Focus sur l'armée de l'air syrienne

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La guerre civile en Syrie a commencé il y a près de cinq ans mais n'a pas encore fait l'objet d'une description détaillée.

L'un des chapitres les plus intéressants de cette histoire de la lutte contre les islamistes radicaux et leurs alliés sera indéniablement l'analyse des actions de l'armée de l'air syrienne, qui ont beaucoup influé sur le déroulement de cette guerre. L'armée de l'air syrienne a toujours eu bonne réputation. Et ce n'est pas étonnant: Hafez al-Assad, qui a dirigé le pays entre 1971 et 2000, et son irremplaçable ministre de la Défense Mustafa Tlass (1972-2002), avaient tous les deux un important bagage de pilotes. La qualité des forces aériennes arabes est souvent jugée au regard de la défaite catastrophique dans la guerre des Six jours contre Israël, en 1967, mais dans les conflits qui ont suivi et malgré la supériorité technique et opérationnelle de l'aviation israélienne, les Syriens se sont distingués à plusieurs reprises aussi bien par une meilleure préparation des pilotes que par leur haut niveau d'organisation.

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A la fin des années 1980, le progrès de l'armée de l'air syrienne a marqué un temps d'arrêt: après la chute de l'URSS le pays a cessé de recevoir du matériel militaire à des conditions préférentielles, et l'économie syrienne ne pouvait pas se permettre d'acheter de nouveaux avions aux prix du marché. Toutefois, Damas n'a pas partagé de préoccupations à ce sujet: les relations avec Israël étaient stabilisées et, en cas de conflits intérieurs, les avions déjà livrés suffisaient — d'autant que les avions d'attaque russes Su-24MK, Su-22M4, MiG-23BN et les chasseurs MiG-23ML et MiG-29 reçus dans les années 1980 étaient considérés à l'époque comme des appareils très modernes.

Néanmoins, au début des années 2000, la Syrie a étudié la possibilité de moderniser son armée de l'air avec l'aide de la Russie. En particulier, les militaires syriens s'intéressaient aux chasseurs Su-27 — mais l'information sur la livraison de ces avions à Damas n'a pas été confirmée.

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Dans le 4e numéro du magazine Moscow Defense Brief de 2012 est paru un article de Mikhaïl Barabanov intitulé "Les intérêts russes en Syrie: mythes et réalités" annonçant que deux contrats avaient été signés en 2007: l'un pour la livraison de 12 chasseurs MiG-29M/M2 et l'autre pour 8 chasseurs intercepteurs MiG-31E. Un autre a été conclu début 2012 pour la livraison de 36 nouveaux Iak-130 d'entraînement et de combat dont les équipements permettent notamment de remplir les tâches des avions d'attaque en utilisant, entre autres, des armes de haute précision. Mais ces projets n'ont pas pu aboutir: les problèmes financiers de Damas, puis les soulèvements qui ont dégénéré en guerre civile dans tout le pays, ont rendu la maintenance des avions et des hélicoptères indispensable.

Les opérations qui ont commencé en 2011 et se sont répandues sur une grande partie du territoire syrien en 2012-2013 ont poussé Damas à utiliser toutes les ressources à disposition, y compris le matériel obsolète. Des dizaines d'avions et d'hélicoptères avaient été perdus sur les bases prises par les forces antigouvernementales — mais il s'agissait en majeure partie d'engins inexploitables. Pratiquement tous les appareils capables de voler ont été rapidement concentrés dans le centre et à l'ouest de la Syrie.

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Même si la presse ne fait pas de déclarations retentissantes à ce sujet ces dernières années, ce que réalise l'armée de l'air syrienne (sans minimiser les mérites des unités terrestres et des rebelles) est héroïque. Souffrant d'une pénurie de pièces de rechange, de munitions modernes, de carburant, à bord d'avions dont la durée d'exploitation a souvent expiré, avec des pilotes qui n'ont pas suffisamment d'heures de vol pour travailler la lutte contre la défense antiaérienne, l'aviation syrienne a tout de même continué de remplir ses missions. Parfois dans des conditions impensables: à Deir ez-Zor assiégée, par exemple, des chasseurs MiG-21 décollaient sous les feux des canons en attaquant l'ennemi retranché à quelques centaines de mètres de la piste de décollage. Sachant que les chances de reste en vie si les choses tournaient mal étaient minimes: le service de sauvetage de l'armée de l'air syrienne n'est pas très bien développé et l'exécution aurait certainement été le sort le moins pénible réservé à un pilote kidnappé par des terroristes.

Dans ces conditions, l'aviation syrienne a rempli pratiquement toutes les tâches — du soutien des bases bloquées aux frappes chirurgicales. Selon certaines informations, en mars 2014 le vol du bombardier Su-24MK avec une bombe guidée reçue de Russie a déterminé le sort du Krak des Chevaliers de la ville de Homs, une forteresse prise par les terroristes en 2013. La bombe de haute précision a percé une brèche dans les renforts, dont ont profité les forces spéciales syriennes qui ont fait exploser la forteresse et éliminé les extrémistes.

L'armée de l'air syrienne reste l'unique force à disposition de Damas capable d'appuyer efficacement ses propres troupes aussi bien lors d'opérations de défense que d'attaque, cependant le nombre d'appareils opérationnels au vu des pertes et de l'usure physique se réduit inéluctablement et invite à réfléchir aux perspectives de ce soutien et de la guerre en général.

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