu'eux-mêmes ils ont déclaré que le couvre-feu était levé il y a quinze jours. Donc il y a des obstacles à ce que la vérité puisse faire surface au niveau de l'opinion publique internationale.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

 

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