Le PKK: France maintient sa position malgré la pétition des eurodéputés

© REUTERS / Asmaa WaguihKurdistan Workers Party (PKK) fighters leave their base in Sinjar, March 10, 2015
Kurdistan Workers Party (PKK) fighters leave their base in Sinjar, March 10, 2015 - Sputnik Afrique
S'abonner
Terroriste ou pas terroriste? Le PKK ne sera pas retiré de la liste des organisations terroristes établie par L’UE, c’est le Quai d’Orsay qui l’affirme à nouveau.

Cette affirmation d'une position « claire et constante» partagée avec Ankara et Washington, arrive en réponse à une pétition à ce sujet et signée par plus de cent eurodéputés la semaine dernière.

People stand near by the Kurdistan Workers Party (PKK) flag in the center of Diyarbakir on September 14, 2015. - Sputnik Afrique
La France s'oppose au retrait du PKK de la liste des organisations terroristes
Le texte appelle l'UE à retirer le PKK de la liste noire, car d'une part, cela empêche de résoudre pacifiquement le problème kurde qui a causé en trente ans la mort de plus de 40 000 personnes. Et d'autre part, le PKK comme le YPG et le YPJ sont les seuls forces armées au sol syrien et irakien qui font reculer Daech et qui ont sauvé des dizaines de milliers de Yézidis…D'après Djordje Kuzmanovic, secrétaire national du Parti de Gauche en charge des questions internationales et de défense, cette ignorance de la part de l'UE et de la France est calculée:

« Je crois que cette question, il faut la poser à M. Hollande et à M. Valls surtout. Nous sommes tout autant surpris puisque les termes du débat sont posés de cette manière-là. Il y a des organisations terroristes contre lesquelles les kurdes, leurs différentes composantes mais en particulier le YPG, le PKK luttent. Les terroristes, ce sont plutôt Daech ou al-Nosra, Al-Qaida. Or le problème c'est que visiblement le gouvernement turc dirigé par Erdogan a des relations troubles et douteuses avec ces organisations terroristes-là et qu'il doit faire pression sur le gouvernement français pour que la France ne retire pas le PKK des organisations terroristes. »

​Les arguments des signataires n'ont pas été entendus. Et ce n'est pas la première initiative dans son genre, En 2013 déjà L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté à 150 voix sur 161 une résolution selon laquelle le PKK ne doit pas être considéré comme une organisation terroriste. Et au Royaume Uni une pétition avec le même appel a collecté plus de 5000 signatures virtuelles. Djordje Kuzmanovic estime que ce n'est pas seulement la Turquie qui fait la pression à l'UE concertant ce sujet:

« Pour comprendre le problème sur cette question-là il faut remonter un peu plus loin sur les causes de la guerre en Syrie. Comme l'a déclaré Robert Kennedy Jr lui-même il y a très peu de temps dans la revue Atlantico à Washington: si le Qatar souhaitait construire un gazoduc à travers le Proche-Orient passant par la Syrie, le président Assad a refusé et il s'en est suivi une coalition de l'Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie, tous alliés des Etats-Unis et de la France, pour renverser le régime syrien. Je pense que plutôt le problème c'est que les Etats-Unis, la plupart des pays européens dont la France ont les mains liées par cette alliance initiale ou cet accord qui était surement secret, initial. Je fais remarquer également que lorsqu'il y a eu les attentats de janvier de l'année dernière, les premiers attentats à Paris, les frères Kouachi se sont déclarés agissant par Al-Qaida, la France n'allait pas riposter contre Al-Qaida, elle a riposté ailleurs, et donc voilà c'est les mains liées à cause des engagements précédents. »

© SputnikLes conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil - Sputnik Afrique
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil

Une couche de plus vient d'être déposée par le vice Premier-ministre turc, Lutfi Elvan, qui a appelé l'Organisation des Nations Unies (ONU) à classer le PKK et sa branche syrienne, le PYD, parmi les organisations terroristes, soulignant la nécessité pour la communauté internationale de prendre une position claire à l'égard des organisations terroristes. La clarification semble être un point important pour Ankara, dont la position envers Daech n'est pourtant toujours pas claire pour tout le monde… Djordje Kuzmanovic remet en question la politique dangereuse de l'Etat turc:

