Erdogan sur les pas du Sultan Mohamed XII (Partie I)

© Sputnik . Alexei NikolskyRecep Tayyip Erdogan, président turc
Recep Tayyip Erdogan, président turc - Sputnik Afrique
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La déliquescence définitive de la Turquie contemporaine apparaît aujourd'hui engagée sous le joug de Recep Tayip Erdogan.

Je l’affirme et je l’écris noir sur blanc en français, après l’avoir déclaré en arabe à la presse égyptienne et notamment au célèbre quotidien Akhbar El-Yom, le 28 novembre 2015 que vous pouvez le consulter sur mon site. Une guerre se déclenchera entre la Russie et la Turquie, au terme de laquelle le dirigeant turc ne fera pas exception dans l'histoire des défaites militaires turques face à la Sainte-Russie.

Cette théorie n’est pas une divination à travers une boule de cristal. Je l'ai élaborée, avec un regard approfondi sur les faits et sur le terrain, grâce à ma compréhension de la mentalité des décideurs qui tiennent l’avenir de leurs pays et de leurs peuples entre leurs mains. Nous nous souvenons tous qu’à la suite de la folle agression commise par l’armée de l’air turque contre le bombardier russe Su-24 dans l’espace aérien syrien, le 24 novembre 2015, suivi par l’assassinat du pilote russe par les gangs ultranationalistes turkmènes (soutenus par Ankara) toujours sur le territoire syrien, la planète a retenu son souffle, attendant la vengeance de « l’ours » blessé.

© Sputnik . Alexandre Vilf / Accéder à la base multimédiaProtestation à Moscou contre les actions des Forces aériennes de la Turquie
Protestation à Moscou contre les actions des Forces aériennes de la Turquie - Sputnik Afrique
Protestation à Moscou contre les actions des Forces aériennes de la Turquie

À l’époque, je précisais dans mes interventions sur les chaînes d’information égyptiennes que cette confrontation, bien que probable et certainement dévastatrice pour l’avenir de l’État turc, ne se déclencherait pas dans l’immédiat. D’un côté, comme l’a affirmé le président russe Vladimir Poutine durant son allocution sur l’état du pays le 3 décembre 2015, c'est une folie. Évoquant les dirigeants turcs, celui-ci a déclaré: « Allah les a privés de la santé mentale… ». D'après le leader russe, Allah aurait maudit les dirigeants turcs en les privant de leur bon sens, seule explication à leur folie. D’un autre côté, c’est un casus belli, « un cas de guerre », comme l’a aussi confirmé le premier ministre russe, Dimitri Medvedev, le 9 décembre 2015.

Aujourd’hui, je peux affirmer que les Russes savent exactement ce qu’ils vont faire, comment et surtout quand. Quant à l’OTAN, c’est la dernière des préoccupations de Moscou, et justement là que réside la folie des Turcs et de leur dictateur, qui ont agi sans calculer les conséquences de leurs actes. L’essentiel à retenir est que la Turquie paiera le prix fort, mais aussi que la crise syrienne ne provoquera pas nécessairement son « jour du jugement » pour Ankara.

Sous la dictature d’Erdogan, la Turquie commettra d’autres folies et se lancera dans d'autres aventures mal calculées, qui entraîneront des conséquences « géopolitiquement fatales » pour Ankara. Ce genre de folie pourrait être une agression contre un pays voisin, comme la Grèce, dans le cadre des litiges relatifs à l’espace maritime de la mer Égée. Contre la Syrie, dans le cadre d’une incursion terrestre massive. Ou encore contre Chypre, afin de s'approprier les ressources gazières méditerranéennes. Toutes ces agressions, si elles devaient bientôt survenir, fourniraient un prétexte à la Russie pour régler ses comptes à la Turquie une bonne fois pour toutes.

Les erreurs d’aujourd’hui condamneront demain la Turquie à revivre un épisode similaire à la défaite écrasante subie contre la Russie en 1853 et en 1878, et qui a presque libéré Constantinople, occupée et islamisée depuis 1453 sous le nom d’Istanbul. Lorsque j’évoque la décomposition géographique de la Turquie, je parle d’un partage entre États, comme la Grèce orthodoxe qui rêve de libérer Constantinople et Haghia Sophia, ou l’Arménie, qui rêve de libérer le Mont sacré Ararat, et entre une ethnie comme les Kurdes, qui rêvent de constituer leur propre État indépendant.

En ce qui concerne l’OTAN et sa mission de défendre son pays membre qu'est la Turquie, soyons réalistes et reconnaissons que ladite organisation n’est plus qu’un lion de papier, une façade de la force américaine. L’OTAN, en effet, a prévenu les Turcs haut et fort qu'il ne fallait pas compter sur l’alliance à l'occasion d’un éventuel conflit avec la Russie1. D’une part, il faut comprendre que la fragilité économique et militaire de la plupart des membres européens de l’organisation transatlantique ne leur permet pas de se mobiliser en faveur d’une Turquie islamiste, haineuse envers la civilisation européenne. Erdogan a d'ailleurs manifesté, à plusieurs reprises, son mépris des Européens en favorisant l'inondation de l’Europe « chrétienne » par les réfugiés « musulmans », selon sa conception fanatique et expansionniste. D’autre part, les seules véritables forces militaires et économiques au sein de l’OTAN sont les États-Unis et le Royaume-Uni, deux nations qui ne sont cependant pas prêtes à s’engager dans un conflit militaire direct contre une superpuissance comme la Russie. L’Occident ne souhaite pas répéter l'erreur qui a consisté à soutenir Mikheil Saakashvili, cet ancien président géorgien qui a fait preuve d’un énorme crétinisme géopolitique dans la gestion du conflit avec Moscou en 2008. Or, Erdogan ne dépasse pas le degré d’intelligence de Saakashvili; au contraire, il est encore plus bête et arrogant que lui. Voilà, à mon sens, ce qui se passe dans la tête de Recep Tayyep Erdogan. Dernier Ottoman, il se prend pour le Sultan Mehmet II, qui a envahi Constantinople en 1453, deuxième Rome et capitale orientale de la Chrétienté. Le dictateur turc imagine que l’inondation de l’Europe par les migrants musulmans se poursuivra par l’invasion pacifique du Vatican, extrêmement affaibli, et qu’à la fin, la puissante Russie, « troisième Rome » assiégée, s’agenouillera devant le trône du nouveau Sultan. Mais la réalité est qu’Erdogan suit plutôt le destin du Sultan Mohamed XII, dernier souverain musulman de l’Andalousie et renversé en 1492, au terme de la Reconquista, après 700 ans d'occupation musulmane… A suivre…

 

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