« Le problème du gouvernement turc actuel, un des problèmes, c'est ce qu'en juin il a rompu le processus politique initié avec les différents composantes kurdes et relancé le conflit afin d'assurer le meilleur résultat lors des élections législatives. D'ailleurs ce qui est flagrant de constater à la télévision d'Etat turque que le HDP était systématiquement qualifié de PKK. Le gouvernement turc a profité des attentats à Suruç pour lancer des opérations contre le PKK et encore une fois les Turcs souhaiteraient que l'alliance initiale qui regroupait les Etats-Unis, la France, le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie contre le régime en Syrie soit maintenu et que soient considéré comme terroriste dans leur vision le PKK et pas les autres avec lesquels elle négocie. Alors que c'est tout le contraire évidemment qu'il faudrait faire. »

En novembre dernière le chef des rebelles kurdes, Cemil Bayik, a exhorté l'Union européenne et les Etats-Unis à lancer une initiative de paix pour mettre fin à la guerre civile, mais la démarche pacifique d'un présumé « terroriste » d'après l'UE et US, n'a pas été prise en compte.

© SputnikLes conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil - Sputnik Afrique
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil

D'après Cemil Bayik le gouvernement turc dit que cette guerre durera jusqu'à ce que tous les combattants kurdes soient tués ou se rendent. Ces mêmes forces kurdes qui sont les seuls à combattre Daech effectivement d'après les Etats-Unis par exemple… A clarifier.

J'ai pu joindre Ana Gomez, membre du Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen. Ana Gomez est une des initiatrices de la pétition pour le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes établie par l'Union Européenne:

​« D'avoir cette initiative oui, que j'ai prise mais accompagnée avec plus de 100 autres membres du Parlement Européen, donc c'est significatif. Pourquoi nous le faisons? Parce que nous pensons qu'il faut absolument trouver une solution pacifique, négocier pour la question Kurde en Turquie. C'est la voie que Monsieur Erdogan avait initialement initié, il s'est assis avec Monsieur Öcalan, et à l'époque il n'a pas fait tout ce fracas en disant qu'il était un terroriste, il s'est assis avec Monsieur Öcalan. C'est cette voix de négociation qui est nécessaire en Turquie, déjà pour la population turque d'origine kurde qui souffre en ce moment une attaque violente, une répression féroce de la part des forces du président Erdogan qui à mon avis ne servent pas la Turquie et ne servent pas aussi l'Europe et la sécurité de l'Europe. D'ailleurs d'autant plus que ces actions violents s'allongent jusqu'au territoire de Syrie, jusqu'aux forces syrienne kurdes, qui ont été et qui sont nos vrais alliées dans la lutte contre le terrorisme. Les seuls qui sont sur le terrain et qui vraiment combattent le terrorisme, alors que la Turquie d'Erdogan joue un double jeu, il est bien connu que le soutien logistique et autre de facilitation des chemins, disons des frontières, ouverture des frontières, les groupes extrémistes qu'on combat maintenant que ce soit Daech soit Al-Nostra n'auraient pas pu avoir les forces qu'ils ont en ce moment en Syrie et lesquels on combat. Nous ne voulons pas que l'UE continue à succomber du régime de monsieur Erdogan. Pour qu'il puisse pas utiliser l'excuse du terrorisme, appelant les kurdes terroristes pour ne pas s'assoir à la table et trouver une solution pacifique pour la question kurde en Turquie. Sans cela on n'aura pas la paix en Turquie et dans la région notamment en Syrie. »

© SputnikLes conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil - Sputnik Afrique
Les conséquences des bombardements de l'armée turque dans la ville d'Idil

Aujourd'hui le préfet de la province turque de Diyarbakir, Huseyin Aksoy a annoncé que 98% des six quartiers du district de Sûr ont été nettoyés des terroristes du PKK. Ce nettoyage a eu lieu dans les villes dont Sputnik a parlé à plusieurs reprises, où les bombardements de l'armée turque ont causé la mort de plus de 200 civiles, des femmes et des enfants, Sputnik possède des photos de morts et de décombres dans les villes d'Idil et de Cizre. Pendant que Bruxelles, et Washington n'arrivent pas à définir qui sont les « vrais » terroristes, les innocents meurent et Ankara fait la loi.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала